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TROMPETTE


Exod., xix, 16 ; Ps. lxxxviii (lxxxvii), 6 ; II Sam., vi, 16. Les joueurs de trompettes sont les mahseserim [mafrsôsërtm). I Par., xv, 24 ; II Par., v, 13.

Le texte cité des Nombres suppose un instrument connu, sinon le législateur en décrirait la forme, les dimensions, la matière, comme il le fait pour les autres objets du mobilier sacré ; la trompette du tabernacle doit être l’instrument qui figure sur les monuments égyptiens. D’ailleurs, les Hébreux emportaient d’Egypte des vases et objets de métal précieux. Exod., xii, 35. De plus, il est vraisemblable que. l’Assyrie fut aussi tributaire de l’Egypte pour la trompette, alors que les Grecs, puis les Romains, la reçurentdes Pélasges Tyrrhéniens, qui la tenaient des mêmes Égyptiens.

Au surplus, la description que donne Josèphe de la trompette du Temple est pleinement confirmée par les représentations monumentales. « La trompette, appelée àffiicrpa, est une trompette droite de forme cylindrique, en métal, longue de moins d’une coudée (la coudée commune en Asie Mineure était de m 49 ; la coudée égyptienne avait m 52 et la coudée grecque, m 44. Voir Coudée, t. ii, col. 1062). Son diamètre était à peu près celui d’une grosse flûte syringe. Elle était munie d’une embouchure et terminée par un pavillon, zwSmva, plus « K-Sr’WtWP’i’ssia 1

526. — Trompette égyptienne. Musée du Louvre.

ou moins évasé. » Ant. jud., III, xi, 6. Les trompettes égyptiennes sont généralement courtes, comme l’est encore la trompette abyssinienne. Il en est figuré de semblables sur les monnaies des Machabées et des Hérodes. Toutefois, les trompettes de l’arc de Titus sont deux tubes coniques allongés. Il y eut des trompettes métalliques recourbées ; enfin on possède des représentations de trompettes droites dont le tuyau est renflé à son milieu. Mais les types de fabrication ont peu changé. Entre les spécimens égyptiens et assyriens, les différences sont peu considérables. Cependant, en variant la matière et les dimensions de leurs trompettes, les Grecs obtinrent une famille d’instruments presque aussi étendue que celle des flûtes. Voir Flûte, t. ii, col. 2292.

La matière de ces instruments était le cuivre, le bronze ou l’argent. Les deux trompettes mosaïques furent faites d’argent massif, battu au marteau, qéséf miqêâh, Num., x, 2 ; cf. II (IV) Reg., xii, 14 (13), soit par honneur pour le service sacré, soit pour obtenir une plus belle sonorité. On ne peut déterminer si les trompettes employées hors du culte liturgique, par exemple dans Osée, v, 8, étaient de cuivre, à la façon de celles des Égyptiens et des Assyriens. Le métal était réduit en lames et travaillé au marteau, suivant un procédé de fabrication encore appliqué en Europe, au moyen âge.

La trompette égyptienne du Musée du Louvre (fig. 526) est peut-être le seul spécimen conservé en Europe. Elle est en bronze doré et mesure m 54, deux centimètres seulement de plus que la coudée égyptienne. Eprouvée par V. Loret, L’Egypte au temps des Pharaons, Paris, 1889, p. 137, 138, cette trompette a donné la série d’harmoniques :

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Dépourvues de clefs et de soupapes, les trompettes anciennes, forcément incomplètes au point de vue mélodique, ne pouvaient avoir dans le concert instrumental le même usage que les flûtes et haubois, et surtout que les instruments à cordes, dont les séries de sons pouvaient être complètes pour chacune des diverses gammes ou modes musicaux. C’est pourquoi, en dehors de son emploi comme signal, nous voyons que la trompette se joint aux instruments de percussion (fig. 527). I Esd., iii, 10. Voir I Par., xvi, 42. Elle concerte aussi avec le Sôfâr. Ps. xcvm (xcvn), 6 ; Ose., v, 8. Dans la fête du transport de l’Arche, les trompettes, les cymbales et les tambourins figurent avec les harpes, les nables et le chœur des chanteurs. I Par., xiii, 8 ; xv, 24, 28. Banaïas et Jaziel, prêtres, sont investis de la fonction de joueurs de trompettes devant l’Arche. I Par., xvi, 6.

527. — Trompette et tambour égyptiens. D’après Wilkinson, Manners, 1. 1, p. 456, fig. 224.

II. Usage de la trompette dans la Bible. — Les trompettes du Tabernacle sont destinées à convoquer le peuple, Num., x, 2, à annoncer les néoménies, les fêtes, jr. 10. Ce sont les fils d’Aaron, les prêtres, qui sonnent de la trompette dans les cérémonies religieuses. Num., x, 8. Cf. I Par., xv, 24, 28 ; xvi, 6 ; II Par., vii, 6 ; xm, 14 ; II Par., xxix, 28 ; I Esd., iii, 10 ; II Esd., xii, 41. La trompette sert aussi pour annoncer la guerre, Num., x, 9 ; Ezech., vii, 14 ; I Mach., iv, 40 ; v, 31, 34 ; xvi, 8 ; Ose., v, 8 ; mais ce sont les prêtres qui la font entendre. Num., xxxi, 6. On la trouve dans les solennités, par exemple au couronnement de Joas. II (IV) Reg., ii, 14 ; II Par., xxiii, 13. Comme instrument sacerdotal, la trompette faisait partie du mobilier sacré. Il(IV)Reg., su, 14 ; II Par., xiii, 12 ; xxix, 26 ; I Esd., iii, 10. Même après l’introduction des instruments de musique dans la liturgie hébraïque, la trompette conserva son emploi sacré. Elle accompagnait l’offrande des sacrifices, Num., x, 10, à part des chants et du jeu des autres instruments. Dans le second temple, les deux prêtres trompettes se tenaient, avec les joueurs de cymbales, à droite et à gauche de l’autel des holocaustes, à distance des chanteurs. Leur sonnerie n’accompagnait pas le chant, mais pouvait seulement, comme les instruments de percussion, précéder, couper ou suivre l’exécution des cantiques anciens, tels que ceux de l’Exode et du Deutéronome. Les trompettes avaient en outre un rôle semblable à celui de nos cloches d’église. On s’en servait dans le second temple pour annoncer chaque matin l’ouverture des portes, par une triple sonnerie,