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TRACHONITIDE — TRADITION


Bosra ». Cf. A. Neubauer, La géographie du Tàlmud, Paris, 1868, p. 19 ; H. Hildesheimer, Beitrâge zur Géographie Palàstînas, Berlin, 1886, p. 55-57. Enfin une inscriptipn de Musmiyéh, l’ancienne Phsena, dans le nord du Ledjah, appelle cette ville [Aï)Tpoxtû[i£a toO Tpâx w, ">C’Cf. Corpus inscriptionum grxcarum, n. 4551 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, 1901, t. i, p. 426. Ces indications nous conduisent au grand plateau volcanique qui s’étend au nord-ouest des montagnes du Hauran, et qu’on appelle le Ledjah. Voir la carte de la tribu de Manassé, t. iv, col. 647-648.

2° Description. — Le Ledjah est un des pays les plus singuliers que l’on puisse rencontrer. C’est une immense coulée de lave sortie des cratères de la montagne voisine, mais brisée de nfille façons, boursouflée comme la surface de l’eau de savon, sur laquelle on s’amuse à former des bulles. La comparaison est d’un voyageur qui a étudié cette contrée. Cf. G. Rey, Voyage dans le Haouran, Paris, s. d., p. 117. Le terrain est assez pierreux, avec un dédale de chemins difficiles et une foule de cavités qui ont de tout temps servi de & refuge » aux hommes, d’où le nom actuel de Ledjah. Il a cependant par-ci par-là un peu de terre cultivable. Pour plus de détails, voir Abgob. La description qu’en donne Josèphe est d’une exactitude frappante. Parlant du ramassis de pillards qui avaient choisi ce pays comme un repaire inexpugnable, d’où ils sortaient pour ravager les environs et surtout la campagne de Damas, il représente les obstacles qu’il y avait pour les mettre à la raison. N’ayant ni villes ni champs, ils se retiraient dans des cavernes, où ils vivaient en commun avec leurs troupeaux. Pour résister plus longtemps à une attaque, ils avaient soin de se faire d’avance des provisions d’eau et de froment. L’entrée de leurs demeures souterraines était très étroite, mais l’intérieur très vaste. Les sentiers qui y conduisaient, tortueux et malaisés, étaient impraticables sans guide. Il fallait un homme comme Hérode pour réduire des gens qui, ne pouvant plus dépouiller leurs voisins, se pillaient les uns les, autres. Ant. jud., XV, x, 1.

3° Histoire. — L’histoire de la Trachonitide ne commence guère qu’avec l’apparition du nom grec. Le pays était occupé par les Nabuthéens, au moment où Pompée arriva à Damas avec ses légions, 65 avant J.-C. Les Romains, venant au secours des cités grecques, anéantirent dans le Hauran tout pouvoir juif ou arabe, mais ne semblent pas s’être installés dans la contrée elle-même. En 25 avant J.-C, nous voyons le Trachon aux mains d’un certain Zénodore, qui, pour augmenter ses revenus, y pratiquait ! e brigandage, lançant sur les régions environnantes les pillards dont parle Josèphe. Ant. jud., XV, x, 1, 2. Les peuplades ainsi molestées se plaignirent à Varron, gouverneur de Syrie, qui châtia les malfaiteurs. Bell, jud., i, xx, 4. Mais bientôt il reçut ordre de dépouiller Zénodore de sa province pour la donner à Hérode le Grand, qui ramena la paix et la sécurité dans la région. Ant. jud., XV, X, ; Bell, jud., I, xx, 4. Ce n’était que pour un temps, car, pendant un voyage qu’il fit à Rome, les Arabes Trachonites, répandant le bruit de sa mort, recommencèrent leurs déprédations. Les généraux de son armée parvinrent à réprimer les révoltés ; mais, parmi les principaux chefs de ces bandits, plusieurs, effrayés du sort de ceux qui avaient été faits prisonniers, allèrent se réfugier dans le pays des Arabes, d’où ils se mirent à faire des incursions de tous côtés. À son retour de Rome, Hérode envahit la Trachonitide, où il exerça de terribles représailles ; mais les brigands, rendus plus furieux, ne cessèrent de ravager ses États. Ce fut alors une véritable guerre. Le prince finit par aller les forcer dans leur repaire et les réduisit à l’impuissance. Ant. jud., XVI, ix, 1, 2. Par son testament, il donna à son fils

