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THARACA — THARÉ


lig. 24-28, le troisième, le seizième, le dix-huitième jour, trois fois a lieu le massacre au pays d’Egypte. Le vingt-deuxième jour, Memphis, sa ville royale, est prise, son roi s’était sauvé. Les enfants de son frère sont faits prisonniers. Son butin est emporté, ses gens sont pillés ; on enlève son trésor. » La stèle du Nahr el-Kelb, qu’Asarhaddon fit graver à côté des stèles de Ramsés II, et la stèle de Sendjirli complètent ce récit. On lit sur la dernière, mieux conservée, Schrader, Inschrift Asarhaddon’s Kônigs von Assyrien, dans Luschan, Ausgrabunden in Sendchirli, t. i, p. 30-43 : « Quant à Tarqou, roi d’Egypte et d’Ethiopie, maudit de leur divinité auguste, depuis la ville d’Ishupri (à la limite orientale de l’Egypte) jusqu’à la ville de Memphis, sa ville royale, marche de quinze jours, chaque jour sans interruption, je lui tuai beaucoup de guerriers et lui-même, cinq fois, par la flèche, le javelot, d’une blessure inguérissable je le frappai. Puis sa ville royale Memphis, en un demi-jour, par la mine, le bélier, la nabalkatlu (escalade ?), je l’assiégeai, la pris, la dévastai, la détruisis ; je l’incendiai par le feu. Son épouse royale, ses dames du palais, Oushanahorou, son propre fils, le reste de ses fils, de ses filles, ses biens, son trésor, ses chevaux, ses bœufs, son petit bétail sans nombre, j’emportai au pays d’Asour. J’arrachai du pays d’Egypte la racine d’Ethiopie, et je n’y en laissai pas un pour se soumettre. » Traduction Dhorme, loc. cit., p. 215. Tharaca disparut en Ethiopie. Le vainqueur ne le suivit pas, mais sans retard il organisa sa conquête. « Sur tout le pays d’Egypte, j’installai en masse des rois, des gouverneurs, des lieutenants, des hauts dignitaires, des fonctionnaires, des scribes. J’établis pour toujours des sacrifices permanents à Asour et aux dieux grands mes seigneurs. Je lui imposai un tribut et une redevance à ma seigneurie, pour chaque année, sans cesser. » Ces « rois, gouverneurs, préfets », au nombre de vingt, étaient des Égyptiens, Cylindre À d’Assurbanipal, col. i, dans G. Smith, History of Assurbanipal, 1871, p. 20-22, et parmi eux figure le gouverneur de Thèbes, ce qui nous prouve que tout s’inclina devant le vainqueur, de la première cataracte à la Méditerranée. Dès lors, sur ses monuments, Asarhaddon allonge son protocole, et il s’intitule « roi des rois d’Egypte (Musur), de Patros [Paturisi, voir Phatubès, t. v, col. 225-226) et d’Ethiopie », à commencer par la stèle de Sendjirli. Sur ce dernier monument, fig. 620, t. ii, col. 2011, on le voyait « debout, et agenouillés devant lui deux prisonniers qu’il bridait au moyen d’une corde et d’un anneau de métal rivé à travers leurs lèvres, Baâl de Tyr et Taharqou de Napata, l’urœus au front. » Maspero, loc. cit., p. 375 et fig. Ainsi commençait de s’accomplir la prophétie faite au temps de Sargon, Is., xx, 3-6 : « Et le Seigneur dit : De même que mon serviteur Isaïe est allé nu et déchaussé trois ans, signe et présage contre l’Egypte et l’Ethiopie ; ainsi le roi d’Assyrie emmènera les captifs de l’Egypte et les exilés de l’Ethiopie ; jeunes et vieux, nus et déchaussés, et les reins découverts. Et ceux qui comptaient sur l’Ethiopie, et qui étaient fiers de l’Egypte, seront consternés et confus. Les habitants de ces côtes diront ce jour-là : Les voilà donc ceux sur qui nous comptions, vers qui nous voulions fuir, chercher refuge et protection contre le roi d’Assyrie ! Et nous, comment échapper ? » Encore un peu et l’on verra la prophétie entièrement réalisée.

