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TIMOTHÉE (PREMIÈRE ÉPITRE A)


ses fils, soumis, respectueux, à l’abri de tout soupçon. Pas d’évêques néophytes, mais des hommes éprouvés depuis longtemps. L’Apôtre ne se montre pas moins sévère pour l’élection des diacres. On n’est admis à cette fonction délicate qu’après une sérieuse épreuve. Le passé du candidat doit être irréprochable. Avec cela, une grande dignité de vie ; pas de duplicité dans ses rapports avec les membres de l’Église, une tempérance exemplaire, une conscience scrupuleuse en affaires, la haine de l’erreur et du mal. Des veuves diaconesses on exigera une vie honnête, de la réserve dans les conversations, de la sobriété’et de la fidélité à s’acquitter de leur ministère.

B) Seconde partie. — Les devoirs professionnels de Timolhée comme serviteur de l’Église, iii, 14-vi, 19.

— La pensée qui domine cette nouvelle série de conseils est toujours le danger des faux docteurs. On peut les classer ainsi :

1° Devoirs envers la vérité, iii, 15-iv, 16. — Le morceau débute par une sorte de vision phrophétique sur l’avenir de l’Église d’Éphèse. L’Apôtre voit, dans ce qui arrive en Asie, l’image de ce qui se reproduira plus tard, un peu partout, quand il aura disparu : d’un côté, l’Église de Dieu, dépositaire officielle de la vérité, faisant briller aux yeux de tous le trésor dont elle a la garde ; de l’autre, les efforts des prophètes de mensonge, qui essaient de renverser la colonne brillante d’où rayonnent les bienfaisantes clartés de l’Évangile. En face d’une pareille situation, le devoir du pasteur d’âmes est tout tracé. Il doit garantir le troupeau de la contagion, lutter par tous les moyens contre l’erreur, faire resplendir, par l’enseignement de la parole et de l’exemple, la vérité qui lui a été confiée. Les obligations pastorales sont, pour ainsi dire, contenues dans la notion de l’Église. L’Apôtre les résume en deux points : la parole et l’exemple. Par le premier moyen, Timothée inculquera aux fidèles les vrais enseignements de la foi. Il ne prêtera pas l’oreille aux inepties doctrinales et aux pratiques ridicules des faux docteurs. Il utilisera son temps d’une façon beaucoup plus profitable, en se livrant à la piété. Puis, pour fortifier dans les cœurs l’effet de sa parole, Timothée s’efforcera d’inspirer à tous, même aux plus anciens, le respect dû à sa dignité, suppléant au défaut de l’âge par la gravité d’une vie où tout deviendra exemple : paroles, conduite, charité, foi, intégrité morale. En même temps, il vaquera, jusqu’au retour de Paul, aux fonctions normales du ministère : lectures publiques, exhortations, didascalie. Pour remplir avec succès ces divers offices, le disciple n’a qu’à mettre en exercice le charisme qui est en lui et qui lui a été communiqué, à la voix des prophètes, lorsque les anciens de Lystres lui imposèrent les mains.

2° Devoirs envers les différents membres de l’Église. v-vi, 3. — Dans l’art de gouverner, il faut savoir s’adapter aux diverses catégories de personnes qu’on a sous ses ordres. De là, les avis données à Timothée quant à ses relations : — a) Avec les hommes, v, 1. Ménager les vieillards, surtout s’il faut les réprimander : exhorter plutôt que reprendre. S’il s’agit des jeunes gens, les traiter comme des frères. — b) Avec les femmes, v, 2. Se comporter envers elles, si elles sont avancées en âge, comme avec une mère, et, si elles sont jeunes, comme avec des sœurs, en toute pureté. — c) Avec les veuves. 3-15. L’auteur distingue, dans cette classe, deux catégories : la vraie veuve, celle qui n’a ni enfants, ni parents pour la recueillir, qui met en Dieu son espoir et passe sa vie en veilles saintes, en prières continuelles. À celle-là est due naturellement une part des aumônes recueillies par l’Église. Timothée veillera à ce que la communauté acquitte avec fidélité cette dette d’honneur. Il ne permettra pas, au contraire, qu’on laisseà la charge de l’Église les veuves qui ont encore des parents. Quant à la veuve consolée

qui vit dans les plaisirs, c’est la seconde sorte de veuves. L’Église n’a aucun devoir envers elle, d’ailleurs elle est morte au point de vue spirituel.

