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TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT


de Robert Estienne. Voir plus haut, t. v, col. 519-520. Diverses éditions mêlent le texte de la Polyglotte d’Anvers avec celui de Robert Estienne. Les Elzévirs donnèrent à Leyde ou à Amsterdam sept éditions successives : 1624, 1633, 1641, 1656, 1662, 1670, 1678. Dans la préface de l’édition de 1633, on lit ces mots devenus célèbres : Textum ergo habes nunc ab omnibus receptum, in quo nihil immutatum aut corruptum damus. C’est de là qu’est venu au texte de cette édition et des suivantes le nom de texte reçu. Le texte est emprunté à la quatrième édition d’Erasme, à celle de la Polyglotte d’Alcala, à la troisième et à la quatrième de Robert Estienne et enfin à la première de Bèze ; quelques leçons seulement ont été directement extraites des manuscrits. La Polyglotte de Lejay ou de Paris ne fait que rééditer, en 1630 et 1633, le texte de la Polyglotte d’Anvers. Voir t. v, col. 521. Celle de Walton ou de Londres, 1657, t. v, répète le texte de Robert Estienne, en y ajoutant quelques variantes. Ibid., col. 523. Etienne de Courcelles fait imprimer à Amsterdam, chez les Elzévirs, en 1658, un Nouveau Testament grec, dont le texte était emprunté à l’édition elzéviriennede 1633 un peu modifiée. Une liste de variantes est donnée à la fin du volume. Des rééditions sans changement ont paru en 1675 et en 1685.

Les premiers éditeurs du Nouveau Testament grec étaient des lettrés, des hellénistes, déterminés dans leur travail, tous, par l’amour du grec et le désir d’offrir au public les sources de la littérature chrétienne, et plusieurs par l’idée de la supériorité du texte grec sur la Vulgate latine. Ils n’avaient à leur disposition qu’un petit nombre de manuscrits : Érasme, cinq, qu’il trouvait à Bàle (ils sont parmi les premiers numéros des cursifs) ; Robert Estienne, seize, de la bibliothèque royale à Paris. Nous ignorons ceux dont disposèrent les éditeurs de la Polyglotte d’Alcala et les Elzévirs. C’étaient presque tous des cursifs récents, reproduisant le texte prédominant dans l’Église grecque depuis le Ve siècle. Théodore de Bèze consulta bien deux onciaux, mais pour leur emprunter seulement quelques leçons. Ces éditeurs publiaient le texte de leurs manuscrits, et pas toujours avecune parfaite correction. Robert Estienne y ajouta quelques varianles dans son édition de 1550. Les derniers éditeurs de cette période multiplièrent progressivement le nombre des variantes. Mais ils ne relevaient que les leçons les plus importantes, ne se préoccupant pas des différences de détail ; leurs collations sont à vérifier. Bref, sauf la Polyglotte d’Alcala et Pédition de Bèze, qui ont quelques bonnes leçons, le texte imprimé durant toute cette période n’est que le texte syrien de Hortet Westcott, celui de la lïoivi, , selon von Soden, le moins bon qui ait jamais existé. Aussi l’adage s’est-il répandu chez les critiques plus récents que le texte reçu, que reproduisent ces éditions, est à rejeter : Textus receptus, sed non recipiendus.

2° période, Î615-1830. — John Fell.évêque d’Oxford, édita en 1675, à Oxford, un Nouveau Testament grec complet. Il reproduisait le texte reçu, mais en y joignant un nombre considérable de variantes, tirées des éditions de Robert Estienne, de Walton, etc., de plus de cent manuscrits, collationnés par lui pour la première fois, en particulier ceux de la bibliothèque bodléienne, et des versions copte (bohaïrique) et gothique. John Gregory réédita cette édition presque sans changement, en 1703. En 1707, John Mill publiait à Oxford une nouvelle édition, in-f ». Le texte reproduit était celui de Robert Estienne (1550), un peu. corrigé ; mais il était accompagné de 30000 variantes, a-t-on dit, extraites de 78 manuscrits, dont huit onciaux, et des anciennes versions latines, de la Vulgate et de la Peschito. De savants prolégomènes précédaient l’édition. L. Kusteren donna une seconde édition, avec quelques nouvelles variantes, Amsterdam, 1710. Comme elle ne s’écoulait

pas, elle reçut de nouveaux titres, à Leipzig, en 1723, et à Amsterdam, en 1746.

