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TIMOTHÉE (PREMIÈRE ÉPITRE A)


presque tous les mots favoris de l’Apôtre : aStxo ; , àxï9aa<rta, ày.poêuTTÏa, i%oiTçtaiai< : , yvtupiZeiv, SiaôrjxYj, Sixacoojvv], ô'.naiwij.a, Soxsïv, Iv.oktto ; , eSUffriv, spY a vô|iou, xàyti, xaTepYâÇEaôai, xpsîouMV, (asiÇcuv, picxpô ; , [itopîa, o[j.oioOv, 6510tto(ia, ôuocioç, opxv, o’jpavoç, TrapàSoticç, îcapa).a[iêâvetv, îtEtôeiv, rceiTOtôévac, 7re7toi'9r É (riç, 7CEp17raTeiv, ol noXXot, o7cXâYxva, TOMretvô ; , 'jio6c<y ! a, uîô ; toô 0eo3, <pù<nç, xapfÇeaOoet, xP’I’tocLa syntaxe des Pastorales s'éloigne fort de celle des écrits pauliniens. Le style y est lâche, terne, prolixe, sans vigueur et sans vie. Plus de pensées brillantes ni de vigoureuses antithèses. Aucun développement dialectique. On dirait que l’on a évité systématiquement tout ce qui caractérise la manière littéraire de l’Apôtre.

Cette diversité de style est indéniable et beaucoup plus tranchée qu’ailleurs. Mais doit-on en conclure rigoureusement à une diversité d’auteur ? Le problème est délicat, sans pour cela rester insoluble. N’y a-til pas à faire valoir les circonstances toutes particulières dans lesquelles ces trois lettres ont été composées ? D’abord la similitude de langue qu’on remarque entre elles s’explique par cela qu’elles ont été écrites pour un but à peu près identique et dans un laps de temps très court. Si, au contraire, elles diffèrent notablement, sur ce point, de celle des autres Épltres, c’est que, par leur objet, elles s'écartent d’un façon notable du thème ordinaire qu’on y traite. Saint Paul n’avait pas à entamer ici des controverses dogmatiques sur la justification avec ses deux disciples préférés ou à revenir sur sa lutte avec les judaïsants des premières missions. De plus, ses lettres étaient adressées généralement à des communautés et s’adaptaient à des situations d’ensemble, à des nécessités d’ordre général ; dans le cas présent, il s’agit de lettres privées et de conseils paternels. La lettre à Philémon n’est-elle pas d’une facture tout autre que celle des Épltres aux Colossiens et aux Éphésiens, encore qu’elle ait été écrite à la même époque et portée par le même courrier ? Les hapax legomena ne sontpas un critérium infaillible pour solutionner la question d’auteur. « Quand on songe, dit Reuss, combien peu de pages nous avons de l’apôtre Paul, sur combien d’années elles se répartissent, combien de sujets différents il y traite et combien il fait preuve de liberté, d’adresse, de génie même, dans le maniement d’une langue très riche par elle-même, et qu’il s’agissait maintenant de façonner pour le service d’un cercle d’idées toutes nouvelles, on serait en droit de s'étonner s’il y avait là une monotone uniformité et si son vocabulaire était moins riche. Si ce premier argument (celui des hapax) devait être considéré comme démontrant la diversité des auteurs, il n’y aurait pas deux de toutes ces Épîtres qui ne dussent finir par être attribuées à des plumes différentes. » Les locutions nouvelles peuvent être une conséquence du changement qui s'était opéré dans la vie de l’Apôtre et dans l'Église elle-même. Certains latinismes : x*P tv ïz ctv > gratiam habere ; 81' îjv aîti’av, quam ob rem ; xaxoûp-foç, maleficus ; itpôxptjia, preejudicium, étaient d’usage courant et pouvaient résulter d’un long séjour à Rome. Le manque de discussion dialectique vient de ce que l’Apôtre ne veut que signaler à ses disciples les erreurs à éviter sans entrer avec elles en discussion. Tite et Timothée n’avaient pas besoin, pour être persuadés, de ce genre de démonstration. La dépression générale qui se manifeste dans le style et les idées de l'écrivain est peut-être un effet de l'âge. Paul était alors plus que sexagénaire. Quoi qu’il en soit, ces pages refroidies, dernier reste « d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s'éteint, » laissent encore loin derrière elles les longues amplifications de Clément de Rome et les pages plus ou moins colorées des écrivains postapostoliques.

