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THARACA


Sabataka, avec « leurs archers, chars et chevaux de. guerre. » Prisme de Taylor, loc. cit., lig. 73-76. Mais j Sabataka ne se mit pas à la tête de ses contingents. Il les confia à Tharaca. La Bible, IV Reg., xix, 9, et Is., ’xxxvii, 9, nous l’apprend : « Et Sennachérib reçut une nouvelle au sujet de Tharaca, roi d’Ethiopie. On lui dit : Voici qu’il s’est mis en marche pour vous combattre. » La qualification de mélek Cus, BaaiXe-Jî Aî8 ! (Siry, n’a rien d’insolite pour Tharaca, personnage de sang solaire, délégué de Napata en Basse-Egypte, y faisant fonction de vice-roi avec autorité sur les roitelets vassaux. Il intervenait naturellement en la circonstance comme bras droit du pharaon. Il est donc inutile de couper en deux le récit biblique et de renvoyer les événements contenus IV Reg., xviii, 17 ; xix, à une seconde campagne de Sennachérib diffférente de celle de 701 et qui aurait pris place en 690, alors que Tharaca était devenu pharaon à son tour. La meilleure exposition de cette hypothèse, due à Winckler ; se trouve dans Dhorme, loc. cit., p. 512-513, 516-518, qui l’admet. Cf. Condamin, Babylone et la Bible, dans A. d’Alés, Dictionnaire apologétique, col. 356 et n. 1, qui, avec beaucoup d’autres, la rejette comme insuffisamment fondée.

Donc Tharaca arrivé, « l’armée coalisée se cantonne à Altaqu-u (Elteqéh), ville lévitique de la tribu de Dan. Dans la suite du récit, cette Altaqu-u est mise en relation avec Taamnaa, qui est la ville danite de Timnâ (aujourd’hui Tibnéh), au sud-ouest d’Ain Sems (Be(-Séméë). C’est dans la grande plaine qui s’étend au sud d’Accaron et à l’ouest de Timnâ qu’il faut localiser Elteqéh, le champ de bataille où vont se heurter de front les deux armées. » Dhorme, loc. cit., p. 509. « Grâce à la protection de mon seigneur Asur, nous dit Sennachérib, je combattis avec eux et je les défis. Au milieu du combat, mes mains prirent vivants le chef des chars et les enfants d’un roi des Égyptiens, ainsi que le chef des chars du roi d’Ethiopie. J’assiégeai Elteqéh et Tamnâ, je les pris et j’emmenai leur butin. >> Prisme de Taylor, col. ii, lig. 76-83, traduction Dhorme, loc. cit. En somme, ce n’est là qu’un maigre bulletin de victoire, tenant peu de place dans l’ensemble du récit. On n’enregistre ni le nombre des tués et des prisonniers ni le montant du butin. Cela dit assez que l’action ne fut pas décisive et que Tharaca put se replier en bon ordre. Cf. Vigouroux, loc. cit., p. 36. Sennachérib n’en fut que plus acharné à se frayer le chemin de l’Egypte, l’âme de toutes les coalitions et le principal objet de sa haine. En toute hâte, il prend Accaron, quarante-six villes fortes de Juda, envoie investir Jérusalem et sommer par deux fois Ézéchias de se rendre, cet Ézéchias auquel le rabSaqê dit : « Tu as pris pour soutien ce roseau brisé qui perce et blesse la main de celui qui s’y appuie. Tel est le pharaon, roi d’Égyple, pour tous ceux qui espèrent en lui. » Is., xxxvl, 6. À la première sommation, le saint roi consent à rendre la liberté à Padii d’Accaron et à payer un tribut. À la seconde, et quand tout semble perdu, il reprend confiance, car Isaïe lui promet le salut. Pour tous ces faits, voir IV Reg., xviiixix ; Is., xxxvi-xxxvii ; II Par. xxxii ; Prisme de Taylor, col. 3, dans Vigouroux, loc. cit., p. 37-60 ; Josèphe, Ant. jud., X, i. Pour la discussion des faits, voir Vigouroux, loc. cit., p. 37-60 ; Condamin, loc. cit. ; Dhorme, loc. cit., p. 509-513, 516-518. Et voici que Sennachérib, laissant Ézéchias bloqué et enfermé dans Jérusalem, « comme un oiseau dans sa cage, » Prisme de Taylor, col. ii, lig. 20, se porte vers les frontières de l’Egypte. « Or, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatrevingt-cinq mille hommes dans le camp des Assyriens. Et quand on se leva le matin, c’étaient tous des cadavres sans vie. Alors Sennachérib partit et s’en alla, et s’en retourna et il demeura à Ninive. » Is., xxxvii,

36-37 ; IV Reg., xix, 35-36. Du coup, Jérusalem était délivrée et l’Egypte sauvée. Le récit biblique de cette catastrophe, probablement une peste violente, est confirmé par Hérodote, ii, 141. C’est le même fait, avec intervention divine, mais expliqué autrement et localisé à Péluse. Cf. Josèphe, loc. cit., v ; Maspero, loc. cit., p. 293-295.

