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TIMOTHÉE — TIMOTHÉE (PR EMIÈRE ÉPITRE A)


gnée. I Mach., v, 37-44 ; II Mach., xii, 2-25. Voir Patrizzi, De consensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 259.

3. TIMOTHÉE (Ttjj.69soç), le plus fidèle et le plus aimé des disciples de saint Paul, celui qu’il appelle son vrai fils, 1 Tim., i, 2, son très cher fils, II Tim., i, 2, son filsbien-aimé et fidèle dans le Seigneur, I Cor., iv, 17, le copartageant de son esprit, Phil., v, 20, de ses travaux dans le Seigneur, I Cor., XVI, 10, son collaborateur, Rom., xvi, 21, son frère et ministre de Dieu, I Thess., iii, 2, l’esclave de Jésus-Christ, Phil., i, 1, dévoué à la cause du Christ, ii, 21, l’imitateur parfait des vertus de son maître, initié à ses méthodes d’apostolat. II Tim., iii, 10 ; I Cor., xvi, 10. L’Apôtre l’avait converti à la foi, I Cor., IV, 14-17, avec sa mère et son aïeule, II Tim., i, 5, lors de la première mission en Lycaonie. Etait-il de Lystres ou de Derbé ? Les textes, Act., xvi, 1, 2 ; xx, 4, sans dirimer absolument la controverse, semblent indiquer plutôt Lystres. Peut-être Timothée a-t-il habité successivement ces deux villes. En tout cas, il était avantageusement connu à Lystres et à Icône, Act., xvi, 2, c’est-à-dire dans toute la région de la Lycaonie. Il était né d’un mariage mixte, son père était païen et sa mère juive ou du moins prosélyte des synagogues. Act., xvi, 3 ; II Tim., 1, 5. Aussi reçut-il, à sa naissance, un nom très usité chez les Grecs, I Mach., v, 6 ; IIMach., viii, 3, et, en même temps, facile à se faire accepter des Juifs. L’enfant grandit entre deux pieuses femmes, sa mère Eunice et son aïeule nommée Loïde ; elles relevèrent dans la crainte de Dieu et l’étude des Écritures. II Tim., iv, 15. Le père de Timothée devait être mort quand Paul et Rarnabé arrivèrent dans ces parages. Act., xvi, 3. Le jeune adolescent fut témoin des souffrances et des travaux des deux vaillants missionnaires. II Tim., iii, 10, 11 ; Act, xiv, 22. À son second voyage, l’Apôtre se l’attache comme disciple et compagnon d’apostolat à la place de Jean-Marc, ayant déjà substitué Silas à Barnabe. Act., xv, 40. D’après divers passages des Épitres pastorales, I Tim., i, 18 ; iv, 24 ; II Tim., i, 6, ce fut l’Esprit qui le désigna, dans quelque assemblée liturgique, à la fonction d’apôtre, ou peut-être d’évangéliste, Il Tim., iv, 5, par la voix des prophètes de ces Églises. Paul, Silas et les presbytres de l’endroit lui imposèrent les mains. Act., xiii, 3 ; II Tim-, i, 6.

Dès ce moment, il est presque toujours, sauf de rares intervalles, aux côtés de l’Apôtre, lui servant de secrétaire dans la rédaction de la plupart de ses Épitres. Afin de faciliter son ministère auprès des Juifs, Paul le circoncit de sa propre main. Act., xvi, 3. Sa carrière apostolique se confond, en général, avec celle de son maître. À peine s’il s’en sépare, de temps en temps, pour des mission spéciales, absences courtes et rapides auxquelles l’un et l’autre ne consentaient qu’avec peine. Timothée a de la sorte travaillé avec l’Apôtre à la fondation des principales Églises, Philippes, Thessalonique, Bérée, Corinthe, Ephèse. Lors de la seconde mission, il collabora, d’une façon particulière, à l’établissement et au développement des communautés de Macédoine. Il resta quelque temps à Thessalonique après l’expulsion violente de Paul et de Silas, Act., xvil, 10, les rejoignit à Bérée, xvii, 14, et retourna à Thessalonique pour y porter aux fidèles persécutés les encouragements et les instructions de son maître. I Thess., iii, 1, 2. De là il revint sans doute à Bérée, où était resté Silas, et, en sa compagnie, se dirigea vers Corinthe. Leur arrivée marque, depuis l’activité apostolique de Paul, un redoublement de zèle. Act., xvill, 5. Les trois ouvriers évangélistes séjournèrent au moins dix-huit mois dans la capitale de l’Achaïe.

