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TRÉSOR — TRIBULATION

3. Les biens de l’âme. — Trouver un ami fidèle, c’est trouver un trésor. Eccli., vi, 14. Le Tout-Puissant est le trésor du juste. Job., xxii, 25. Les chrétiens ont reçu la grâce de l’Évangile, mais ils portent ce trésor dans des vases de terre, c’est-à-dire dans une nature fragile, afin que la puissance de Dieu paraisse davantage. II Cor., iv, 7. Ceux qui sacrifient les biens du temps s’acquièrent un trésor dans le ciel. Matth., xix, 21 ; Marc, x, 21 ; Luc, xii, 33, 34 ; xviii, 22. —4. Les secrets divins. — Ils sont dans les trésors de Dieu. Deut., xxxii, 34.

TRÉSORIER (hébreu : gizbâr ; chaldéen : gedâbrîn ; Septante : οἰκονόμος ; Vulgate : custos arcæ publicæ, arcarius), préposé à la garde du trésor. — Dès l’organisation de la royauté israélite, il y eut des fonctionnaires chargés de veiller sur le trésor du roi. David choisit Asmoth, fils d’Adiel, pour trésorier, ʿal-ʾoṣrôṭ, ἐπὶ τῶν θησαυρῶν, super thesauros. Jonathan, fils d’Ozias, remplissait la même fonction pour les trésors des champs, c’est-à-dire pour les redevances en nature qui se convertissaient en argent à travers tout le pays. I Par., xxvii, 25. Salomon eut des intendants et des préposés aux impôts qui remplissaient équivalemment les fonctions de trésoriers. III Reg., IV, 2-7. — Des lévites avaient la surveillance des trésors du Temple. I Par., ix, 26 ; xxvi, 20, 22, 26, sous l’autorité d’un intendant en chef des trésors. I Par., xxvi, 24. — À la cour de Nabuchodonosor, il y avait des trésoriers, gedâbrîn, que les versions appellent τυράννοι, tyranni. Dan., ra, 2, 3. — Assuérus avait des fonctionnaires préposés au trésor. Esth., iii, 9. — Artaxerxès employait aussi des gizzabrin, gardiens du trésor. 1 Esd., vii, 21.

— Un eunuque éthiopien était le trésorier de la reine Candace, ἐπὶ πάσης τῆς γάζςαὐτῆς, super omnes gazas ejus. Act., viii, 27. — Saint Paul transmet aux Romains le salut d’Éraste, trésorier de la ville d’où il écrit. Rom., xvi, 23.


TRIBU (hébreu : šébét ; Septante : φυλή ; Vulgate : tribus), groupe de familles descendant de chacun des douze fils de Jacob. La division en tribus était fréquente parmi les Orientaux et elle existe encore chez les Arabes modernes. Les tribus d’Israël, au nombre de douze, sont énumérées dans la Genèse, xlix : 1. Ruben ; 2. Siméon ; 3. Lévi ; 4. Juda ; 5. Zabulon ; 6. Issachar ; 1. Dan ; 8. Gad ; 9. Aser ; 10. Nephthali ; 11. Joseph, dont la descendance se divisa en deux tribus, Éphraïm et Manassé ; 12. Benjamin. Voir ces noms. La tribu de Lévi, consacrée au service de Dieu, ne reçut point de territoire spécial après la conquête de la Terre Promise mais seulement des villes pour y habiter, en sorte que la Palestine ne fut partagée qu’en douze portions, quoique la division de la postérité de Joseph en deux portât le nombre des tribus à treize. De même, la vocation de saint Paul à l’apostolat porta plus tard le nombre des Apôtres à treize. — Les Ismaélites, descendants d’Abraham par Ismaël, comptèrent aussi douze tribus. Gen., xxv, 13-15.— D’après Xénophon, Cyrop., 1, 3, 4, les Perses étaient également partagés en tribus. — La distinction des tribus d’Israël s’est perdue peu à peu depuis la ruine de Jérusalem. Voir J. M. Jost, Allgemeine Geschichte des Isrælitischen Volkes, Berlin, 1832, t. i, p. 407 sq.


TRIBULATION, tout ce qui est de nature à faire souffrir l’homme dans son corps ou dans son âme.

