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TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT

Chrysostome, les Pères cappadociens et Théodoret. Cf. S. K. Gifforth, Pauli Epistolas qua forma legerit Joannes Chrysostomus, dans Dissertationes philologicæ Halenses, Halle, 1902, t. xvi, fasc. 1. Elle était donc très répandue en Syrie et dans l’Asie Mineure, au moins dans la seconde moitié du IVe siècle. Elle est à la base de la version gothique des Évangiles, voir Ulfilas, et elle a été constituée probablement à Antioche par saint Lucien († 312). Die Schriften des Neuen Testaments, 1. 1, p. 1456-1472, 1760-1761, 1873-1874, 1875-1877, 1919-1921, 2043-2046.

La recension H a gardé une grande unité et elle est nettement caractérisée. Elle est contenue, pour les Evangiles au moins, en une cinquantaine de manuscrits, dont les principaux, parmi les onciaux, sont le Vaticanus (δ 1), le Sinaiticus (δ 2), l’Ephræmiticus (δ 3) et le manuscrit W, de l’Athos (δ 6). Elle a été très répandue à une époque ancienne. Ces manuscrits, malgré des divergences de détails, présentent un fond unique et ne forment pas des doublets. Les versions coptes, sahidique et bohaïrique, s’en rapprochent. Les leçons « égyptiennes » ne sont pas primitives dans la recension ; elles proviennent, dans les manuscrits, des copistes ou des versions coptes. Une partie du fond commun aux manuscrits et à ces traductions vient d’Origène, et on constate l’influence directe de ses commentaires de saint Matthieu et de saint Jean. La recension H n’a aucune des leçons propres aux versions syriaques. Elle s’écarte rarement du texte I-H-K, sinon pour des formes de langage ou dans des leçons combinées de passages parallèles. Elle omet ce qui lui paraît superflu ; elle introduit de légers changements de construction ou de dialecte, et modifie quelques mots. C’est une véritable recension. L’auteur s’attache le plus qu’il peut à l’ancien texte, dont il retient même la forme, sauf pour l’orthographe et la langue, pour lesquelles il sacrifie aux goûts de son milieu. Fréquemment, il fait attention à la place des mots et il se complaît à mêler les passages parallèles, presque autant que l’auteur de la Κοινή. Il a fait peu de modifications importantes, et on ne peut signaler, dans les Évangiles, que Matth., xxvii, 49 (addition d’après Joa., xix, 34) ; Luc, xi, 53 ; xxi, 24. Il faut rapprocher de son texte les Pères alexandrins, non pas ceux de la seconde moitié du IIIe siècle, qui citent I-H-K, voir ibid., p. 1521-1524, mais ceux du IVe siècle, saint Athanase, Didyme l’Aveugle et saint Cyrille d’Alexandrie. Cf. E. Klostermann, Ueber den Didymus von Alexandrien in Epistolas canonicas, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1905, t. xxviii, fasc. 2 ; G. Bardy, Didyme l’Aveugle, Paris, 1910, p. 199-201, 210-217 ; J. Sickenberger, Fragmente der Homilien des Cyrill von Alexandrien zum Lukasevangelien, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1909, t. xxxiv, fasc. 1, p. 64-108. Il faut en rapprocher aussi les versions coptes. Voir t. ii, col. 948-949. Cette recension a donc été faite en Egypte, puisqu’il n’y a que des Pères égyptiens pour la citer et qu’elle a servi de fond aux versions coptes. Le Vaticanus et le Sinaiticus, qui la représentent, sont d’origine égyptienne. C’est la recension que saint Jérôme attribue à Hésychius. Voir W. Bousset, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1894, t. xi, fasc. 4, p. 74-110. Voir aussi plus haut, t. iii, col. 667-668. Elle n’est pas identique an texte alexandrin de Hortet Westcott et elle est postérieure à la date que ces critiques attribuaient à ce texte. Elle a été faite vers le même temps que la recension d’Antioche, à la fin du iiie siècle ou au commencement du IVe. Die Schriften des N. T., t. i, p. 1000-1040, 1471-1492, 16531686, 1861-1868, 1921-1931, 2067-2074.

