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TEXTE DE L’ANCIEN TESTAMENT

nis contre l’insertion de toute variante par les règles méticuleuses du Talmud. Les manuscrits, copiés pour l’usage des particuliers, offrent bien quelques divergences, mais elles sont peu nombreuses et peu importantes. Ces variantes ont été en partie recueillies par B. Kennicott, Vetus Testamentum hebraicum cum variis lectionibus (de 615 manuscrits), Oxford, 1766-1780, et par Jean-Bernard De Rossi, Variæ lectiones V. T., Parme, 1784-1788 ; Supplementum, 1798 (d’après 780 manuscrits) ; Specimen variarum lectionum sacri textus (d’un manuscrit de Pie VI), Rome, 1782, p. 29-74. Voir Kennicott, t. iii, col. 1887 ; De Rossi, 2, t. v, col. 1211. 2° Éditions imprimées. — L’art de l’imprimerie, en multipliant les exemplaires de la Bible hébraïque, n’a pas beaucoup modifié l’état du texte. Les premières éditions ont été faites sur un petit nombre de manuscrits, ceux qui étaient à la disposition des éditeurs et dont ils ne discutèrent pas la valeur. Le Psautier fut imprimé le premier, in-f°, en 1477, probablement à Bologne, avec le commentaire de Kimchi ; le Ps. I a les points-voyelles en rouge. Le Pentateuque parut, in-f°, Bologne, 1482, avec le Targum d’Onkelos et le commentaire de Raschi. Les Prophètes furent publiés ensuite, 2 in-f°, Soncino, s. d. (1485), sans points ni accents, avec le commentaire de Kimchi. Les cinq Meghilloth parurent au même lieu, la même année. Tous les Hagiographes furent imprimés à Naples en trois parties, en 1486 et 1487 ; ils étaient vocalisés, mais sans accents. La première édition complète, avec voyelles et accents, parut à Soncino, au mois de février 1488 ; la seconde, s. 1. n. d. (Naples, 1491-1493) ; la troisième, à Brescia, en mai 1494. Quelques auteurs en citent une autre, publiée à Pesaro la même année. — Au XVIe siècle, la Bible entière fut imprimée en 2 in-f », Pesaro, 1511, 1517 ; puis vint la Polyglotte d’Alcala, 1514-1517, voir t. v, col. 515-516. La première Bible rabbinique, préparée par Félix Pratensis, 4 in-f°, Venise, 1516-1517, a les chapitres modernes en marge et partage en deux les livres de Samuel, des Rois, d’Esdras et des Paralipomènes. Une édition du même texte, sans targums ni commentaires, parut la même année, sortant des mêmes presses de Daniel Bomberg. Après trois autres Bibles rabbiniques, voirt. v, col. 919, il faut mentionner la Polyglotte d’Anvers. Voir t. v, col. 519. Parmi un grand nombre d’autres éditions, indiquons seulement celles de Bomberg, in-4°, Venise, 1521, 1525-1528, de Robert Estienne, 1539 sq., de Sébastien Munster, 2 in-f°, Bâle, 1534-1535, et d’Èlie Hutter, in-f°, Hambourg, 1587. — Au xviie siècle, nous mentionnerons d’abord la 5e Bible rabbinique de Bomberg, Venise, 1617-1619, et la 6° publiée à Bâle, 1618-1619, par , 1. Buxtorf, le père, puis les deux Polyglottes de Paris et de Londres, voir t. v, col. 521, 522-524, ensuite l’édition de Joseph Athias, Amsterdam, 1667, qui donne un texte revisé sur d’anciens manuscrits et qui a servi de base aux suivantes ; elle a été préparée par J. Leusden, et elle fut corrigée par Japlonsky, Berlin, 1699. — Au XVIIIe siècle, Everard van der Hooght, Amsterdam et Utrecht, 1705, suivit Leusden. L’édition de Salomon ben Joseph Props, in-8°, Amsterdam, 1725, est supérieure à la précédente. La 7e Bible rabbinique, due à Moïse de Francfort, parut dans la même ville, 4 in-f », 1724-1727. Voir t. v, col. 919. J. H. Michælis, collationna un manuscrit d’Erfurt et donna la première édition critique, Halle, 1720. Une autre édition critique parut à Mantoue, in-4°, 1742-1744, avec un commentaire massorétique de Salomon Norzi. Voir encore, pour l’édition de Simonis, col. 1746. B. Kennicott collationna beaucoup de manuscrits, mais sans valeur, dont il donna les variantes ; son texte est, au fond, celui de Hooght, 2 in-f°, Oxford, 1776, 1780. — Au xix » siècle, la Bible de Hooght fut corrigée par J. d’Allemand, Londres, 1822, et souvent rééditée. Elle fut retouchée par A. Hahn, Leipzig, 1831 (nombreuses rééditions), par Theile, Leipzig, 1849 (nombreuses rééditions), par Letteris, Vienne, 1852 (adoptée et souvent reproduite par la Société biblique d’Angleterre et des pays étrangers). Une Bible rabbinique a paru à Varsovie, 12 petits in-f°, 1860-1868. Voir t. v, col. 919. S. Bær et Frz. Delitzsch ont publié à Leipzig des éditions séparées très correctes : la Genèse, 1869, Josué et les Juges, 1891, les deux livres de Samuel, 1891, des Rois, 1895, d’Isaïe, 1872, de Jérémie, 1890, d’Ézéchiel, 1884, des petits prophètes, 1878, des Psaumes, 1880, des Proverbes, 1880, de Job, 1875, des cinq Meghilloth, 1885, de Daniel, Esdras et Néhémie, 1882, et des Paralipomènes, 1888.

