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PHÉNICIE


nom Phœnicia et cette forme a prévalu parmi les modernes, mais elle ne se trouve pas dans l'Écriture. Ce nom ne se lit que dans les livres écrits en grec, puisqu’il est d’origine grecque, c’est-à-dire dans le second livre des Machabées, iii, 5, 8 ; iv, 4, 22 ; viii, 8 ; x, 11, et dans les Actes, xi, 19 ; xv, 3 ; xxi, 2 ; xxvii, 12 : « Êoivnai etPhœnice. Saint Marc, vii, 26, mentionne une Syro-phénicienne Evpotpofvtffda, Syrophœnissa.

2° L’Ancien Testament, en dehors de II Mach., ne désigne pas autrement la Phénicie que par le nom général de terre de Chanaan. Gen., x, 19 ; Is, , xxiii, 11 ; Abd., 20. Cf. Matth., xv, 22, appelant « Chananéenne » la femme que saint Marc, vii, 26, appela Syro-phénicienne, et les Septante rendant (quelquefois à tort), Jos., v, 12, la locution « terre de Chanaan » par ? ! $oivîxt] ou t( -/wpa twv $otvi’xwv. Exod., xvi, 3, 5 ; Jos., v, 1 ; Is., xxiii, 2 ; Job, XL, 15 (30). Cf. Deut., iii, 9. Voir Chanaan 2, t. ii, col. 537. Mais il faut observer que ce nom de Chanaan n’est pas réservé seulement à la Phénicie ; il est plus étendu et s’applique à des territoires et à des peuples qui n'étaient pas phéniciens. L’absence d’un nom général pour la Phénicie provient de ce que les cités phéniciennes étaient indépendantes les unes des autres et n'étaient unies par aucun lien politique. La table ethnographique de la Genèse, x, 15 44. — Monnaie de Laodicée du Liban. Tête diadémée et radiée d’Antiochus, à droite. — R). BAEIAEQ5

ANTioxor. Zjo/, 44 fi &> &'W%-i'-i' Neptune, debout, de face, drapé aux trois quarte dans sa chlamyde, tenant une patère de la main droite et le trident de la main gauche. Dans le champ à gauche, A. À (pour Laodicée) ; à droite, un monogramme.

18, énumère séparément Sidon, l’Aracéen, l’Aradien, le Samaréen, et les écrivains hébreux ne désignent jamais les Phéniciens par un nom ethnique spécial, mais par les noms des villes auxquelles ils appartiennent : les gens de Sidon, les gens de Tyr, I Esd., iii, 7 ; les Giblites, III Reg., v, 18 ; les gens d’Arad, Ezech., xxvii, 11 ; les Aracéens, les Sinéens, les Samaréens, Gen., x, 17, 18 ; les habitants d’Acho, d’Achzib et d’Aphec. Jud., i, 31. En englobant d’ailleurs la Phénicie dans la terre de Chanaan, les écrivains hébreux parlaient comme les Phéniciens eux-mêmes. Une monnaie de Laodicée du Liban (fig. 44), frappée au nom d’Antiochus IV Épiphane, nous montre que, à cette époque encore (175164 avant J.-C), on donnait au pays le nom de Chanaan. On y lit en effet ^yjsa ™ xs-mbb, « De Laodicée, mère (métropole) de Chanaan. » Gesenius, Phœnicise monumenta, t. ii, p. 267. Etienne de Byzance, De urbibus, édit. Dindorf, Leipzig, 1835, t. i, p. 464, dit formellement ; Xvà, ovtok ? ; "foivi’xï] ÊxaXeïTo. Cf. la citation de Philon de Byblbs dans Eusèbe, Prmp. evang., i, 10, t. xxi, col. 84 : 'ASeXço ; Xvà toû rcptito-j u.tTovop.acr9ÉVTOc <&ocvixo ; . Chna est une forme apocopée de Chanaan. Dans le papyrus Harris, i, 9, lig. 1 et suiv., la Phénicie est appelée aussi Kanaan. Voir W. M. Mùller, Asien und Europa, 1893, p. 181. Saint Augustin nous apprend que de son temps les paysans carthaginois, en latin, Pœni, dénomination qui n’est pas différente de Phœnices, s’appelaient eux-mêmes Chanani : Interrogati rustici nostri quid sinl, dit-il, In Rom, inch. Expos., 13, t. xxxv, col. 2096, punice respondentes