3° Contre Assurbanipal (669-664). — À peine était-il de retour à Ninive qu’on vint dire à Asarhaddon que Tharaca avait repris l’offensive. Le pharaon était de nouveau maître de Thèbes et de Memphis (669). S’il ne put aller plus loin, c’est que Néchao, dynaste de Sais, et ses voisins n’osèrent pas prendre parti contre l’étranger. Annales d’Assurbanifal, col. i, lig. 52-63 ;

G. Smith, loc. cit., p. 5-17, 36-37. Bien que malade, Asarhaddon partit à la tête de ses troupes, mais il mourut sur le chemin de l’Egypte, le 10 du mois de Marchesvan (octobre-novembre, 669). Chronique babylonienne, col. iv, lig. 30-32 ; Vigouroux, loc. cit., p. 618 ; Maspero, loc. cit., p. 381 et n. 1. L’armée assyrienne, aux ordres d’un tartan, Tablette K 2675-K 228 du Brilish Muséum, lig. 11-13 ; G. Smith, loc. cit., p. 38, n’en continua pas moins sa marche. La rencontre eut lieu à Karbaniti, dans le Delta oriental ou central. Vaincu de nouveau, Tharaca « sortit de Memphis, sa ville royale, sa forteresse, et, pour sauver sa vie, il monta sur un bateau, quitta son camp, s’enfuit tout seul et entra dans Thèbes. » Tablette K 2675 et K 228, lig. 20 sq. ; Dhorme, loc. cit., p. 347. Des renforts survenus aux Assyriens leur permirent de s’enfoncer au sud. Tablette K, loc. cit., lig. 25-29 ; G. Smith, loc. cit., p. 40-41. Allèrent-ils jusqu’à Thèbes ? Il ne le semble pas. Goodspeed, À history of the Babylonians and Assyrians, 2e édit., 1906, p. 303304. Derrière eux, les princes du Delta se révoltèrent, d’intelligence avec Tharaca, Et les généraux assyriens « rebroussèrent, saisirent les chefs de la conjuration, Sarloudari de Tanis, Paqrourou de Pisoupti et Néchao, qu’ils envoyèrent à Ninive chargés de chaînes ; ils saccagèrent, pour l’exemple, Sais, Mendès et Tanis, qui avaient été les premières du complot, et leurs succès arrêtèrent la marche de Tharaca. L’Éthiopien se retira à Napata, abandonnant Thèbes à son sort. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 6e édit., 1904, p. 537. Tout rentra dans l’ordre, un lourd tribut fut exigé. Thèbes elle-même dut se racheter « par la remise d’une moitié du trésor sacré que le temple d’Amon possédait. » Maspero, loc. cil. C’en était assez pour qu’Assurbanipal se vantât d’avoir emporté Thèbes : « Je pris.cette ville, j’y fis enlrer mes troupes et les y installai. » Cylindre de Rassam, col. i, lig. 89 ; Dhorme, loc. cit., p. 347. Sur cette campagne contenue dans les tablettes K 2675-K 228, et où Assurbanipal prend à son compte tous les débuts en s’attribuant les exploits de ses généraux, voir Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. iii, 1899, p. 380, 384-385 ; G. Smith, loc. cit., p. 1523, 30-44 ; Jensen, Inschriften Aschurbanipal’s, dans Schrader, Keilinschriflliche Bibliothek, t. ii, p. 158159 ; Dhorme, loc. cit., p. 345-349. Pendant qu’Assurbanipal rétablissait Néchao dans tous ses droits et s’en faisait un appui désormais fidèle, G. Smith, loc. cit., p. 44-47 ; pendant que Montoumhat, gouverneur de Thèbes, réparait les désastres de l’invasion en Haute-Egypte et restaurait le trésor des temples, E. de Rougé, loc. cit., p. 17-20 ; Breasted, loc. cit., p. 458-465, Tharaca se tenait coi à Napata, abandonnant de gré ou de force le pouvoir au fils de sa femme, à Tanoutamen. Il ne tarda pas à mourir, et, par ses intrigues, Tanoutamen attira une dernière fois les Assyriens. À ce coup, l’ouragan passa sur Thèbes (666), voir No-Amon, t. iv, col. 647, 651, marquant la fin des Éthiopiens en Egypte et le suprême effort de Ninive avant la déchéance. C. Lagier.

    1. THARANA##

THARANA (hébreu : Tirhânâh ; Septante : ©àpoeu.), fils de Caleb l’Hezronite et de Maacha, sa femme de second rang. I Par., ii, 48.

1. THARÉ (hébreu : Téralf ; Septante : ©àppot, ©âpoc), ancêtre des Hébreux, père d’Abraham, de Nachor et d’Aran. Il descendait de Sem et fut engendré par Nachor, fils de Sarug, à l’âge de vingt-neuf ans. De lui sortit une nombreuse postérité : Israélites, Ismaélites, Édomites, Madianites, Moabites et Ammonites. Gen., xi, 24r32 ; IPar., i, 26. Il avait été polythéiste, Jos., xxiv, 2, et habitait à Ur en Chaldée. Gen., xi, 28. Dans un âge