2° Contre Asarhaddon (676-669). — Héritier de la haine de son père, Asarhaddon ne se repose de ses autres campagnes qu’en préparant l’invasion de l’Egypte. Aux menées de Tharaca, dont il faut voir la main dans la révolte de la Phénicie en 676, il répond par la prise de Sidon. « J’approchai, nous dit-il, sa muraille et son assise, je les jetai dans la mer, je détruisis l’endroit où elle était située. « Prismes À et C, col. i, lig. 10-54, et Prisme brisé, col. i, lig. 27-30, dans Schrader, loc. cit., t. ii, p. 124-127 et 144-145. — En 675, il marche contre l’Egypte. Chronique babylonienne, col. iv, lig. 10 ; Winckler, Babylonische Chronik B, dans Schrader, loc. cit., p. 282. Mais rappelé en Asie, il ne dépasse pas le torrent d’Egypte, nahal Musri, c’est-à-dire î’Ouadi el-Arisch. Prismes À et C, col. i, lig. 55-58, loc. cit., p. 130-131. — En 674, nouvelle expédition contre l’Egypte, Chronique babylonienne, col. IV. lig. 16, loc. cit.. p. 284-285, sans y pénétrer encore, car dans les inscriptions des prismes qui datent de l’année suivante, la titulature d’Asarhaddon ne comprend pas « la mention de sa souveraineté sur l’Egypte, » et parmi les vassaux qu’énumère le Prisme brisé, col. v, lig. 12-26, Budge, The history of Esarhaddon, 1880, p. 100-103, « ne figure aucun souverain du Delta ou de l’Ethiopie. » Dhorme, loc. cit., 1911, p. 207. Quelques-uns même interprètent ici la Chronique babylonienne dans le sens d’une défaite des Assyriens. Knudtzon, Assyrische Gebete an den Sonnengott, 1893, t. i, p. 59. Et l’on s’explique alors que Tharaca ait fait graver dans la grande cour de Karnak et sur la base de sa statue, Mariette, Karnak, 1875, pi. xlv a et p. 66-67, des listes de peuples empruntées à Séti I er et à Ramsès II, où figure Asour parmi les vaincus. Maspero, loc. cit., p. 368. On s’explique aussi la stèle triomphale de l’an XIX, gravée à mi-chemin entre Kalabséh et Taféh, en Basse-Nubie, sur la rive ouest, par Tharaca, <i l’aimé d’Amon-rà, maître de Karnak, donnant la vie, la stabilité, la force, la puissance, comme Râ, éternellement. » Weigal, Vpper egyptian Notes, dans Annales du service des Antiquités, t. ix, 1908, p. 105-106. Recul ou même défaite, Asarhaddon n’en avait pas moins pacifié le désert arabe et transformé les tribus en auxiliaires pour les campagnes à venir. « La Syrie, la Palestine, le nord de l’Arabie » sont désormais « autant de relais sur La route d’Egypte. » Dhorme, loc. cit., p. 207-209, 215-216. — En 671, Baal, roi de Tyr, rompt un traité qui le liait à Asarhaddon, Winckler, Altorienlalische Forschungen, t. ii, 1893, p. 10, pour s’unir à Tharaca. C’est l’occasion d’une nouvelle offensive. « Dans le cours de ma campagne, dit Asarhaddon, contre Baal, roi du pays de Tyr, qui, s’étant fié sur Tarqou, roi d’Ethiopie, son ami, avait secoué le joug de mon seigneur Asour et avait répondu des insolences, j’élevai solidement contre lui des travaux de siège et je lui fermai les vivres et l’eau qui sont la vie de leur âme. » Winckler, Keilinschriftliches Textbuch zum Allen Testament, 3e éd., p. 5253 ; Dhorme, loc. cit., p. 213. Tyr demeurant bloquée, le Sargonide s’engage dans le désert avec le gros de son armée et parvient à Raphia, à côté du torrent d’Egypte, « endroit qui n’a pas de fleuve. » On eut recours à l’eau des citernes et à l’eau apportée à dos de chameau par les Bédouins alliés. Sur l’itinéraire d’Asarhaddon, cf. Dhorme, loc. cit., p. 214. Mais le Nil n’était plus qu’à quelques journées. « Au mois de Tammouz, nous dit la Chronique babylonienne, col. iv,