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TOBIE — TOILETTE


C’est là une fausse interprétation de Slrabon. Il dit que Séleucus changea le nom de Rages, comme il le fit pour d’autres villes, et l’appela Eurôpos. Le Zend-Avesta la mentionne comme une ville déjà ancienne. — 2. On prétend que c’est Théglathphalasar (745-727) et non Salmanasar (727-722), Tob., i, 2, qui déporta la tribu de Nephthali en Assyrie. C’est peul-être Sargon qu’il faut lire au ꝟ. 2, comme au ꝟ. 18, au lieu d’Enemessaros, nom altéré que porte le texte grec, et qu’il faut corriger en Sargon, d’après les documents assyriens. Mais, quoi qu’il en soit, Théglathphalasar n’avait pas déporté en Assyrie la tribu de Nephthali tout entière, et Salmanasar ou Sargon put encore trouver des hommes de cette tribu dans le royaume d’Israël. — Quelques autres difficultés géographiques s’expliquent aussi par la perte de l’original et par les altérations des noms propres étrangers, que ne connaissaient pas les copistes, et qu’ils ont défigurés dans leurs transcriptions.

3° L’histoire de Tobie et le conte d’Ahikar. — La découverte d’un conte ou d’un roman connu sous le nom d’Histoire du sage Ahikar fournit matière à une objection nouvelle, contre le caractère historique du livre de Tobie. Tout ce qu’on en connaît jusqu’ici a été publié par MM. Rendel Harris, F. C. Conybeare et Agnès Smith Lewis, The story of Ahikar, from the Syriac, Arabie, Armenian, Ethiopie, Greek and Slavonic versions, in-8°, Londres, 1898. Une partie des aventures altribuées à Ahikar se retrouve, mais démarquée, dans la vie d’Ésope le Phrygien, attribuée au moine grec Planude et que La Fontaine a placée en en tête de ses Fables. Son nom se lit aussi dans le livre de Tobie. La Vulgate l’appelle Achior, Tob., x, 20, et ne le mentionne que dans ce passage, mais les versions grecques et l’ancienne Italique lui conservent son nom’A-/Ei’-/.apoç (Sinaiticus), ’A-/iàxapoç (Valicanus), Achicarus (Vêtus llala), et parlent de lui, I, 24-25, où Tobie l’appelle le fils de son frère ; ii, 11, où Achiachar nourrit son oncle devenu aveugle jusqu’à son départ pour l’Élymaide ; XI, 18 (Vulgate, 20), où Achiachar (Achior) et Nasbas (Nabath) félicitent Tobie de tous les biens dont Dieu l’a comblé ; enfin xiv, 10, Tobie dit avant de mourir à son fils, d’après le Sinaiticus : « Mon fils, considère ce qu’a fait Nadab à Achichar, qui l’avait élevé ; ne l’a-t-il pas mis vivant dans la terre ? Et Dieu l’a couvert de confusion, et Achichar est revenu à la lumière et Nadab est tombé dans les ténèbres éternelles parce qu’il avait cherché à tuer Achichar. Parce qu’il avait pratiqué la miséricorde envers moi, il a échappé au piège de mort que Nadab lui avait tendu, et Nadab est tombé dans le piège de la mort qui l’a fait périr. »

Des détails analogues se retrouvent dans le conte d’Ahicar. Voir la reproduction des parties principales de ce conte dans F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, 1902, p. 557-569. On veut en conclure que le livre de Tobie est aussi fabuleux. Son auteur nous a suffisamment prévenus du caractère purement imaginaire de son œuvre, dit-on, en y mêlant des traits empruntés à un récit qui a mérité d’être inséré dans le supplément des Mille et une nuits. — À cela on peut répondre que la question est de savoir si le texte primitif et original de Tobie contenait les passages qui ont trait à Ahicar. Le texte de notre Vulgate ne contient pas les passages relatifs à Ahicar qu’on lit dans les textes grecs ; il nomme bien Achior et Nabath, xi, 20, mais ce verset ne renferme pas d’allusion précise aux détails fabuleux du conte. On prétend que saint Jérôme, ayant abrégé l’original, y a supprimé ces passages, mais c’est une affirmation qu’on ne peut prouver ; nous ne possédons plus aujourd’hui le texte original ; personne ne peut assurer qu’il les contenait et se faire garant que le traducteur les a omis volontairement. Leur présence dans les tra ductions grecques n’est pas suffisante pour établir qu’ils viennent de l’original, il s’en faut d’autant plus que les textes grecs ne concordent point entre eux ; ils ont par conséquent souffert, et les allusions à Ahicar en particulier se présentent avec toutes les apparences d’additions postérieures. De plus, on est hors d’état d’établir que Tobie est postérieur à Ahicar.

