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TRADITION — TRAITRE


aux pharisiens, d’une manière générale, la remarque d’Isaïe, xxix, 13, au sujet d’un peuple qui a l’hommage sur les lèvres, mais dont le cœur est loin de Dieu. Il leur reprocha leurs vaines observances, qui n’avaient d’appui que sur des doctrines et des prescriptions humaines. Puis, allant plus avant, il les accusa de substituer ces traditions aux commandements de Dieu, tl leur en cita un exemple frappant et qui indignait justement le peuple. La loi ordonnait d’honorer et, par conséquent, d’assister ses père et mère ; les pharisiens prétendaient que le don fait au Temple équivalait à l’assistance prêtée aux parents et en dispensait. Notre-Seigneur conclut en disant : « Vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous vous transmettez, et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. » Et il se mita instruire le peuple sur la nécessité de la pureté intérieure et l’inutilité des purifications d’origine pharisaïque. Matth., xv, 1-20 ; Marc, vu, 1-23. La plupart des discussions qu’il eut avec les pharisiens et les scribes furent occasionnées par le peu de cas qu’il faisait de leurs traditions. — Saint Etienne fut accusé d’avoir prétendu que Jésus de Nazareth devait détruire le Temple et changer les traditions, d’après le grec : les coutumes transmises par Moïse. Act., vi, 14. Les traditions peuvent comprendre ici etles véritables institutions mosaïques, et lesrèglesposées par les docteurs, en vertu de l’autorité qu’ils prétendaient tenir de Moïse. Matth., xxiii, 2. Saint Paul, avant sa conversion, fut un fervent adepte des traditions pharisiennes. Gal., i, 14. Il prémunit les Colossiens contre les traditions humaines opposées à la doctrine de Jésus-Christ, de quelque origine qu’elles soient. Col., ii, 8. Saint Pierre rappelle aux chrétiens venus du judaïsme que la rédemption les a soustraits au régime de la tradition de leurs pères. I Pet., i, 18.

2° Tradition chrétienne. — Elle n’est pas, comme la tradition juive, le résultat des opinions des docteurs antérieurs, mais la transmission de l’enseignement même de Jésus-Christ, passant par la bouche des pasteurs de l’Église, autorisés et recevant grâce pour le conserver intégralement. Le Sauveur a confié sa doctrine aux Apôtres, en leur prescrivant de l’enseigner à toutes les nations, par conséquent de la transmettre oralement. Matth., xxviii, 19, 20. Cette doctrine comprenait tout ce que Jésus-Christ avait mission de faire connaître aux hommes : « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. « Joa., xv, 15. Saint Paul appelle cet ensemble doctrinal un « dépôt », qui doit être transmis intact par ceux auquel il est confié. I Tim., vi, 20 ; II Tim., i, 14. C’est l’Évangile qu’il prêchait parmi les Gentils, le même que Pierre et les autres apôtres prêchaient parmi les Juifs. Gal., ii, 2, 7-9. Lui-même faisait profession expresse de l’avoir reçu. Il tenait du Seigneur ce qu’il enseignait sur l’eucharistie. I Cor., xi, 23. Il avait également appris ce qui concernait la rédemption. I Cor., xv, 3. Il adresse à son disciple cette recommandation : « Les enseignements que tu as reçus de moi, en présence de nombreux témoins, confie-les à des hommes sûrs qui soient capables d’en instruire les autres. » II Tim., ii, 2. C’est tout le mécanisme de la tradition, reçue par l’Apôtre, enseignée à de nombreux auditeurs, parmi lesquels un pasteur, Timothée, est spécialement chargé de la conserver intacte, pour la transmettre à des pasteurs qui auront le même soin et les mêmes devoirs que lui, et qui la transmettront à leur tour. De leur côté, les fidèles ont l’obligation de s’en tenir à cet enseignement traditionnel : « Gardez les traditions que vous avez apprises, soit oralement, soitpar notre lettre. s II Thess., ii, 14. Ils doivent retenir la doctrine telle qu’elle leur a été annoncée, autrement leur foi est vaine. I Cor., xv, 2. C’est ce que font les vrais fidèles. L’Apôtre les en félicite : « Je vous loue de ce que…