Philippe la Trachonitide avec laGaulonitide, IaBatanée et le territoire de Panéas. Ant. jud., XVII, viii, 1 ; xi, 4 ; XVIII, iv, 6. Voir Hérode Philippe II, t. iii, col. 649. Après la mort de Philippe, en 34 après J.-C, la Trachonitide, avec le reste de la tétrarchie, fut comprise dans la province de Syrie jusqu’en 37, où Caligula donna tout le territoire à Hérode Agrippa I er. Ant. jud., XVIII, vi, 10. C’est surtout depuis le règne de ce prince que, suivant les inscriptions, l’architecture se développa dans la contrée. En 53, la tétrarchie de Philippe passa aux mains d’Hérode Agrippa II, Ant. jud., XX, vii, 1, dont les inscriptions sont nombreuses à travers la Trachonitide. Après lui, ce pays retomba sous le pouvoir direct de Rome, et fit plus tard partie de la province d’Arabie.

4° Bibliographie. — En matière géographique, archéologique et épigraphique, les études sur la Trachonitide sont ordinairement unies à celles qui ont été faites sur le Hauran. Nous donnons les principales : J. G. Wetzstein, Reisebericht ûber Hauran und die 2Yac/joræn, Berlin, in-8°, 1860 ; M. de Vogué, Syrie centrale ; architecture civile et religieuse du i" au vue siècle, 2 in-4°, Paris, 1866 ; W. Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, in-4°, Paris, 1870 ; G. Rey, Voyage dans leHaouran, in-S", Paris, s. d., avec atlas ; H. Guthe, Dr. A. Stûbel’s Reise nach der Diret et-Tulul und Hauran 1882, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. xii, 1889, p. 225302, avec carte ; G. R’mdfteisch, Die Landschaft Hauran in rômischer Zeit und in der Gegenwart, dans la même revue, t. xxi, 1898, p. 1-46, avec carte ; G."A. Smith, The historical geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 611-638 ; P. -M. Séjourné, À travers le Hauran, dans la Revue biblique, 1898, p. 275-287, 596-611.

A. Legendre.
    1. TRADITION##

TRADITION (grec : itapâSoui ;  ; Vulgate : traditio), transmission d’une doctrine de génération en génération, ou la doctrine elle-même reçue par cette voie.

1° Tradition juive. — En dehors de la loi consignée dans les Livres Saints, les Juifs se transmettaient oralement des explications de toutes sortes au sujet de cette loi. L’ensemble de ces explications constituait déjà, au temps de Jésus-Christ, une loi orale en concurrence avec la loi écrite. La loi écrite était d’inspiration divine, et la loi orale d’inspiration humaine, ce qui n’empêchait pas cette dernière d’être souvent préférée à la première. La loi orale ou traditionnelle fut mise par écrit, mais seulement après Jésus-Christ, dans laMischna.VoirMiscHNA, t.iv, col.l077.Lespharisienset les scribes prêtaient à la tradition une importance prépondérante, auxdépens de la loi écrite, reléguée par eux au second plan. Voir Pharisiens, col. 209 ; ’Scribes, col. 1536. Notre-Seigneur ne tenait point compte de certaines de ces traditions, qui étaient pour le moins sans autorité, et qui parfois se mettaient en contradiction avec la loi divine. Un jour, les pharisiens lui reprochèrent de les laisser transgresser par ses disciples. Ceux-ci, en effet, se dispensaient de les observer, comme faisaient d’ailleurs la plupart de ceux qui ne professaient pas le pharisaïsme. Dans l’occasion qui donna lieu à l’observation des pharisiens, ils avaient négligé de se laver les mains avant de manger. Saint Marc, vii, 3, 4, cite d’autres prescriptions analogues, auxquelles les disciples contrevenaient, la purification au retour de la place publique, celle des coupes, des vases, des lits, etc. De même nature étaient les contraventions à la loi traditionnelle du repos sabbatique, si souvent reprochées au Sauveur. Voir Sabbat, col. 1291. Notre-Seigneur ne répondit pas directement à l’observation des pharisiens ; il n’avait ni à condamner les purifications, qui n’étaient pas mauvaises en elles-mêmes, ni à disculper ses disciples, qui n’avaient transgressé aucun précepte. Mais, prenant l’offensive, il appliqua