Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1089

Cette page n’a pas encore été corrigée
2127
2128
TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT


comprend aisément, puisque cette recension, étant prédominante, a été copiée le plus souvent. Son texte a subi les modifications les plus variées, principalement dans les Évangiles. La plus ancienne forme pour ces livres est K 1. Elle est contenue dans trois onciaux, Q, M, 3, desquels sont sorties de nombreuses copies du XI" au XIIe siècle, alors qu’il n’y en a que trois du XIIIe et six du XIVe ; ce sont les derniers témoins de cette forme, qui a été très répandue. Son texte est altéré par un certain nombre de leçons de H, surtout pour l’orthographe, qui se trouvent pour une part dans les types plus anciens, H r, , 1, ou dans le type postérieur K r. Voir K. Lake, Texts front Mount Alhos (Q), dans Studia biblica et ecclesiastica, Oxford, 1903, t. v, p. 91-185. Une autre forme, K.', a des leçons de, 1. Elle se rencontre dans les quatre onciaux, E (S 55), F (S 86), G (B87) et H (8 88), mais dans aucun des cursifs étudiés jusqu’ici. Le mélange des leçons est un peu différent dans chaque manuscrit ; leur parenté résulte d’un petit nombre de leçons spéciales, qu’ils ont en commun. La forme K ik représente K, influencé par J k ; elle est reproduite dans un très grand nombre de manuscrits et dans un commentaire de l'école d’Antioche. Certaines particularités montrent qu’elle a été adaptée à l’usage liturgique. On ne sait rien sur l'époque de sa formation. Quelques fragments qui la contiennent sont antérieurs au Xe siècle. Les manuscrits de la forme K x sont nombreux aussi ; leur texte, malgré de légères différences, a gardé une grande unité. C’est un type intermédiaire entre K' et K'. Il a été prédominant au moyen âge à partir du Xe ou du XIe siècle. K r est une revision de K, une édition ecclésiastique, faite à Constantinople au XIIe et peut-être déjà au XIe siècle pour l’usage liturgique. Elle a passé ensuite à l’usage des particuliers. On en connaît 196 manuscrits, échelonnés du xii « au xvi" siècle. Ceux qu’a copiés Théodore Hagiopetrita sont du nombre. Cette recension n’a pas été répandue en Occident. Mais la plus ancienne forme connue de K est K a. L’Alexandrinus (8 4) est son plus ancien témoin. Elle se retrouve dans des manuscrits, qui reproduisent vraisemblablement le texte de saint Marc, commenté par Victor d’Antioche, et celui de saint Luc, commenté par Tite de Bostra. Sur ce dernier, voir J. Sickenberger, Titus von Bostra. Sludien zur dessen Lukashomilien, dans Texte und Vntersuchungen, Leipzig, 1901, t. xxi, fasc. 1. C’est la Koivrj, telle qu’elle existait à Antioche, Die Schriften des N. T., t. i, p. 717-893. _

Pour les Actes, les Épitres catholiques et les Épîtres de saint Paul, M. von Soden n’a distingué que deux types de la recension K : K r, qui est une forte revision, très conservatrice, faite pour l’usage liturgique, et K c, qui se rencontre dans les manuscrits qui ont servi à établir l'édition de la Polyglotte de Complute. lbid., t. i, p. 1760-1772, 1873-1877, 1915-1921. Pour l’Apocalypse, il a constaté dans les manuscrits de K de nombreuses leçons particulières avec quelques leçons du texte de saint André de Césarée. Cependant d’autres variantes permettraient de conjecturer l’existence de deux types distincts. Les manuscrits du commentaire d'Œcuménius forment, au moins, un groupe à part. Il y a lieu encore de distinguer ici le type K r. lbid., p. 2043-2050.

Il reste beaucoup à faire pour déterminer la date et la patrie de ces différents types de textes aussi bien que la méthode suivie pour leur établissement, lbid., p. 2129-2130. Les groupements obtenus sont un premier résultat fort appréciable, et personne ne peut refuser à M. von Soden l’honneur d’avoir répandu déjà une grande lumière dans le chaos des manuscrits grecs du Nouveau Testament du Ve au xvie siècle.