Silas dut quitter saint Paul vers la fin du second voyage pour rester à Jérusalem, son r, glise d’origine.

Act., xv, 22. Timothée, au contraire, prit part au troisième voyage. Durant les trois ans du séjour de Paul à Éphèse, il ne s’éloigne de la métropole d’Asie que pour une mission en Macédoine avec Éraste et plusieurs frères, Act., xix, 22, puis, de là, à Corinthe, I Cor., xvi, 11 ; iv, 17, où il était chargé de rétablir l’ordre. Il semble qu’il ait échoué dans cette entreprise. D’un naturel doux et timide, I Cor., xvi, 10, il était peu fait pour la lutte. Il ne parvint pas, sans doute, à apaiser les désordres entre les divers parti » en présence, I Cor., i, 12, et il dut retournera Éphèse ou peut-être en Macédoine ; c’est là qu’il se trouve au moment où saint Paul écrit sa seconde Épître aux Corinthiens. II Cor., 1, 1. Il le suit dans sa troisième visite à Corinthe et figure dans l’Épitre aux Romains parmi ceux qui envoient leurs saluts fraternels à cette Église. Rom., xvi, 21. Quand l’Apôtre quitte Corinthe pour Jérusalem, il fait partie de la caravane qui s’achemine vers la Palestine. Act., xx, 4, 5.

A partir de ce moment, les Actes se taisent sur le reste de la carrière de l’illustre disciple. Mais les Épitres de la captivité suppléent, en partie, à ce brusque silence. On peut affirmer, sans doute possible, que Timothée suivit saint Paul à Jérusalem, puis à Césarée, s’embarqua avec lui vers l’Italie, l’assista dans sa prison. Son nom se lit dans l’adresse des Épitres aux Colossiens, i, 1, à Philémon, i, 1, aux Philippiens i, 1. Saint Paul dit même formellement, dans cette dernière Épître, qu’il espère envoyer « Timothée » vers eux, ii, 19-24. Durant la période qui suivit la première captivité, il accompagna l’Apôtre à Éphèse et y resla encore quelque temps après que celui-ci se fut acheminé de nouveau vers Rome en passant par la Macédoine, l’Achaïe et l’Épire. I Tim., i, 3. L’Apôtre le chargea de gouverner l’Église d’Éphèse et lui adressa, à cette occasion, une lettre (la première) pleine de sages conseils. Timothée resta en Asie jusqu’au moment où Paul, à la veille d’une condamnation certaine, l’appela en toute hâte pour qu’il assistât sans doute à ses derniers moments et recueillit, en dépôt, le précieux héritage de son zèle et de ses suprêmes enseignements. II Tim., IV, 21. Par l’Épître aux Hébreux on apprend que le disciple fut lui-même emprisonné, puis relâché, xiii, 23. Le reste de son existence et de son activité semble s’être passé à Éphèse, où il sera retourné après sa sortie de prison. Suivantla tradition, Const. Apost., vii, 46, 1. 1, col. 1063 ; Eusèbe, H. E., n i, 44, t. xx, col. 220, il aurait été martyrisé dans cette ville, sous Donatien ou Nerva, en voulant s’opposer à certaines réjouissances populaires qui tournaient à l’orgie et à la cruauté. Ses ossements ont été transportés plus tard, sous Constance, à Constantinople, Acta sanctorum, januar, t. iii, p. 562-569 ; Lipsius, Die apocryphen Aposlelgesch., t. ii, 372-400. Les Églises grecques et arméniennes célèbrent sa fête le 22 janvier, l’Église copte, le 23, l’Église latine et l’Église maronite, le 24 du même mois, bien que les premiers calendriers latins l’aient placée le27 septembre, peut-être pour faire suite au jour de la commémoration de saint Jean, qui avait exercé son apostolat à Éphèse. Lipsius, op. cit., p. 392 ; Nilles, Kalendarium manuale utriusque Ecclçsise, Inspruck, 1896. D’après plusieurs savants, c’est à lui que s’adresse, comme évêque d’Ephèse, le message de l’Apocalypse, II, 1-7. On ne sait rien de certain sur ce point. — "Voir H. Usener, Acta sancti Timothei, par Polycrate, in-4° Bonn, 1877. C. Toussaint.

4. TIMOTHÉE (PREMIÈRE EPITRE A). — 1° Importance. — Cet écrit appartient au groupe des trois lettres que la critique appelle, depuis plus d’un siècle Épitres pastorales. L’appellation se rencontre, pour la première fois, dans un commentaire de P. Anton, Exeget. Abh. Der Pastoralbriefe S. Pauli, 2 Theile. Halle, 1753, 1755,