Voir*0. Fr. Fritzsche, Die Bûcher Tobi und Judith, in-8°, Leipzig, 1853 ; H. Reusch, Das Buch Tobias ûbersetzt und erklârt, in-8°, Fribourg, 1857 ; C. Gutberlet, Das Buch Tobias ûbersetzt und erklàrt, in-8°, Munster, 1877 ; A. Schdlz, Commentaizum Bûche Tobias, in-8°, Wurzbourg, 1889.

    1. TOILE##

TOILE (Septante : îcttôç ; Vulgate : tela), tissu fait sur le mélier avec du fil de chanvre, de liii, ou de l’un et l’autre mêlés ensemble. L’hébreu n’a pas de nom spécial pour désigner la toile. —La toile d’araignée est appelée en hébreu bêf, « maison », Job, viii, 14, ou qûrîm, « fils fins ». 1s., lix, 5, 6. Sur Osée, viii, 6, où les versions parlent encore de toiles d’araignée, voir Araignée, 1. 1, col. 875. — Les mots i<rrô ; et tela veulent l’un et l’autre dire à la fois « métier, chaîne, trame, tissu, toile ». Ils sont mis pour désigner le fil dans Job, vii, 6, et Isaïe, xxx, 1. Dans un autre passage, Is., xxv, 7, la Vulgate nomme la toile à la place d’une couverture. Voir Linceul, t. iv, col. 265 ; Suaire, t. v,

col. 1874.

H. Lesêtre.
    1. TOILETTE##

TOILETTE, ensemble de soins que l’on prend pour la bonne tenue du corps, son vêtement et sa parure. — Les Hébreux prenaient de leur corps le soin commandé par l’hygiène. Voir Bain, t. i, col. 1386 ; Lavement des pieds, Laver (se) les mains, t. iv, col. 132, 136. Les prescriptions sur les impuretés légales tendaient à les éloigner de toute souillure corporelle ou à les en purifier. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857 ; Purification, t. v, col. 879. Comme tous les Orientaux, ils aimaient les parfums et en faisaient grand usage. Voir Onction, t. iv, col. 1810 ; Parfum, col. 2163. — Les vêtements étaient simples, amples, et ordinairement de lin ou de laine. Voir Vêtement. Les hommes comptaient les pièces suivantes à leur costume : le manteau, la tunique, deux ceintures, l’une sur la tunique et l’autre sur le corps même, un vêtement plus court qui se mettait entre la chemise et la tunique, la chemise, la coiffure, la chaussure, le caleçon, les manchettes, pour couvrir les mains et les bras jusqu’aux coudes, deux mouchoirs, dont l’un pour essuyer les mains après qu’on les avait lavées, un voile pour couvrir la tête et les épaules, et un tour de cou dontles extrémités pendaient en avant. Les femmes portaient la chemise, une large tunique, une écharpe couvrant les épaules, le caleçon, les chaussures, le voile, le manteau. Voir ces mots. Cf. Iken, Antiquitates hebraiese, Brème, 1741, p. 543-548. Toutes ces pièces n’étaient pas indispensables et on n’en a sans doute point toujours fait usage dans les anciens temps. — Aux étoffes s’ajoutaient des ornementsde métal, anneaux, t. i, col. 632, bijoux, t.i, col. 1794, bracelets, t. i, col. 1906, chaînes, t. ii, col. 479, colliers, t. ii, col. 834, pendants d’oreilles, t. v, col. 36, etc. Ézéchiel, xvi, 10-13, décrit ainsi la toilette d’une Israélite de condition : « Je te vêtis de broderie et je te chaussai de peau de tahas (voir t. ii, col. 1512) ; je te ceignis d’un voile de lin et je te couvris des plus fins tissus. Je t’ornai d’une parure : je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou ; je mis à ton nez un anneau, des boucles à tes oreilles et sur ta tête un magnifique diadème. Tu t’ornas d’or et d’argent, et tu fus vêtue de liii, du tissu le plus fin et de broderie. » Isaïe, iii, 16-24, fait le portrait des élégantes de son temps, qui marchaient la tête haute, en faisant sonner les anneaux de leurs pieds. Il énumère jusqu’à vingt-