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TRIBULATION — TRIBUNAL


émouvoir, I Thés., iii, 3, comme ceux qui se scandalisent de la tribulation, dès qu’elle apparaît, et en prennent prétexte pour abandonner la vie chrétienne. Matth., xiii, 21 ; Marc, iv, 17. On doit alors se comporter avec patience, Rom., xii, 12, et même avec confiance, car Jésus-Christ a vaincu le monde persécuteur, Joa., xvi, 33, et lui-même est si présent à ses serviteurs qu’il tient comme infligées à sa propre personne les persécutions dont ils ont à souffrir. Aussi dit-il à Saul, qui s’imaginait ne poursuivre que des disciples : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Act., ix, 4, 5. — La récompense des persécutés est assurée, déjà même en ce monde et surtout en l’autre. Matth., v, 11, 12 ; Marc., x, 30. Un jour le bonheur et la gloire seront assurés à « ceux qui viennent de la grande tribulation. » Apoc, vii, 14.

4° Les épreuves. — Les persécutions sont souvent des épreuves que Dieu permet pour rendre les justes meilleurs et plus méritants. Il y a d’autres épreuves qui résultent soit des conditions mêmes de la vie hnmaine, soit de l’intervention des esprits mauvais. Satan a été la cause des épreuves de Job, et sa malice a été excitée par la droiture et la piété du saint homme. Job, 1, 8. Il a voulu traiter de même les Apôtres. Luc., xxil, 31. Voir Satan, col. 1496. Mais la plupart des maux viennent à l’homme de l’infirmité de sa nature. « L’homme né de la femme vit peu de jours et il est rassasié de misères. » Job, xiv, 1. Il éprouve ici-bas « bien des détresses, bien des souffrances, d Ps. lxxi(lxx), 20. Les années de Phomme s’élèvent à soixante-dix ans et pour les plus forts à quatre-vingts, « et leur splendeur n’est que peine et misère. » Ps. xc (lxxxix), 10. « Tous ses jours ne sont que douleur, ses occupations que chagrins ; la nuit même, son cœur ne repose pas. » Eccle., Il, 23. Son bonheur n’est jamais complet : « même dans le rire, le cœur trouve la douleur, et la joie se termine par le deuil. » Prov., xiv, 13. Aussi Jacob disait-il au pharaon d’Egypte : « Les années de mon pèlerinage sont de cent trente ans : court et mauvais a été le temps des années de ma vie. » Gen., xlvii, 9. Saint Paul a laissé la longue énumération de toutes les tribulations par lesquelles passait un prédicateur de l’Évangile. II Cor., xi, 23-28. Les peines morales s’ajoutent d’ailleurs à toutes les autres. Même quand il veut le bien, l’homme se sent incapable de l’atteindre : « Je ne fais pas ce que je veux et je fais ce que je hais… Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. » Rom., vii, 15, 19. Il désire être délivré de ce corps de mort, Rom., vii, 24, et dit avec Job, vii, 2-3 :

Comme l’esclave soupire après l’ombre, Comme l’ouvrier attend son salaire. Ainsi j’ai eu en partage des mois de douleur, Pour mon lot, des nuits de souffrances.

Notre-Seigneur a voulu partager la condition de l’homme et connaître par expérience la pauvreté, la faim, la soif, la fatigue, la souffrance et la mort, toutes nos infirmités, pour nous ressembler, hormis le péché. Hebr., iv, 15. Il a déclaré bienheureux ceux qui sont pauvres en esprit, ceux qui pleurent ou qui souffrent persécution. Matth., v, 3-10. Les tribulations de la terre ne sont donc que des maux relatifs dont il est possible de tirer un plus grand bien. — Tout d’abord, elles servent d’aiertissement à l’homme, pour le détourner du mal « et le retirer de l’orgueil, afin de sauver son âme de la mort. » Job, xxxiii, 17, 18. Ensuite, elles contribuent à l’expiation de ses péchés. Voir Pénitence, col. 39-40 ; Satisfaction, col. 1496. Enfin, acceptées avec soumission et courage, elles méritent la récompense éternelle. Matth., v, 12 ; Luc, vi, 23. « Notre légère affliction du momentprésent produit pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. » II Cor., iv, 17.