En 1707, commença à se dessiner un mouvement qui devait aboutir à l’abandon du texte reçu. N. Toinard édita à Orléans une Evangéliorum harmonia grsecolatina, d’après deux manuscrits du Vatican seulement, mais très anciens, et d’après la Vulgate latine, très ancienne aussi. De 1709 à 1719, Edouard Wells publia en dix parties tout le Nouveau Testament grec avec une version anglaise et des notes critiques. Le texte était corrigé d’après les manuscrits, et il présentait de nouvelles leçons, que les éditeurs modernes adopteront. Gérard de Maëstricht réédita à peu près fidèlement le texte de Fell, en 1711, avec quelques notes et variantes, Wettstein en fit un seconde édition en 1735. En 1713. Richard Rentley projetait une édition, fondée exclusivement sur les manuscrits grecs et latins les plus anciens, abstraction faite des récents. Il fit collationner plusieurs onciaux, entre autres le Vaticanus. Mais son projet fut chaudement discuté et l’édition ne parut pas. Le premier, il distingua les manuscrits en familles. Dans son édition, publiée à Londres en 1729, G. Alace introduisit dans le texte un certain nombre de nouvelles leçons, qui ont obtenu le suffrage des critiques récents. En 1734, Bengel édita encore à Tubingue le texte reçu, modifié cependant en plusieurs endroits ; mais, au lieu d’entasser les variantes sans ordre, comme le faisaient ses prédécesseurs, il les classa, le premier, d’après leur caractère et leurs ressemblances. Il en distingua cinq classes : les authentiques, celles qui sont meilleures que les leçons du texte imprimé, celles qui sont de valeur égale aux leçons imprimées, celles qui sont moins fondées, enfin celles qu’on ne peut accepter. Voir t. i, col. 1586. Tout en donnant la préférence aux leçons des plus anciens manuscrits, aux citations des Pères grecs, aux versions anciennes, Wettstein cependant suivit encore de très près le texte reçu, tant était forte la tyrannie de l’usage, dans son édition publiée à Amsterdam en 1751 et 1752. Semler ne fit pas d’édition du Nouveau Testament grec. Ses idées influèrent cependant beaucoup sur la critique textuelle néo-testamentaire. Il employa le premier le mot de recension et il en distingua deux d’abord (1765) : la recension orien taie ou de Lucien, la recension occidentale, égyptopalestinienne, ou d’Origène ; puis (1767) trois : l’alexandrine, l’orientale (Antioche et Constantinople) et l’occidentale. Elles étaient mêlées dans les manuscrits récents. Son disciple, Griesbach, suivit la même voie et groupa les anciens documents par familles ou recensions. Son texte du Nouveau Testament, édité à Halle de 1774 à 1777, contenait un certain nombre de leçons nouvelles, qui ont été maintenues dans les- éditions critiques postérieures. Une seconde édition, publiée à Halle en 1796 et en 1806, présentait quelques modifications, sept leçons nouvelles seulement, mais elle était accompagnée d’un apparat critique plus développé encore que celui de la précédente. En 1776, Edouard Harwood avait donné à Londres une édition, fondée surtout sur le codex Bezse, pour les Évangiles et les’Actes, sur le Claromontanus pour les Épîtres de saint Paul et sur Y Alexandrinus pour les passages qui manquaient dans ces deux manuscrits. Voir t. iii, col. 348-349.

Christian Frédéric Matthâi réagit contre la tendance de ses prédécesseurs à établir leur texte principalement sur les anciens manuscrits. Son édition, publiée en 12 tomes, Riga, 1782-1788, repose sur les manuscrits récents et donne par conséquent un texte peu différent du texte reçu ; mais elle est importante pour les variantes nouvelles qu’elle contient, tirées de manuscrits qui n’avaient pas encore été collationnés. Matthâi a ainsi fourni à ses successeurs des matériaux excellents, qu’ils ont pu utiliser grâce à lui. Il a publié une autre