I. Ses différents noms. — L’hébreu a une très grande variété de termes pour désigner les différents maux dont l’homme peut souffrir : ’êd, απωλεία, perditio, Job, XXI, 30, κακώσις, afflictio, Ps. xviii (xvii), 19, la calamité ; —’âvén, ὀδύνη, dolor, Job, xv, 35 ; ἀνομία, iniquitas, Ps. lv (liv), 4 ; πόνος, dolor, Ps. XC ^lxxxix), 10 ; κακόν, malum, Prov., xxii, 8 ; πένθος, Ose., ix, 4 ; κόπος, iniquitas, Hab., iii, 7, la douleur ; — hovâh, ταλαιπωρία, calamitas, Is., xlvii, 11 ; conturbatio, Ezech., vii, 26, le malheur ; — havvâh, ἀνομία, iniquitas, Ps. lvii (lvi), 2, le malheur ; — ḥarṣob, Ps. lxxiii, 4, la douleur ; — ḥêtʾ, ἀμαρτία, peccatum, Lam., iii, 39, 1a peine du péché ; — ḥaattâ’âh, ἀνομία, peccatum, Is., v, 18, la peine du péché ; — ḥôlî, ἀῥῤωστία, miseria, Eccle., VI, 2, le grand malheur ; — ke’ib, πληγή, τραῦμα, dolor, Job, II, 13 ; xvi, 7, la douleur ; — mak’ôb, κακώσις, afflictio, Exod., iii, 7 ; μαλακία, dolor, Job, xxxiil, 19 ; μάστιξ, flagellum, Ps. xxxii (xxxi), 10 ; πληγή, dolor, Is., lui, 3 ; Lam., i, 12, la souffrance ; — massâh, pœna, Job, ix, 23, l’épreuve ; — ma’ăṣêbâh, λυπή, dolor, Is., L, 11, la douleur ; môṣaq, στενοχωρία, angustia, Is., VIII, 22, la détresse ; — mâṣôq, θλίψις, angustia, Ps. cxix (cxviii), 143 ; πολιορϰία, angustia, Jer., xix, 9, 1’angoisse ; — meṣûqâh, θλίψις, angustia, Job, xv, 24, l’angoisse ; — mâṣôr, στενοχωρία, angustia, Deut., xxviii, 53, la détresse ; — mêṣar, θλίψις, tribulatio, Ps. cxviii (cxvii), 5 ; Lam., I, 3, la tribulation ; — murdâf, πληγή, persequens, Is., xiv, 6, la persécution ; — mârûd, διωγμος, transgrestio, Lam., iii, 19, la souffrance ; —’âmâl, κόπος, labor, Ps. xc (lxxxix), 10, la peine ; —’âsqâh, ὀδύνη, vis, Is., xxxviii, 14, la violence ; —’âôn, πτωχεία, paupertas, Ps. xxxi (xxx), 11, la douleur ; — ’ënûṭ, δεήσις, deprecatio, Ps. xxii (xxi), 25, la souffrance ; —’ônî, ταπείνωσις, afflictio, Gen., xvi, 11 ; κακώσις, afflictio, Deut., xvi, 3 ; ὀδύνη, luctus, Prov., xxxi, 5, la douleur ; cf. Gen., xxxv, 18 ; voir Benoni, t. i, col. 1603 ; —’iṣṣâbôn, λύπη, ærumna, Gen., iii, 16, la souffrance de l’enfantement ; voir Enfantement, t. ii, col. 1792 ; — ’aṣṣébéṭ, συντρίμμα, contritio, Ps. cxlvii (cxlvi), 3, la blessure ; — ’êṣéb, λύπη, dolor, Gen., III, 16, les douleurs de l’enfantement ; — pîd, πτώμα, ruina, Job, xxxi, 29 ; ruina, Prov., xxiv, 22, le malheur ; — sôq, angustia, Dan., ix, 25, le malheur ; — sôqâh, στενοχωρία, angustia, Is., xxx, 6, l’angoisse ; —sar, ἀνάγκη, θλίψις, tribulatio, Ps. lv, 2 ; xviii (xvii), 7 ; cvi (cv), 44, la détresse ; — sârâh, θλίψις, angustia, tribulatio, Gen., xlii, 21 ; Ps. cxx (cxix), 1 ; Is., xxx, 6 ; ἀπωρία, tribulatio, Is., viii, 22, l’angoisse ; — râ’âh, κακόν, malum, Gen., xix, 19 ; xxvi, 29 ; xliv, 4 ; III Reg., ii, 44, le mal qu’on fait à un autre ; — šâv’, ὀδύνη, labor, Job, vu, 3 ; Is., xxx, 28, la souffrance ; — šoʿâh, ἀπώλεια, miseria, Is., xlvii, 11 ; Ps., lxiii(lxii), 10, le malheur ;

ṭô’âh, ἀφανῆ, insidiæ, II Esd., iv, 8, le mal fait à une ville. — On rencontre quelquefois plusieurs de ces termes dans le même verset, Prov., i, 27 : ’êd, καταστροφή, interitus ; sârâh, θλίψις, tribulatio ; sôq, πολιορϰία, angustia ; Is., xlvii, 11 : râ’âh, ἀπώλεια, malum ; hovâh, ταλαιπωρία, calamitas ; šoʿâh, ἀπώλεια, miseria, etc. Voir Deuil, t. ii, col. 1396 ; Mal, Maladie, t. iv, col. 600, 611 ; Plaie, Ruine, Souffrance, Tourment, t. v, col. 450 ; 1268, 1855, 2294.

II. Ses différentes espèces. — 1° Ses causes. — Les tribulations ont pour cause première Dieu, qui les envoie ou qui les permet. Il les envoie pour châtier les hommes en particulier ou les nations, il les permet pour éprouver, améliorer ou convertir les âmes. Il se sert dans ce but du démon, à la malice duquel il fixe des limites, des hommes, qui se font persécuteurs de leurs semblables, ou des forces de la nature, qui peuvent constituer en certaines circonstances des fléaux généraux ou particuliers. L’homme est naturellement sensible à tous ces genres de tribulations. Après le péché, beaucoup de maux ont été déchaînés contre l’homme, Gen., iii, 16-19, qui a grand’peine à se défendre contre eux, n’y réussit pas toujours et finit par succomber à la mort. Les tribulations ont donc des causes variées et elles produisent des effets différents, qui permettent de les classer en plusieurs catégories. 2° Les châtiments. — Le mal enfante le malheur.