vous retenez mes instructions telles que je vous les ai données. » I Cor., xi, 2. « Grâces soient rendues à Dieu de ce que… vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été enseignée. » Rom., vi, 17. Saint Jude, 3, exhorte les chrétiens à « combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. » Il y a donc là un système d’enseignement très formellement arrêté, dont l’usage a commencé dès la Pentecôte, antérieurement à celui des Écritures du Nouveau Testament, et qui n’a fait que continuer le procédé purement oral dont s’était servi Jésus-Christ pour la prédication de son Évangile. La tradition est ainsi le canal le plus ordinaire par lequel tout l’enseignement de la foi arrive aux hommes. Les Écritures du Nouveau Testament sont d’un emploi postérieur, elles ne contiennent pas tout le dépôt de la foi et leur usage n’est pas essentiel, puisque, pendant bien des années, il. y a eu des disciples de Jésus-Christ, sans qu’aucune partie de son enseignement eût encore été mise par écrit. — Cf. P. Batiffol, L’Église naissante et le catholicisme, Paris, 1909, p. 146-156, 195-260, 317-337.

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TRADUCTIONS DE LA SAINTE ÉCRITURE.

VoirSEPTANTE.VuLGATE, COPTES, ÉTHIOPIENNE, GRECQUES, LATINES, SYRIAQUES, FRANÇAISES.ALLEMANDES, ANGLAISES, ESPAGNOLES, SLAVES (VERSIONS), etC. TRAGÉLAPHE (hébreu : ’Aqqô ; Septante : xpayè-Xaçoç ; Vulgate : tragelaphus), un des animaux purs que la Loi permettait aax Juifs de manger. Deut., xiv, 5. Sur l’identification de l’animal désigné par ce nom, voir Chevreuil, t. ii, col. 697.

    1. TRAIT##

TRAIT (hébreu : massd’, nêség, êukkdh, ziqôt ; Septante : péXo ; , TÔ$eu[ia, SitXa ; Vulgate : telum, arma), arme de jet, analogue à la flèche et au javelot. Voir Flèche, t. ii, col. 2285 ; Javelot, t. iii, col. 1148. Le trait était ordinairement une pièce de bois ayant la forme d’un bâton, bardée de fer ou munie d’une pointe de fer, comme le nêSéq barzél, uiSr, po ; , arma ferrea, Job, xx, 24, et capable d’être enflammée comme les ziqôf, fàl, flamma, Is., L, 11 ; $ir iteituptojisva, tela ignea. Eph., vi, 16. Les traits étaient lancés à la main ou à l’aide d’instruments. Voir Catapulte, t. ii, col. 346. — On s’armait de traits pour le combat, IV Reg., x, 2 ; Is., l, 11, et on en faisait provision en temps de paix. III Reg., x, 25. Ils traversaient l’air pendant la bataille, II Mach., v, 3, les assiégés les lançaient contre les agresseurs. II Sam. (Reg.), xi, 20 ; II Mach., xii, 27, et les combattants contre leurs adversaires. II Mach., x, 30. On fuyait devant eux, Job, xx, 24, et on se mettait la tête à l’abri pour ne pas les recevoir. Ps. cxl (cxxxix), 8. Les vainqueurs pouvaient faire du feu avec les traits de leurs ennemis. Ezech., xxxix, 10. Les traits enflammés étaient particulièrement redoutables, car ils mettaient le feu là où ils tombaient. Aux mains d’un furieux, ils pouvaient causer de grands dégâts. Prov., xxvi, 18. Ces traits étaient probablement pourvus de matières inflammables. Saint Paul veut que les chrétiens se garantissent avec le bouclier de la foi contre les traits enflammés de Satan. Eph., vi, 16. — Les traits sont impuissants à percer la peau du crocodile. Job, xl, 31 ; xli, 18.

H. Lesêtre.

TRAITÉ. Voir Allfance, t. i, col. 383-387.

    1. TRAITRE##

TRAITRE (grec : TtpoSôxm, itapa3t801j ;  ; Vulgate : traditor, proditor), celui qui trompe la confiance d’un autre et lui cause du mal au lieu du bien qu’il lui devait. — Caïn fut le premier traître, quand il entraîna son frère Abel aux champs et le tua. Gen., iv, 8. — Les fils de Jacob agirent en traîtres quand ils voulurent tuer leur frère Joseph et ensuite le vendirent à des Ismaélites.