II. Histoire du texte imprimé. — Si l’imprimerie à ses débuts a multiplié les éditions de la Bible, elle n’a

édité que la Bible latine. Du texte grec du Nouveau Testament, il ne parut, avantl516, que des fragments : le Magnificat et le Benediclus à la suite du Psautier grec, Milan, 1481 ; Venise, 1486 ; les qualorze premiers versets du quatrième Évangile, chez Aide Manuce, à la suite des Constantini Lascaris Erolemata, Venise, 1495 ; les six premiers chapitres de cet Évangile, chez le même imprimeur, dans une édition latine des poèmes de saint Grégoire de Nazianze, Venise, 1504 ; les quatorze premiers versets de saint Jean avec l’oraison dominicale, Tubingue, 1512, 1514. À partir de 1516, le nombre des éditions du Nouveau Testament grec est fort considérable. Edouard Reuss, en 1872, en avait compté 484 réellement différentes, 98 dont le titre seul avait été changé et 149 rééditions. Il avait examiné personnellement 535 éditions et 120 rééditions. Bibliotheca Kovi Testamenti grseci, Brunswick, 1872. Quelques anciennes éditions avaient cependant échappé à ses recherches, et depuis l’apparition de son livre, de nouvelles éditions ont été publiées encore. Malgré ce nombre considérable d'éditions, l’histoire du texte grec imprimé du Nouveau Testament est assez peu compliquée, parce que le plus grand nombre des éditions ne se distinguent de quelques types importants, tels que les éditions d'Érasme, des Estienne, de Théodore de Bèze, que par d’insignifiantes corrections. Nous n’exposerons ici cette histoire que par les sommets, en mentionnant les éditions qui comptent et en indiquant les principes suivis pour l'établissement de leur texte.

Elle se partage tout naturellement en trois périodes distinctes par les principes suivis : la première, de 1514 à 1658 ; la deuxième, de 1675 à 1830, et la troisième, de 1831 à 1911.

1° période, 1514-1658. — Le premier texte grec complet du Nouveau Testament qui ait été imprimé est celui de la Polyglotte de Complute ou d’Alcala, t. v, achevé d’imprimer le 10 janvier 1514, mais publié seulement en 1522. Voir t. v, col. 517. Le premier qui ait été publié est celui d'Érasme, in-f°, Bâle, février 1516 ; 2e édit., mars 1519 ; 3 B, 1522 (avec le verset des trois témoins célestes) ; , 4e améliorée, 1527 ; 5e, 1535. Voir t. H, col. 1903-1905 ; A. Bludau, Die beiden erslen Erasmus-Ausgaben des N. T. undihre Gegner, dans Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. vii, fasc. 5. Les Aides avaient reproduit à Venise, en 1518, la première édition d’Erasme, un peu corrigée. En 1534, Simon de Colines publia à Paris un Nouveau Testament grec, selon la troisième édition d'Érasme, dans laquelle il introduisit, d’après des manuscrits inconnus, quelques leçons nouvelles, que les critiques modernes ont trouvées excellentes. Robert Estienne, dont la mère avait épousé en secondes noces Simon de Colines, publia successivement quatre éditions du Nouveau Testament grec : la première nommée O mirificam, des premiers mots de la préface, qui louait la munificence du roi Henri II, est de 1546, 2 vol. ; elle est faite d’après la 5e édition d'Érasme et celle de la Polyglotte d’Alcala j la seconde, de 1549, diffère de la précédente en 67 passages ; la troisième, dite regia parce qu’elle est dédiée au roi de France, est la plus célèbre et la plus importante, car elle est le fond du textus receptus ; la quatrième, Genève, 1551, a la division en versets, marquée pour la première fois en chiffres. Voir t. ii, col. 1982-1983. De nombreuses éditions postérieures ne font que mêler les leçons d’Estienne à celles d'Érasme. Théodore de Bèze donna, à Genève, quatre éditions du Nouveau Testament grec, 1565 (4e édition d’Estienne), 1582 (pour laquelle il s’est servi des deux manuscrits onciaux qui lui appartenaient alors, le Codex Bezee et le Cantabrigiensis), 1588 et 1589 (peu différente de la seconde), 1598 (reproduction de la troisième). Voir t. i, col. 1773. Le texte de la Polyglotte d’Anvers, t. v, 1571, et t. viii, 1572, est emprunté à la Polyglotte d’Alcala avec quelques leçons ;