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TOPHETH — TORTUE


xxm, 10 ; Is., xxx, 33 ; Jer., vu et xix. — 1° Le mot tôfèt est employé une fois dans Job, xvii, 6, comme nom commun, signifiant quod conspicitur, mais il n’est pas certain que le nom propre Topheth ait la même étymologie que le substantif commun, quoique plusieurs l’admettent. Les rabbins commeRaschi et DavidKimchi, le font venir de tâfaf, « frapper, battre », en supposant qu’on battait du tambour (fôf) et d’autres instruments bruyants, pendant qu’on brûlait des enfants en sacrifice

Moloch. afin d’empêcher les parents d’entendre les cris de ces tendres victimes. Parmi les hébraïsants modernes, plusieurs dérivent le mot d’une racine à laquelle ils attachent le sens de « brûler » ; cf. perse : toften ; grec : « çpa, « cendre » ; latin : tepidus, « tiède ».

2° Saint Jérôme décrit ainsi Topheth, In Jer., vii, 31, t. xxiv, col. 735 : Illum locuni significat, qui Silox fontibus irrigatur et est amœnus atque nemorosus hodieque hortorum prsebet delicias. Il était donc situé dans la vallée d’Ennom, comme le disent expressément Jérémie, vii, 31, et IV Reg., xxiii, 10. La situation précise de Topheth ne peut être aujourd’hui rigoureusement déterminée, mais, comme le dit saint Jérôme, il devait se trouver à l’endroit où les eaux de Siloé entretenaient les jardins royaux et une végétation luxuriante, dans 'e voisinage de la jonction de la vallée d’Hinnom avec celle du Cédron. Voir Gèennom, t. iii, col. 154.

3° La première mention de Topheth se trouve dans Isaïe, xxx, 31-33, dans le passage où il prophétise l'échec de la campagne de Sennachérib contre Ézéchias :

Assur tremblera à la voix de Jéhovah.

[Jéhovah] le frappera de [sa] verge ;

A chaque coup de la verge qui lui est destinée,

Que Jéhovah fera tomber sur lui,

Au son des tambours (fuppîm) et des kinnors,

f Jéhovah] combattra contre lui à coups redoublés,

Car Topheth (Tcfféh) est depuis longtemps préparé,

Il est prêt pour le roi,

Il est large, il est profond ;

Sur le bûcher, il y a du feu et du bois en abondance ;

Le souffle de Jéhovah comme un torrent de soufre l’embrase.

Nous n’avons ici qu’une allusion au Topheth de la vallée d’Hinnom, mais un passage des Paralipomènes nous en explique toute la signification. Isaïe écrivait sa prophétie sous le règne d'Ézéchias. Quelques années auparavant, le père d'Ézéchias, Achaz, sous le règne duquel Isaïe exerçait aussi sa mission prophétique, avait fait passer ses enfants par le feu, dans la vallée d’Hinnom. II Par., xxviii, 2. L’historien sacré ne nomme pas Topheth en cet endroit, mais on ne peut douter, d’après ce que nous savons par IV Reg., xxiii, 10, que ce ne soit là qu’avaient eu lieu les sacrifices inhumains d' Achaz. Faut-il prendre rigoureusement à la lettre la prophétie d’Isaïe et l’entendre en ce sens que l’on brûla en ce lieu les corps des Assyriens tombés dans les environs de Jérusalem ou bien qu’ils furent consumés en un autre endroit appelé par figure Topheth ? Il est difficile de le déterminer. Ce qui est bien certain, c’est que l’impie Achaz sacrifia des enfants dans la vallée d’Hinnom. II Par., xxviii, 2. Son petitfils, le roi Manassé, commit les mêmes actes inhumains, xxxiii, 6. L’un et l’autre eurent dans le peuple des imitateurs. Jérémie, vii, 29-34 ; xtx, 1-13, stigmatisa comme elles le méritaient ces pratiques barbares et le roi Josias, pour en empêcher le retour, rendit Topheth impur. IV Reg., xxiii, 10.

    1. TORRENT##

TORRENT (hébreu : 'âfîq, nafyal ; Septante : x£Î(Ja P" pouc ; Vulgate : torrens), cours d’eau coulant impétueusement dans un lit très incliné. — Les torrents sont nombreux dans un pays accidenté comme la Palestine. Voir Palestine, t. iv, col. 1988-1992 ; 2000-2002 ; Arnon, t. i, col. 1020 ; Besor, col. 1641 ; Cadumim, t. ii, col. 28 ;

Carith, col. 285 ; Cêdron, col. 380 ; Cison, col. 781 ; Egypte (Torrent d'), col. 1621 ; Escol, col. 1928 ; Gaas, t. iii, col. 1 ; Gérare. col. 198-199 ; Jaboc, col. 1056, etc. — Les torrents sont ordinairement à sec hors de la saison des pluies. II Reg., xvii, 7 ; Jos., i, 20. Par suite du ravinement, leur lit est dénudé et formé de pierres. Job, xxii, 24 ; IReg., xvii, 40. Les orages les remplissent parfois subitement, d’où souvent de grands dégâts. Voir Inondation, t. iii, col. 883. Ils roulent les cadavres des morts. Ezech., xxxv, 8. C’est par une bénédiction de Dieu que l’eau y coule, Joa., iii, 18, et, en passant, le guerrier s’y désaltère. Ps. ex (cix), 7. — Les écrivains sacrés comparent aux torrents impétueux la calamité qui fond sur les hommes, Ps. xviii (xvii), 5 ; le souffle de Jéhovah, dont la colère est un torrent de soufre, Is., xxx, 28, 33 ; les captifs revenant d’exil, Ps. cxxvi (cxxv), 4 ; la gloire des nations affluant à Jérusalem, Is., lxvi, 12 ; la sagesse qui se répand abondamment de tous côtés, Prov., xix, 4 ; la justice divine déployée contre les coupables, Am., v, 24 ; les ennemis qui doivent assaillir les Philistins. Jer., xlvii, 2. — Ézéchiel, xlvii, 5 19, suppose un torrent symbolique dans la nouvelle Jérusalem. Job, vi, 15, compare les amis perfides au torrent privé d’eau quand on en cherche. Il faut mentionner aussi les torrents de lait et de miel, Job, xx, 17, les torrents de délices, Ps. xxxvi(xxxv), 9, les torrents de larmes, Lam., ii, 18, les torrents de poix coulant dansÉdompoursuivi par la vengeance. Is., xxxiv, 9.

H. Lesêtre.

TORTUE, reptile de l’ordre des chéloniens, pourvus d’une carapace d’où sortent seulement la tête, les pattes

513. — Tortue de terre (Testudo grseca) de Palestine.

et la queue. Il y a des tortues de terre, des tortues de mer et des tortues d’eau douce. En Palestine, on trouve, parmi les tortues de terre, la testudo marginata, à carapace aplatie par derrière, et surtout la testudo grseca (fig. 513)i qui abonde en été sur les coteaux et

514. —Tortue d’eau (Emys caspica) de Palestine.

dans les plaines et qui, pendant l’hiver, se réfugie dans les trous de rochers. Elle sert de proie à certains oiseaux rapaces et de nourriture aux gens du pays, ainsi que ses œufs, à peu près gros comme ceux d’un pigeon. La tortue aquatique, emys caspica (fig. 514), se trouve dans les cours d’eau, les marais et surtout le lac Houléh. On la rencontre parfois par myriades. Ces tortues d’eau douce sont carnivores ; elles mangent des poissons, des grenouilles et de petits oiseaux. Elles dégagent une odeur très désagréable, particulièrement