Chanani… Cf. Gesenius, ' Thésaurus, p. 696 ; Schrôder, Die phônizische Sprache, in-8°, Halle, 1869, p. 6 (et les citations, ibid.). Sur le nom Chanaan-Phénicie, voir W. M. Mùller, Asien und Europa, p. 205-208. Le nom géographique de Chanaan ne désigne pas directement le peuple qui habitait sur la côte, mais le pays lui-même d’après son caractère physique. Chanaan signifie « le pays bas », qui longeait la Méditerranée, par opposition au pays haut, Aram ou la Syrie, formée par les montagnes qui s'élevaient à l’ouest. Cur dicta sit terra Chanaan interpretatio hujus nominis aperit. Chanaan quippe interpretatur Humilis, dit saint Augustin, Enarr. in Ps. cir, 7, t. xxxvii, col. 1394.

3° L'étymologie du mot grec d>oîvi£ est controversée. Le nom de la Phénicie paraît tiré, d’après les uns, du nom de ses habitants. Les Grecs les appelèrent djoïvixeç, d’où les Latins tirèrent Phœnices et Pœni, à cause de la couleur rouge-brun de leur peau (çoivôj). R. Pietschmann, Geschichte der Phônizier, Berlin, 1889, p. 13. D’après d’autres, les Hellènes antérieurs à Homère donnèrent au pays situé à l’ouest du Liban le nom de « Êoivtxr], parce que ce qui les frappa le plus, quand ils le visitèrent, ce fut le palmier qui y est indigène et élève sa couronne de palmes au-dessus de l’olivier, du

45. — Monnaie de Tyr.

Tête diadémée d’Antiochus IV, adroite. ANTioxor. Un palmier.

R). BAEIAEflE

figuier et du grenadier ; Phénicie veut dire le pays des palmiers, <poïvi ? signifiant « palmier » en grec. G. Rawlinson, History of Phœnicia, 1889, p. 1. Cet arbre figure sur des monnaies de Tyr (fig. 45) et de plusieurs autres villes phéniciennes. Babelon, Les rois de Syrie, Paris, 1890, p. xcix, 75 (n° 577, 578), pi. xiii, n » 12. Voir, pour d’autres monnaies phéniciennes reproduisant le palmier, Schrôder, Phônizische Sprache, pi. xviii, fig. 11, 12, 14.

II. Origine des Phéniciens. — La table ethnographique de la Genèse, x, 15-18, fait descendre les Phéniciens de Chanaan, fils de Noé. Elle énumère parmi les fils de Chanaan, Sidon, son premier-né, l’Aracéen, le Sinéen, l’Aradien et le Samaréen, c’est-à-dire que Sidon, Arca (voir Aracéen, t. i, col. 866), Arad ou Arvad et Simira, qui comptaient parmi les principales villes de Phénicie, furent fondées et habitées par les descendants de Chanaan. Sidon fut en effet tout d’abord la ville la plus florissante du pays, et Tyr, qui n’est pas nommée dans le Pentateuque et n’apparaît que dans le livre de Josué, xix, 29, n’acquit que plus tard la prééminence. Voir Tyr, Sidon.

On croit généralement que les Phéniciens ont émigré des bords du golfe Persique sur les rives de la Méditerranée environ 3000 ans avant notre ère. Hérodote, i, 1 ; vii, 89 ; Strabon, XVI, iii, 2 ; Justin, XVIII, m, 2. Ce dernier, abréviateur de Trajan Pompée, dit : te La nation syrienne fut fondée par les Phéniciens, qui étant troublés par un tremblement de terre, quittèrent leur pays d’origine et s'établirent d’abord sur les bords du lac Assyrien (probablement le Bahr Nedjif, dans le voisinage de Babylone) et puis sur les bords dé la Méditerranée, où ils bâtirent une ville qu’ils appelèrent Sidon, à cause de l’abondance du poisson, car les Phéniciens appellent le poisson sidon », Ces affirmations