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THYATIRE — THYRSE


Séleucides, puis les rois de Pergame et les Romains s’appliquèrent à en faire une cité commerçante et riche. Elle est en plaine, ce qui est une exception assez rare dans ces contrées, et cette plaine se distingue par sa fertilité. Elle produit de riches moissons et on y cultive la vigne. Deux bosquets de cyprès encadrent Thyatire à l’est et à l’ouest (fig. 491). On n’y voit point de ruines d’anciens monuments, mais on y trouve encore les industries anciennes qui l’avaient enrichie, en particulier la tannerie et la teinturerie. La teinturerie des étoffes en rouge se faisait au moyen de la garance. La découverte de l’aniline fait disparaître cette industrie d’Ak Hissar. CXerc, De reb. Thyatir., p. 93. Une despre christianisme mêlé d’éléments disparates et idolâtriques. Les nombreuses inscriptions qu’on a trouvées à Thyatire montrent que la population de cette ville était très mélangée, Latins, Grecs, Orientaux, et la nouvelle Jézabel, qui se donnait pour prophétesse, aurait altéré la foi en la dénaturant par des éléments idolâtriques.

— Voir de Peysonnel, consul de France à Smyme, Observations historiques et géographiques sur les peuples barbares qui ont habité sur les bords du Danube et du Pont-Euxin, suivies d’un voyage à Magnésie, à Thyatire, etc., Paris, 1675 ; Ferd. Stosch, Antiquitatum Thyatirenarum libri duo, Zwollse, 1763 ; M. Clerc, De rébus Thyatirenorum commentatio

491. — Thyatire, d’après une photographie.

mières chrétiennes de Thyatire, Lydie, que saint Paul convertit à Philippes, Act., xvi, 14, 40, était wopçvipôictoXi ; , « marchande de pourpre ». Voir Lydie 1, t. iv, col. 447. Ce fut elle peut-être qui, de retour dans sa patrie, y travailla à la propagation du christianisme.

2° Lorsque saint Jean écrivit son Apocalypse, quelques années plus tard, le nombre des chrétiens s’était multiplié à Thyatire. L’apôtre loue leurs œuvres et leur foi, mais il leur reproche d’écouter Jézabel, qui se donne pour prophétesse et qui les entraîne à la fornication et à l’usage des viandes consacrées aux idoles, et il les menace de châtiments. Apoc, ii, 18-25. On admet généralement que le nom de Jézabel esl ici symbolique, par allusion à l’impie Jézabel, femme d’Achab, roi d’Israël. D’après les uns, c’est la sibylle Sambatha, qui avait en dehors de la ville un sanctuaire dont l’enceinte s’appelait « le péribole du Chaldéen », et qui était d’origine chaldëenne, perse ou juive. Suidas, voce Sambatha ; alien, Hist. var., xii, 36. Dans ce cas, elle serait la personnification d’une secte analogue à celle des nicolaïtes. D’après d’autres, c’était un personnage individuel, qui enseignait un

epigraphica, in-8°, Paris, 1893 ; E. Schùrer, Die Prophetin Isabel in Thyatira, dans les Theologische Abhandlungen, "in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 39-57.

    1. THYRSE##

THYRSE (grec : Mpo-oç ; Vulgate : thyrsus), bâton surmonté d’une pomme de pin, ou d’un bouquet de lierre ou de feuilles de vigne, que l’on portait dans les fêtes de Bacchus (fig. 492). Cf. Horace, Od., ii, 19, 8 ; Stace, Theb., ix, 614. C’était primitivement une lance dont la pointe était entourée d’une pomme de pin’ou de feuillages. — À une fête célébrée pour remplacer celle des Tabernacles, les Juifs compagnons de Judas Machabée portaient des thyrses, des rameaux verts et des palmes. II Mach., x, 7. Les thyrses désignent ici le lûlâbou le’étrôg (cédrat), t. ii, fig. 117, col. 373, qu’on tenait en main pendant les fêtes des Tabernacles. Voir Tabernacles (Fête des), col. 1961. Dans sa description de la fête juive, Plutarque, Sympos. , IV, VI, 2, parle aussi de Oupuoçôpta, « port de thyrses », parce qu’il ne connaissait pas les termes hébreux

correspondants..

H. Lesêtre.