VII. Classement. — Certains critiques, tels que von Soden, Handc, p. 159 ; Moffatt, Histor. N. T., p. 560 ;

MacGiffert, Apost. âge, p. 413, d’ailleurs hostiles à l’authenticité des Pastorales, ont interverti l’ordre traditionnel suivant lequel on les trouve rangées dans la Bible. D’après eux, notre seconde Épître à Timothée serait, en réalité, la première en date, puis viendrait l'Épître à Tite et enfin la première Épitre à Timothée. Les preuves sur lesquelles ils s’appuient sont les suivantes : l’auteur, dans la II" à Timothée, insiste moins sur les faux docteurs que dans les deux autres lettres : leurs doctrines paraissent aussi moins bien caractérisées et ne préoccupent pas si vivement l’Apôtre que dans la I re à Timothée. D’autre part, l’organisation ecclésiastique, qui se laisse à peine deviner dans la IIe à Timothée, fait en grande partie le thème des deux autres Épltres pastorales, signe évident que celles-ci sont d’une date postérieure. Aureste, le rapprochement de II Tim., IV, 9-22, avec les finales des Épltres aux Colossiens et à Philémon prouve qu'à peu d’exceptions près, c’est le même entourage qui se trouve autour de l’Apôtre, ce qui fait penser à la première captivité, celle dont parlent les Actes. Enfin, la preuve décisive semble donnée par le fait de deux personnages, l’un nommé Hyménée, l’autre Philète qui, d’après II Tim., ii, 17, continuent à troubler l'Église, alors que dans I Tim., i, 20, on les donne déjà comme excommuniés. — On répond à ces difficultés que les avis sur la conduite à tenir à l'égard des hérétiques devaient, au contraire, être plus longuement développés et plus minutieusement circonstanciés dans une lettre écrite à Timothée, à Éphèse, où il demeure pour gérer, pendant quelque temps, la place de son maître. Là surtout, au centre même de l’erreur, il importait d’avoir des règles fermes et très explicites pour préserver la communauté chrétienne des fausses doctrines qui menaçaient de l’envahir. Act., xx, 29. Les mêmes explications n'étaient plus nécessaires dans une lettre — c’est le cas de notre IIe à Timothée — où saint Paul ordonnait à son disciple de quitter Éphèse pour se rendre à Rome auprès de lui, II Tim., iv, 21. Quant aux longs développements de la I re à Timothée et de l'Épître à Tite, relativement à la hiérarchie et à la discipline ecclésiastique, la raison en est dans le but, les circonstances de ces deux Épîtres. Toutes deux, en effet, visent des situations analogues. La I re à Timothée avait en vue le gouvernement de l'Église d'Éphèse ; l’Epître à Tite, l’organisation des communautés de Crète. Cela ne pouvait se faire, on le comprend, sans qu’il soit question des divers degrés de la hiérarchie ecclésiastique. Tout autre est l’idée principale de la IIe à Timothée, qui est un message de rappel et un testament. Rien d'étonnant non plus à ce que ce soit à peu près le même personnel d’amis qu'à la fin de la première captivité romaine qui entoure l’Apôtre lors de son second emprisonnement. Les deux événements ne sont d’ailleurs séparés que par un intervalle de deux à trois années à peine. Il n’y a donc rien de péremptoire dans l’argument qu’on prétend tirer des deux Éphésiens, Hyménée et Philète. Même après leur bannissement de l'Église, ils pouvaient continuer à exciter des troubles et devenir un danger par leurs doctrines perverses et leur prosélytisme. La seconde à Timothée signale l’habileté avec laquelle les erreurs de ces deux hérétiques se glissaient parmi les fidèles, ce qui n’implique pas qu’ils lissent encore partie de l'Église. Au total, la seconde Épître à Timothée renferme quantité de détails qui ne permettent pas de la reporter à l'époque de la première captivité. Comment expliquer, par exemple, le manteau et les livres laissés à Troade, la maladie de Trophime laissé à Milet, le voyage dans l’Archipel ? Toutes ces circonstances ne cadrent pas avec le récit des Actes rapportant, escale par escale, et presque jour par jour, la traversée de Paul prisonnier. Ainsi, pour se borner à un seul fait comment l’Apôtre peut-il dire qu’il vient de laisser