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    1. TIBÉRIADE##

TIBÉRIADE (LAC DE) — TIGRE

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grandit et roula en grandes masses noires, descendant des collines vers le lac, et plongeant dans une obscurité complète le Thabor et Hattin. À ce moment, la brise cessa ; il y eut quelques minutes de calme complet, pendant lequelle soleil brilla, éclatant, et la surface du lac fut égale et unie comme un miroir ; Tibériade, Medjdel et d’autres constructions se dessinaient en plein relief en avant du fond ténébreux qui s’étendait derrière, mais elles disparurent bientôt au regard quand les grondements du tonnerre les dépassèrent et que la tempête, s’avançant rapidement sur le lac, transforma ses eaux tranquilles en une nappe blanche d’écume. Elle atteignit promptement les ruines, me chassant avec mon compagnon et nous obligeant de nous réfugier dans une citerne, où nous fûmes emprisonnés pendant près d’une heure, entendant les grondements roulants du tonnerre et des torrents de pluie. La moitié du lac était tranquille et en repos, pendant que l’autre était toute bouleversée de façon sauvage et offrait un spectacle saisissant. Malheur à la barque légère qui aurait été surprise au milieu du lac par cette tourmente. Nous ne pouvions nous empêcher dépenser à cet événement mémorable où la tempête est décrite d’une façon si vivante, comme « tombant » sur le lac. » Matth. viii, 24-26.

Le lac de Tibériade, par sa situation et la dépression de terrain où il se trouve, était isolé des grandes voies de communication de l’antiquité. Les Égyptiens quand ils allaient en Syrie ou dans l’Asie antérieure, les Assyro-Chaldéens quand ils descendaient sur les bords du Nil, longeaient la Méditerranée. On ne voit que le Mohar égyptien qui, au xive siècle avant notre ère, ait visité le Jourdain. F. Ghabas, Voyage d’un Égyptien en Syrie, en Palestine, in-f », Chalon-sur-Saône, 1860, p. 206. Ce n’est que vers les commencements de l’ère chrétienne qu’il a vu des Romains et des étrangers visiter ses bords, où florissaient alors des villes dont le nom revient souvent dans l’Évangile, Capharnaùm, Bethsaïde, Corozaïn, Magdala. Voir ces noms.

F. Vigouroux.

    1. TICHON##

TICHON (MAISON DE) (hébreu : ftâsêr Hat-Tîkôn ; Septante : au M ; toû Sauviv), localité inconnue qui se trouvait sur les frontières duHauran(Auran).Ézech., xlvii, 16. Domum autem sive atrium Thicon, Symmachus interpretatur atrium médium, quod pergit ad terminas Auran, dit saint Jérôme, In Ezech., xlvii, t. xxv, col. 477.

    1. TICHONIUS ou TYCHONIUS##

TICHONIUS ou TYCHONIUS, écrivain africain, de la secte des donatistes, entre 380 et 420. Il parait n’avoir été que simple laïque, mais il avait le goût et la connaissance des choses théologiques. Saint Augustin parle souvent de lui dans ses écrits et, dans sa Doctrina christiania, iii, 30-37, t. xxxiv, col. 81-90, il expose et commente les sept règles célèbres de cet auteur pour l’intelligence des Saintes Écritures. Le Livre des Règles se trouve dans la Bibliotheca Patrum, Cologne, 1522, t. xv ; Lyon, 1677, t. vi ; Pitra, Spicilegiurn Solesmense, t. iii, p. 397. Tichonius avait aussi commenté l’Apocalypse, dans un sens spirituel. Le commentaire qui avait été publié comme étant celui de Tichonius n’est pas le sien, mais emprunté à divers auteurs, dont Tichonius. Il est reproduit dans Migne, t. xxxv, à la fin du t. m des œuvres de saint Augustin, col. 2415-2452.

1. TIGRE (hébreu : ïiiddéqéï ; Septante : Tiypi ; ), fleuve d’Assyrie et de Babylonie. Strabon, XI, xiv, 8, et Pline, H. N., vi, 27 (qui l’appelle Diglit), disent que son nom lui vient de la rapidité de son cours, qui égale celui d’une flèche, Tigra signifiant flèche en médo-perse.

