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TIMOTHÉE (DEUXIÈME ÉPITRE A.) — TISGHENDORF


qu’on attachait déjà à l’imposition des mains : on y voyait le signe de la transmission de l’autorité apostolique ; elle fait constater, en même temps, comment cette sorte d’hérédité spirituelle, remontant aux Apôtres en ligne continue, a été créée pour être la sauvegarde du dépôt de la foi. Au point de vue historique, la seconde à Timothée complète les Actes, fait connaître les derniers instants de la vie de saint Paul, son second emprisonnement à Rome, sa réconciliation avec Jean Marc, le nom de quelques compagnons d’apostolat dont ne parlaient pas les autres Épîtres.

6° Analyse du contenu. — I. Prologue, i, 1-5. — Dans l’adresse, ꝟ. 1-2, Paul se déclare apôtre par la volonté de Dieu pour prêcher aux hommes la vie que Dieu promet à ceux qui croient en Jésus. L’action de grâces, ꝟ. 3-5, rappelle, en termes émus, les bienfaits de Dieu envers Timothée, manière délicate de faire son éloge.

II. Corps de l’ÉpItre. i, 6-iv, 8.— Cette lettre est en réalité le testament de saint Paul à Timothée, son fils chéri. L’Apôtre y trace ses derniers conseils, en prévision d’une mort prochaine. On peut les résumer en deux grands devoirs, imposés à l’ouvrier évangélique dans ces temps de trouble.

A) i™ partie. — Le courage. 1-6, iii, 14. Le principal danger, pour les disciples de Paul, après la mort de leur maître, était de se laisser envahir par les impressions de tristesse, d’abattement, d’inquiétude qui se dégageaient de la marche générale des événements depuis que l’Église était entrée dans l’ère des persécutions. Déjà, le vide avait commencé à se faire autour de l’Apôtre dans sa seconde captivité. Rien ne s’adaptait donc mieux aux circonstances présentes qu’une vive exhortation à la vaillance. Point de faiblesse à cette heure critique. Et d’abord ne pas rougir de la doctrine du Christ ni des chaînes de Paul. L’ouvrier évangélique, Timothée en particulier, n’a, pour faire face aux événements, qu’à mettre en exercice la force divine contenue dans le charisme d’évangéliste, ꝟ. 7. Trois idées inspireront son courage : 1° L’énergie surnaturelle renfermée dans le charisme d’ordination, ꝟ. 6-10 ; 2° la certitude du succès final, j. 12-13 ; 3° l’action de l’Esprit-Saint. Pour appuyer sa doctrine par des exemples, l’Apôtre met en parallèle les Asiates qui ont rougi de sa chaîne et l’excellent Onésiphore, d’Éphèse, dont la visite lui a fait tant de bien ! En forme de conclusion, l’Apôtre réitère à Timothée des pressantes exhortations pour lutter vaillamment. À cet effet, il présente tour à tour l’ouvrier de l’Évangile comme un soldat enrôlé dans la milice du Christ, un athlète qui, pour gagner le |3pa6Etov, se soumet au régime sévère de l’athlétique, un laboureur prodiguant sans compter, à ses humbles travaux, ses peines et ses sueurs. Timothée comprendra la leçon contenue dans ces allégories. Le Seigneur, au reste, l’aidera à en faire son profit. La grande pensée qui sera, pour le disciple, comme elle l’a été pour le maître, le soutien de son courage, sera l’espoir de vivre et de régner avec le Christ, espoir basé sur la Résurrection du Christ et sur le lien de mystique solidarité qui associe le croyant aux destinées du Sauveur, à sa mort, à sa résurrection, à sa gloire dans le ciel.

