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TOUR — TOURTERELLE
« Dans la Palestine, le propriétaire construit sur sa

vigne une tour de pierres sèches en forme de tronc de cône, terminée par une terrasse (fig. 517), sur laquelle logent, jour et nuit, les serviteurs ou la famille du vigneron durant tout le temps des fruits ou des raisins. De là ils dominent les figuiers, les oliviers, et surveillent la vigne, abrités sous des branchages contre le soleil et contre le vent. Une échelle en bas, des pierres saillantes en haut, leur servent d’escalier à l’extérieur ; l’intérieur de la tour est leur magasin. Dans les terrains accidentés, la tour est remplacée par un simple abri, élevé sur le point culminant et semblable aux cahutes que les cultivateurs se construisent pour garder leurs champs de melons ou de concombres. Après la saison, on laisse tomber ces misérables abris. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 263.

5° Autres tours. — Il y avait àBérée une tour remplie de cendres à l’intérieur. On y jetait des condamnés qui y périssaient par asphyxie. II Mach., xiii, 5. — Les Syriens employaient à la guerre des éléphants qui

518. — Tour portée par des éléphants.

D’après une pierre gravée (grossissement au double).

Rich, Dictionnaire des antiquités, 1873, p. 684.

portaient sur leur dos des tours de bois capables de contenir trente-deux combattants, sans compter le cornac. I Mach., vi, 37. Une terre cuite du musée du Louvre, reproduite t. i, fig. 272, col. 999, représente un éléphant portant une tour de dimensions très réduites. D’autres figures (fig. 518) montrent des tours mieux proportionnées. — Celui qui voulait construire une tour commençait par se rendre compte de ses ressources pour ne pas se donner le ridicule de laisser son œuvre inachevée. Luc, xiv, 28.

6° Comparaisons. — Dieu est une tour puissante contre l’ennemi, Ps. lxi (lx), 4 ; le nom de Jéhovah est une tour forte. Prov., xviii, 10. Le Cantique compare le cou de l’Épouse à la tour de David, Cant., iv, 4, et à une tour d’ivoire, Cant., vii, 4, son nez à la tour du Liban, Cant., vil, 5, et ses seins à des tours. Cant., viii, 10. La tour du Liban s’élevait dans le Liban, du côté de Damas. Ces différentes comparaisons font ressortir la rectitude, l’harmonie, la régularité etla grâce des formes

de l’Épouse.

H. Lesêtre.

2. TOUR (Vulgate : tornus), instrument dont se sert le tourneur pour donner à certains objets une forme circulaire parfaitement régulière. — Le texte hébreu ne connaît d’autre tour que la roue du potier. Voir Roue, col. 1213 ; Potier, fig. 153, col. 178. Le tour qui sert à travailler le bois ou d’autres substances n’était pas en usage chez les Hébreux. Il n’en est question que dans la Vulgate. Les mains de l’Épouse sont comme des

cylindres, gelîlè, d’or ; d’après la Vulgate, elles sont faites au tour, tornatiles. Cant., v, 14. Une coupe arrondie devient également tornatilis, faite au tour. Cant., vii, 2. La Vulgate suppose des ouvrages faits au tour, tornatura, torno, là où il n’est question que de sculptures. III Reg., vi, 18, 29. Elle fait aussi tourner au compas des idoles façonnées avec le ciseau. Is., xliv, 13. — Gesenius, Thésaurus, p. 1243, et F. Bùhl, Handwcrterb., 1899, p. 479, entendent le mot miqsâh d’un travail fait au tour. Ainsi auraient été fabriqués les chérubins de l’Arche, Exod., xxv, 18 ; xxxvii, 7, les candélabres d’or, Exod., xxv, 31, 36 ; xxxvii, 17, 22 ; Num., viii, 4, les trompettes d’argent, Nura., x, 2. Il est plus probable qu’il s’agit d’ouvrages en or battu ou en argent battu, dont les formes arrondies ont été obtenues sans l’aide d’un tour proprement dit. Jérémie, x, 5, compare les idoles à « une colonne faite au tour », tomér miqSâh. L’emploi du tour est plus plausible pour une colonne que pour une statue. Au lieu de tomér, la Vulgate a lu tdmâr, palmier, « elles sont

fabriquées en forme de palmier. »

H. Lesêtre.

TOURBILLON. Voir Ouragan, t. iv, col. 1930.

    1. TOURMENT##

TOURMENT (grec : êàsavo ;  ; Vulgate : tormentum), dure souffrance iniligée à quelqu’un. Voir Supplice, col. 1883. — Les méchants infligent des tourments aux justes, dont pourtant l’âme n’est pas atteinte. Sap., ii, 19 ; iii, 1. Les Égyptiens, pendant les dix plaies, ont subi divers tourments, Sap., xi, 10 ; xii, 23 ; xvi, 1 ; xix, 4, d’autant plus pénibles qu’ils en ignoraient la cause. Sap., xvii, 2. Dieu se sert des créatures pour tourmenter les méchants. Sap., xvi, 24 ; cf. Eccli., xxxix, 32, 33. — Antiochus Épiphane infligea d’atroces tourments aux Juifs fidèles à leur loi. II Mach., vi, 18vii, 41. Lui-même mourut dans les tourments, II Mach., IX, 5, ainsi que le grand-prêtre prévaricateur Alcime.

I Mach., ix, 56. — L’enfer est un lieu de tourments. Luc, xvi, 23, 28 ; Apoc, xiv, 11. Les tourments y sont proportionnés aux crimes, Sap., vi, 7 ; Apoc, , xviii, 7, et causent l’effroi de ceux qui en sont témoins. Apoc,

xviii, 10, 15.

H. Lesêtre.
    1. TOURTERELLE##

TOURTERELLE (hébreu : (or ; Septante : Tpûyaiv ; Vulgate : turtur), oiseau du genre colombe, mais d’un aspect plus délicat que le pigeon. Le plumage gris clair est ordinairement orné d’un collier plus foncé. La tourterelle fait entendre un roucoulement triste et plaintif. Elle émigré pour passer l’hiver dans les pays chauds.

II est très facile de l’apprivoiser. Le mâle et la femelle vont habituellement ensemble, ce qui fait de la tourterelle le symbole de l’affection et de la fidélité. — On trouve en Palestine trois espèces de tourterelles. La tourterelle à collier ou tourterelle rieuse, turtur risorius (fig. 519), abonde le long des cours d’eau qui avoisinent la mer Morte, Ui où il y a des arbres. L’été, elle remonte la vallée du Jourdain et fréquente même les parties boisées du Thabor et de Galaad. L’Inde est son habitacle ordinaire, etla Palestine paraît être, à l’ouest, la limite extrême de sa résidence. L’oiseau a environ 35 centimètres de long. La tourterelle des palmiers turtur senegalensis, ou tourterelle d’Egypte (fig. 520), se rencontre surtout dans la plaine de Jéricho, autour de la mer Morte, dans les jardins des environs de Jérusalem et sur l’esplanade du Temple. Dans la plaine de Génésareth, sur les bords du lac, « les tourterelles se trouvent en nombre réellement prodigieux. À chaque pas, elles se lèvent par bandes et quelquefois se touchent toutes sur les arbres où elles vont se percher. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 526. Les palmiers sont sa résidence de prédilection ; à Jéricho, où ils n’existent plus, cette tourterelle niche dans les jujubiers et les buissons épineux. On la trouve abon-