Voir Tentation, col. 2283. — Dieu d’ailleurs n’abandonne pas ses serviteurs en hutte à la tribulation, Il vient en aide aux justes dans la détresse, Ps.xci(xc), 15 ; II Cor., i, 4, et il les en tire au moment opportun, Gen., xxv, 3 ; I Reg., x, 19 ; Tob., iii, 21 ; Ps. ix, 10 ; xxxii (xxxi), 7 ; xxxiv (xxxm), 5 ; cxxxviii (cxxxvil), 7 ; Eccli., iii, 17 ; 1s., xxxii, 2 ; Jer., xiv, 8, etc.

H. Lesêtre.

TRIBULE. Plusieurs exégètes identifient le tribulus de la Vulgate avec une espèce de zygophillée, soit le Tribulus terrestris, soit le Fagonia arabica. Peut-être faut-il y voir plutôt un nom générique de plante épineuse. De fait, il répond à plusieurs mots hébreux : dans Gen., iii, 18 ; Ose., x, 8, il traduit le mot dardar, « centaurée » (t. ii, col. 426). L’expression, Hebr., vi, 8, proferens spinas ac tribulos, est un souvenir de Genèse, m, 18, et doit avoir le même sens. Dans Job, xxxi, 40, tribulus est pris pour hoah, « chardon ». Dans Jud., viii, 7, 16, il traduit barqanim, « ronces ». C’est probablement dans ce dernier sens qu’il faut entendre le proverbe :

Cueille-t-on des raisins sur des épines

Ou des figues sur des ronces (de tribulis flous) 1 !

Matth., vil, 16.

car à la place de àxavBwv et TpîëoXwv, saint Luc donne àxavSûv et (Jâxou (la ronce).

Quant à Eccli., xlhi, 21, o-xoXôtiov axpa, cacumina tribulï, ï n’y a rien de semblable dans le texte hébreu retrouvé. Au lieu des extrémités d’épines que forme le givre en se congelant, l’hébreu porte qu’il produit des fleurs pareilles au saphir. F. Vigouroux, La sainte Bible polyglotte, t. v, p. 949. E. Levesque.

    1. TRIBUN##

TRIBUN (Septante : yù.ià.^yjn ; Vulgate : tribunus), officier supérieur exerçant un commandement dans la légion romaine. Voir Armées, t. i, col. 994. — Comme, à l’époque évangélique, la légion se composait de 6000 hommes et qu’au-dessous du commandant en chef, consul, préteur, légat, etc., elle comptait six tribuns militaires, on pouvait penser que chacun de ces derniers avait mille hommes directement sous ses ordres, d’où le nom grec de ^iXtdcpxo ?, « chef de mille ». Mais il n’en était pas ainsi et les tribuns exerçaient à tour de rôle le commandement sur toute la légion. — Un tribun commandait à Jérusalem la cohorte de l’Antonia. Joa., XVIII, 2. Au temps de saint Paul, le tribun Lysias protégea l’Apôtre contre les Juifs ameutés. Act., xxi, 31-xxin, 30. Voir Lysias, t. iv, col. 458. — Par analogie, la Vulgate donne le nom de « tribuns » aux èdrê’alafîm, « chefs de mille », établis par Moïse, Exod., xviii, 21 ; Num., xxxi, 14, 48, 52 ; Deut., i, 15, à des officiers royaux, I Reg., viii, 12 ; xvii, 18 ; xviii, 13 ; xxii, 7 ; II Reg., (xviii, 1, à des chefs militaires, I Mach., iii, 55 ; Apoc, vi, 15 ; xix, 19, et aux officiers d’Hérode

Antipas. Marc, vi, 21.

H. Lesêtre.
    1. TRIBUNAL##

TRIBUNAL (hébreu : kissê’; Septante : (Sïma), lieu où siège celui qui rend la justice. — Salomon s’était bâti un portique du trône, où il rendait la justice, et un portique du jugement. III Reg., vii, 7. À Jérusalem se trouvaient les tribunaux où l’on rendait les jugements dansles affaires plus importantes. Ps. cxxii (cxxi), 5. Voir Jugement, t. iii, col. 1843. — Il est parlé des tribunaux du gouverneur perse, à Jérusalem, II Esd., iii, 7, de Lysias, ministre syrien, à Ptolémaîde, II Mach., xiii, 26, de Pilate, à Jérusalem, Matth., xxvii, 19 ; Joa., xix, 13, de Gailion, à Corinthe, Act., xviii, 12-17, et de Festusà Césarée, Act., xxv, 6-17. Le tribunal romain se composait ordinairement d’une estrade sur laquelle on plaçait le siège du juge (fig. 522). Cette estrade occupait le fond de la basilique, où l’on se réunissait pour les jugements, ou se dressait en vue de la foule, quand la sentence devait