Travaux et éditions critiques. — 1. Travaux. — Au XIIIe siècle déjà, Meïr ben-Todros (Abulafia), de Burgos (1244), constatait que les meilleurs manuscrits du Pentateuque ne s’accordaient pas et que les notes massorétiques n’étaient pas sûres. Son ouvrage : La Massore, haie de la Loi, מםרה סינ להורה, imprimé à Florence en 1750, est une édition du Pentateuque d’après les manuscrits les meilleurs ; en cas de divergence de ses sources, l’auteur adoptait la leçon qu’il trouvait dans le plus grand nombre des témoins. Son contemporain Iakutiel ben Iehuda, pour les mêmes raisons, a collationné six manuscrits espagnols du Pentateuque qu’il jugeait anciens et corrects. Ces essais de corrections restèrent isolés et furent sans influence sur la transmission du texte. Au XVIIe siècle, Menahen de Lonzano compara dix manuscrits, la plupart espagnols, avec l’édition in-4° de Bomberg, Venise, 1554. Son ouvrage est intitulé : אזר תורה, La lumière de la Loi, Venise, 1618. Le commentaire critique, composé en 1626, par Salomon de Norzi et publié dans la Bible de Mantoue, 1742 1744, s’étend à toute la Bible hébraïque et il est fondé sur une collation sérieuse de plusieurs manuscrits, la plupart encore espagnols. Au xix » siècle, les critiques protestants furent amenés à discuter les leçons massorétiques de différents livres de l’Ancien Testament ; ils ne se contentèrent pas de proposer les corrections que leur suggérait la comparaison du texte hébreu avec les anciennes versions, ils y joignirent des corrections conjecturales qui ne furent pas toujours heureuses.

2. Éditions. — Au XVIIe siècle, l’oratorien Houbigant entreprit une correction du texte hébreu. Voir t. iii, col. 756. Les travaux de Kennicott et de De Rossi firent connaître les nombreuses variantes des manuscrits et montrèrent leur insignifiance. Au XIXe, David Ginsburg a publié une édition critique de la Bible hébraïque, 2 vol., Londres, 1894 ; 2e édit., Vienne, 1906. L’édition polychrome (rationaliste), faite sous la direction de P. Haupt : The sacred books of the Old Testament, in-4°. Leipzig, Baltimore et Londres, a donné jusqu’ici la Genèse par Bail, 1896, le Lévitique, par Driver et White, 1894, les Nombres, par Paterson, 1900, le Deutéronome, par Smith, 1906, Josué, par Bennett, 1895, les Juges, par Moore, 1900, Samuel, par Budde, 1894, les Rois, par Stade, 1904, Isaïe, par Cheyne, 1899, Jérémie, par Cornill, 1895, Ézéchiel, par Toy, 1900, les Psaumes, par Wellhausen, 1895, les Proverbes, par Müller et Kautzsch, 1901, Job, par Siegfried, 1893, Daniel, par Kamphausen, 1896, Esdras et Néhémie, par Guthe et Balten, 1901, et les Paralipomènes, par Kittel, 1895. R. Kittel, avec la collaboration de Beer, Buhl, Dalman, Driver, Löhr, Nowack, Rothstein et Ryssel, a publié sous le texte de la Bible rabbinique de 1524-1525 les variantes les plus importantes des anciennes versions et les meilleures conjectures des critiques modernes, Biblia hebraica, 2 in-8°, Leipzig, 1905-1906 ; 2e édit., ibid., 1909.

Bibliographie. — 1° Pour l’histoire critique du texte hébreu, voir R. Simon, Histoire critique du Vieux Testament, 1. I, c. x-xxvii, Rotterdam, 1685, p. 63-160 ; U. Ubaldi, Introductio in Sacram Scripturam, 2e édit., Rome, 1882, t. ii, p. 488-499 ; C. Trochon, Introduction