B) 2 S partie. — La lutte contre l’erreur, ii, 14-iv, 8. — L’auteur distingue deux catégories d’erreurs : celles d’aujourd’hui et celles de demain. Quant aux premières, ii, 14-26, Timothée devra conjurer devant le Seigneur, c’est-à-dire par les plus graves attestations, ceux qui sont chargés d’enseigner de ne point entrer en discussion avec les faux docteurs. Ces controverses seraient plus dangereuses qu’utiles, ꝟ. 14. Il faudra employer, pour enrayer le mal, la parole et l’exemple. A l’égard de ceux qui se sont laissés surprendre de bonne foi par les doctrines erronées, supporter tout en

patience et reprendre avec douceur. Dans les cas extrêmes, c’est-à-dire lorsqu’on n’a rien à attendre de la clémence, mais qu’on se trouve en face d’hommes pervers, décidés à ruiner l’Église, il n’y a qu’une mesure à prendre, se séparer d’eux, les éviter, au besoin les livrer à Satan comme Paul l’avait fait lui-même pour Hyménée et Alexandre. Par rapport aux erreurs futures, iii, 1-iv, 8, Paul trace un tableau très sombre des pseudo-prophètes de l’avenir. Il en fait des hommes profondément égoïstes, avides d’argent, vaniteux, hautains, insolents, ingrats, impies, sans affection, insociables, enclins à la calomnie, à l’intempérance, à la cruauté, à la débauche. Ils ont tous les vices. Cependant, il n’y a pas à s’en effrayer _ outre mesure. Timothée est dans les meilleures conditions possibles pour leur tenir tête. Il a d’abord l’avantage exceptionnel d’avoir été formé par Paul lui-même et il sait, par l’exemple de son maître, comment Dieu arrache ses apôtres aux plus fortes épreuves. Timothée n’aura qu’à rester fidèle aux enseignements de son maître.

III. Épilogue, iv, 8-22. — L’Apôtre presse son disciple de venir avant l’hiver, saison peu propice aux voyages par mer. Il a d’autant plus besoin de lui qu’il se trouve presque seul, soit par l’abandon de certains disciples, soit par l’éloignement des autres. Il lui donne des nouvelles de son procès. Sa première comparution n’a pas donné lieu à une condamnation, mais il n’en sera pas de même de la seconde. Aussi se prépare-t-il à la mort. Suivent des saluts pour Aquila et Priscille et pour la famille d’Onésiphore, qui sans doute était mort. Paul, en terminant, présente à Timothée les salutations des frères de la Ville éternelle : Eubule, Pudens, Claudia, Linus.

Pour la Bibliographie, voir la I re à Timothée, col. 2238.

C. Toussaint.

    1. TIRIN Jacques##

TIRIN Jacques, commentateur belge, né à Anvers, le 16 septembre 1580, mort dans cette ville le 14 juillet 1636. Il entra dans la Compagnie de Jésus et y remplit diverses fonctions, entre autres, celle de professeur d’Écriture Sainte. On a de lui : Commentarius in Vêtus et Novum Testamentum, tomis tribus comprehensus (avec le texte de la Vulgate), 3 in-f°, Anvers, 1632. Ce commentaire a été très répandu et a eu de nombreuses éditions. Voir E. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, 1898, col. 49-52.

    1. TISCHENDORF Lobegott Friedrich Constantin##

TISCHENDORF Lobegott Friedrich Constantin, théologien allemand, né le 18 janvier 1815, à Lengenfeld, en Saxe, mort à Leipzig, le 7 décembre 1874. Il commença en 1839 à préparer une édition critique du Nouveau Testament. En 1840, #1 partit pour Paris et passa plus de quatre ans en France, en Angleterre, en Italie et en Orient. Il revint à Paris, à Londres et à Oxford en 1849. En 1853, il visita pour la seconde fois le mont Sinaï, et en 1859, il s’y rendit une troisième fois ; après quoi, il alla en Russie et de nouveau en Italie, toujours en quête de découvertes littéraires. Sa première publication importante fut le Codex Ephrsemi rescriptus, manuscrit palimpseste de la Bibliothèque nationale de Paris, dont le Nouveau Testament parut en 1843 et l’Ancien en 1845. Voir t. ii, col. 1872.

Il avait préparé en même temps l’édition du Codex Claromontanus, mais il ne put la faire paraître qu’en 1852. En 1846, il avait mis au jour les Monumenta sacra inedita et le Codex Friderico-Augustanus contenant 43 feuillets du Codex Sinailicus, qu’il avait découverts au monastère grec de Sainte-Catherine au mont Sinaï. Un nouveau voyage au mont Sinaï en 1859 lui fit découvrir le reste presque complet du Codex, qu’il y avait cherché en vain en 1853. Voir Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. vm* critica major, t. iii, p. 345-354. Le Codex Sinaiticus parut en 1862,