En plus de ces deux recensions du IVe siècle, un texte distinct et bien caractérisé s’est manifesté à M. von Soden dans les manuscrits ; il a donc fallu conclure à l’existence d’une troisième recension. Elle ne s’est pas conservée dans les anciens manuscrits aussi pure que celle d’Hézychius et elle a duré moinslongtemps ; elle n’est pas restée non plus identique à elle-même comme la précédente, qui a été presque stéréotypée, et elle a reçu de fortes altérations par l’introduction des leçons de K dans son texte. Dégagée de ces altérations et fixée dans les parties communes à ses différents types, elle peut être reconstituée avec certitude dans la plupart des cas, et elle se retrouve pure dans quelques fragments onciaux, et peu mêlée en divers manuscrits, notamment dans le groupe ii, comprenant les manuscrits de pourpre, ε17-21, du vie siècle, copiés à Constantinople ou en Asie Mineure. Elle n’avait probablement pas la section de la femme adultère. Ses leçons particulières ne sont pas essentiellement plus nombreuses que celles de K. Elle omet quelque » passages ou mots peu importants. Ses variantes les plus caractéristiques sont ses additions. Dans l’ensemble, elle a conservé très fidèlement le texte antérieur, et elle y a introduit peu de particularités sous le rapport de la langue, moins que ii, et les textes modifiés par l’influence des passages parallèles y sont aussi moins nombreux. Elle est donc, des trois recensions, celle qui se rapproche le plus de l’ancien texte. Il est impossible de déterminer si ses leçons proviennent d’Origène ou de la recension d’Hésychius, parce qu’elles auraient pu n’être introduites dans les documents de cette troisième recension qu’après coup. Quoi qu’il en soit, ce texte a joui longtemps d’une grande considération, puisque tous les témoins de H ont subi son influence. Il en est sorti un grand nombre de types, formés par le mélange de ses leçons avec celles de K. Les Antiochiens et les Cappadociens eux-mêmes, dans des contrées où dominait la Koivyj, n’ont pas échappé à son influence. Son texte se retrouve dans les citations de saint Cyrille de Jérusalem et d’Eusèbe de Césarée, aussi bien que dans le Lectionnaire palestinien, édité en 1905 par M mes Lewis et Gibson. Ces coïncidences nous ramènent en Palestine. Or, saint Jérôme parle d’un texte répandu en cette contrée, qu’Origène aurait préparé et qu’Eusèbe et Pamphile auraient édité. Apologia contra Rufinum, i, 10 ; II, 27, t. xxiii, col. 404, 451. Voir t. ii, col. 2053. D’autre part, Eusèbe lui-même nous apprend que, par ordre de Constantin, il fit exécuter, en 331, cinquante manuscrits du Nouveau Testament, qui furent portés à Constantinople et distribués dans l’empire. De vita Constantini, iv, 36, 37, t. xx, col. 1185. On peut penser qu’ils reproduisaient la recension qu’il avait faite lui-même avec Pamphile. Ce dernier étant mort en 309, la recension à laquelle il a collaboré date donc du tournant du IIIe au iv ê siècle. Comme elle est d’origine palestinienne, von Soden l’a désignée par le sigle I, ou le texte de Jérusalem. Le texte des Actes des Apôtres ressemble encore aux citations de saint Épiphane. Von Soden, op. cit., t. i, p. 1353-1358, 1492-1506, 1759, 18681873, 1948-1954. Notons que la recension I n’existe pas pour l’Apocalypse. Elle est remplacée par une recension dont le texte est reproduit dans le commentaire de saint André de Césarée sur ce livre prophétique et que M. von Soden désigne par le sigle Av (André), quoiqu’il ne soit pas certain que cet évêque en ait été le créateur. En tout cas, elle est d’origine palestinienne. Ibid., 1. 1, p. 2051-2067.

On savait, d’ailleurs, par une inscription à l’encre rouge, que le codex Coislianus, ii, des Épitres de saint Paul, du Ve siècle, avait été collationné sur un exemplaire écrit de la main de saint Pamphile et déposé dans la bibliothèque de Césarée. Voir t. ii, col. 830. La même notice est reproduite dans les cursifs 88, 1836, 1898, 181 et 623, et dans la version syriaque de Thomas d’Harkel. Le troisième correcteur du Sinaiticus, א°,