A partir du ꝟ. 9, l’Apôtre passe à un autre ordre d’idées. Des veuves assistées il en vient aux veuves chargées dans l’Église d’un ministère de charité. Il exige que la veuve élue à cette fonction n’ait pas moins de soixante ans, qu’elle n’ait été qu’une fois mariée et qu’elle soit recommandable par ses bonnes œuvres, par la manière dont elle a élevé ses enfants, par le zèle qu’elle a mis à exercer l’hospitalité, à laver les pieds des saints, à soulager les affligés, à faire le bien sous toutes ses formes. Les jeunes veuves doivent être écartées de ces fonctions ; car, au bout de quelque temps donné au Christ, leur nouvel époux, elles sont exposées à lui être infidèles et à ne plus penser qu’à se remarier.

d) Avec les presbytres. v, 17-22. — Faire en sorte que l’Église sache reconnaître par de larges offrandes les bons services de ses chefs, surtout lorsqu’ils joignent à leurs fonctions administratives le travail de la parole et de l’enseignement. Si quelqu’un de ces presbytres vient à être soupçonné ou convaincu de quelque grave délit, la première règle sera de ne pas prêter trop facilement l’oreille aux dénonciations. C’est pour eux surtout qu’il faut impliquer les principes de procédure indiqués par le Deutéronome, xiv, 15. Timothée ne devra donc recevoir l’accusation que si elle s’appuie sur deux ou trois témoignages. Mais si la preuve est faite, le coupable doit être repris devant tous ses collègues. Il va sans dire que le jugement doit être impartial. Pour éviter autant que possible d’admettre, dans le collège des anciens, des hommes indignes ou incapables, ne pas faire de choix précipité.

e) Avec les esclaves, vi, 1-2. — L’auteur signale le danger qu’il y aurait si l’adhésion à la foi chrétienne rendait les esclaves enclins à la rébellion ou même à la négligence dans leur service habituel. En conséquence, Timothée les persuadera, si leur maître est païen, de redoubler de respect, pour éviter qu’on ne blasphème le nom de Dieu et la foi qu’ils professent ; quant à ceux qui ont un maître chrétien, il leur conseillera de n’être pas moins vigilants à s’acquitter de leur service.

3° Désintéressement, vi, 3-19. — Ce paragraphe donne à saint Paul l’occasion de revenir sur les faux docteurs pour peindre leur cupidité. L’amour de l’argent est, au fond, le mobile de ce pseudo-ascétisme. Aussi la conduite de Timothée doit-elle contraster avec cet amour effréné des biens de la terre. Simple en sa vie, se contentant de peu, l’homme de Dieu ne se mettra pas en peine d’amasser des richesses, mais il recherchera la justice et la piété, la foi, la charité, la constance et la douceur. Les jl. 17 et 19 s’adressent aux riches de la communauté d’Ephèse pour leur recommander l’humilité, la confiance en Dieu seul et une large libéralité.

ni. épilogue, 20, 21. — Ces deux derniers versets résument toute l’Épltre. C’est le mot d’ordre du chef à un subordonné qui est sous les armes, aux prises avec l’ennemi, et qui défend avec courage un trésor qui lui a été confié.

XII. Bibliographie. — « Au sujet de l’authenticité des Pastorales. — En dehors des catholiques, elle est défendue intégralement par les protestants conservateurs et par presque tous les commentateurs jusqu’à B. Weiss dans Meyer, 5e édit., 1886 ; plus tard, le même auteur a changé d’opinion et se tient plutôt vers le non liquet ; par la plupart des anglicans. Godet, Introd., 1. 1, p. 628 sq. ; Zahn, Einl. in das N. T., 4e édit., 1906, p. 402 sq. ; Bertrand, Essai critique sur l’authenticité des Epîtres pastorales, Paris, 1888 ; Salmon, Introd. to the N. T., p. xx ; Findlay, dans son appen-