I. « Le Tigre, le moins long des deux fleuves qui vont s’unir au golfe Persique par les bouches du Chat-el-Arab, naît dans le voisinage de l’Euphrate (voir la carte,

t. ii, fig. 623, col. 2047). Près des mines de Sivan, les sources principales, dites Outchgôl (les Trois Lacs), jaillissent à un millier de mètres à peine de la cluse profonde où coule le Mourad, et le torrent qu’elles forment se dirige au sud-ouest comme s’il allait se jeter dans l’Euphrate, à sa sortie des montagnes. Mais un autre cours d’eau, qui prend aussi son origine dans une haute vallée proche de l’Euphrate, vient à sa rencontre et l’entraîne dans la direction du sud-ouest et du sud : c’est le Didjlé, que l’on considère comme la branche maîtresse du Tigre, d’où son nom de Chat ou « Fleuve » par excellence. Il coule d’abord dans la région péninsulaire qui limite l’Euphrate en décrivant une longue série de méandres, au nord, puis à l’ouest et au sud des hautes plaines de Eharpout ; né à quelques kilomètres seulement d’un angle brusque de l’Euphrate, le Didjlé commence par chercher sa voie pour sortir du cercle immense que le fleuve rival trace autour de lui. Un petit lac d’eau saumâtre, le Gôldjuk, Gôldjik ou Gôlendjik, occupe, à une petite distance au nord et à 200 mètres plus haut, une cavité du plateau dont le rebord circulaire envoie des ruisseaux au Tigre aussi bien qu’à l’Euphrate. Récemment, à la suite d’années pluvieuses, le lac, élevant peu à peu son niveau comme la mer de Van, a fini par atteindre une brèche de rochers à son extrémité sud-orientale et par épancher son trop-plein dans le Tigre : on a même entrepris le creusement d’une tranchée pour régulariser l’écoulement du lac et en faire une source constante du fleuve. Ainsi se rapprochent les deux bassins fluviaux, au point de s’entremêler en apparence, comme pour donner raison aux descriptions des anciens auteurs. D’après une légende locale, la source du Tigre aurait été visitée par Alexandre ; on la désigne comme le « Fleuve aux deux cornes »… Arrivé dans la plaine de Diarbékir, le « Fleuve » grossit rapidement par les affluents que lui envoient les montagnes du nord. Le Batman-sou, l’un des plus abondants, est un autre Tigre par la violence de ses eaux, et son bassin, comme celui du Didjlé, commence dans le voisinage même du haut Euphrate, sur le revers méridional des montagnes de Mouch. Puis viennent l’Arzen-sou et un autre Chat, le Botan-sou, dans lequel se jette la rivière de Bitlis, née dans le massif de faible élévation qui limite au sud-ouest le réservoir du lac de Van ; ce beau torrent de Bitlis est probablement le cours d’eau qui a donné lieu aux fables, répétées par Strabon et Pline, sur le passage du Tigre à travers un lac qui ne renfermerait qu’une seule espèce de poisson ; on voyait dans les eaux du Bitlis l’écoulement souterrain du lac de Van, mais le courant du Bitlis prend son origine à un niveau plus élevé que le lac et son eau n’est pas saline et chargée de soude comme celle du réservoir fermé : c’est par la composition de l’eau que l’on pourra reconnaître s’il existe vraiment, parmi les affluents du haut Tigre, un ruisseau issu du lac d’Arménie par des galeries souterraines. « En aval de la jonction des deux Chat, Didjlé ou Tigre occidental, Botan Ou Tigre oriental, le fleuve, qui déjà roule la moitié de la masse liquide que son courant inférieur porte à la mer, tourne au sud-est pour s’engager dans une série de cluses ouvertes à travers d’âpres montagnes. Sur un espace d’environ 75 kilomètres, les sentiers abandonnent les rives et gravissent, soit à l’ouest, soit à l’est, les escarpements qui resserrent le courant ; çà et là, du haut des promontoires, on aperçoit les eaux glissant à la base de parois calcaires ou de colonnades basaltiques. En aval de cette percée, où n’osèrent pénétrer les Dix mille de Xénophon, s’ouvre une large plaine, et le fleuve serpente à son gré dans les terres alluviales ; mais bientôt après, le courant traverse d’autres remparts, et là encore ses bords sont impraticables. Les falaises et les éboulis de calcaires,