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TERRE — TESTAMENT

tombent la pluie, Exod., ix, 33, la manne, comme le givre, Exod., xvi, 14, la neige, Job, xxxvii, 6, les cheveux, Matth., x, 19, le sang du juste, Gen., iv, 10 ; Matth., xxiii, 35 ; etc. Les animaux marchent ou rampent sur la terre. Lev., xi, 41. On cache des objets dans la terre. Matth., xxv, 18. Le Fils de l’homme a été mis dans le cœur de la terre, c’est-à-dire dans son sépulcre. Matth., xii, 40. Un arbre stérile occupe la terre inutilement. Luc, xiii, 7. La maison posée sur terre sans fondement s’écroule. Luc, VI, 49. Égaler une ville au sol, c’est la ruiner complètement. II Mach., ix, 14. Parfois, la terre tremble. Voir Tremblement de terre. Sur le sort de la terre dans les derniers temps, Luc, xvi, 17 ; xxi, 33, voir Fin du monde, t. ii, col. 2264.

Une terre est sainte quand Dieu l’a sanctifiée par sa présence ou son action. Exod., iii, 5. Elle est souillée par les péchés des hommes. Lev., xviii, 25 ; Deut., xxi, 23 ; xxiv, 4.

En raison de son habitation par les hommes, la terre est appelée « terre des vivants », par opposition au tombeau. Ps. xxvii (xxvi), 13 ; cxlii (cxli), 6 ; Is., xxxviii, 11 ; liii, 8.

IV. Sens métaphorique.

La vie présente.

Il ne faut pas s’amasser de trésors sur la terre. Matth., vi, 19. Les riches y vivent dans les délices. Jacob., v, 5. Les disciples du Sauveur doivent s’accorder ensemble sur la terre pour prier. Matth., xviii, 19. Notre-Seigneur, qui avait toute puissance au ciel et sur la terre, Matth., xxviii, 18, pouvait remettre les péchés sur la terre, Matth., ix, 6 ; Marc, ii, 10, et a laissé à ses apôtres le pouvoir de lier et de délier sur la terre. Matth., xviii, 18. Lui-même a glorifié son Père sur la terre. Joa., xvii, 4.

L’escabeau de Dieu.

La terre est l’escabeau des pieds du Dieu dont le trône est dans le ciel, c’est-à-dire que Dieu y exerce sa puissance, son amour et ses perfections, mais d’une manière bien moins complète et éclatante que dans le séjour de sa gloire. Act. ; vii, 49. Voilà pourquoi, par respect, il ne faut pas jurer par elle. Matth., v, 35 ; Jacob., v, 12. Les doux posséderont la terre, Matth., v, 4, parce que la douceur les associe au Maître de la terre.

Le champion de Dieu.

Toute la terre combattra avec Dieu contre les impies. Sap., v, 21. Quand le serpent infernal déchaîne un fleuve pour entraîner la femme qui représente l’Église, la terre ouvre son sein et engloutit le fleuve. Apoc, xii, 16.

Les pensées terrestres.

« Celui qui est de la terre est terrestre, et son langage aussi. » Joa., iii, 31. L’homme, terrestre par son origine, ne possède naturellement que des pensées et des goûts terrestres. Jésus-Christ, qui vient du ciel, veut associer l’homme à sa vie divine et lui communiquer des idées, des sentiments et des volontés d’ordre surnaturel. I Cor., xv, 47-49. En conséquence, le chrétien doit s’affectionner « aux choses d’en haut, et non à celles de la terre. » Col., iii, 2.

La terre nouvelle.

Isaïe, lxvi, 22, appelle de ce nom le nouvel état de choses qui constituera le royaume messianique. Les Apôtres désignent sous ce nom la rénovation qui suivra le second avènement du Christ. II Pet., iii, 13 ; Apoc, xxi, 1. Voir Fin du monde, t. ii, col. 2266.


TERTIUS (nom latin, écrit en grec Tέρτιος), chrétien qui servit à saint Paul de secrétaire pour écrire l’Épître aux Romains. Rom., xvi, 22. Il écrit en son propre nom la salutation aux destinataires de l’Épître. Il se trouvait alors à Corinthe. Les Grecs honorent sa mémoire le 10 novembre comme évêque d’Icône et successeur de Sosipatre, mais son histoire est fort obscure. Voir Acta sanctorum, 20 junii, t. iv, p. 68.


TERTULLUS (Nouveau Testament : Tέρτυλλος, diminutif du latin Tertius), ῥήτωρ, orateur (avocat) qui fut chargé par le grand-prêtre juif et le Sanhédrin d’être l’accusateur de saint Paul à Césarée devant le tribunal du procurateur romain Antonius Félix. Act., xxiv, 1-8. C’était sans doute un de ces causidici latins qui étaient assez nombreux dans les provinces romaines, où l’on était obligé de suivre les règles de la procédure romaine et par conséquent de recourir à leurs services, surtout s’il fallait, comme plusieurs le pensent, plaider en latin. Son discours montre qu’il connaissait toutes les habiletés de son métier. Il commence par un exorde insinuant : il loue comme pacator provinciæ (quum in multa pace agamus per te, ꝟ. 2) et réformateur prudent, faisant sentir partout sa prévoyance (et multa corrigantur per tuam providentiam, semper et ubique suscipimus, ꝟ. 2-3), ce Félix dont Tacite a écrit, Hist., v, 9 : Antonius Félix per omnem sævitiam ac libidinem, jus regium servili ingenio exercuit, et Ann., xii, 54 : Intempestives remediis delicta accendebat. Tel était en réalité celui que Tertullus appelle optime Félix ; il avait calmé, il est vrai, quelques séditions, mais il était vénal et espérait recevoir de l’argent de son prisonnier (ꝟ. 26), et il s’était montré en plusieurs circonstances cruel et sanguinaire.

Saint Luc était peut-être présent à la plaidoirie de Tertullus. Après avoir rapporté les compliments de l’orateur à Félix, l’auteur des Actes fait de son discours un résumé qu’on dirait la reproduction un peu hachée de notes prises à l’audience même, sans une suite rigoureuse. De ce résumé ressortent très bien les trois principaux griefs des Juifs, au nom desquels parle l’orateur en se servant de la première personne du pluriel, invenimus : Paul est 1° un provocateur de séditions, concitans seditiones ; 2° le chef d’une secte dangereuse, auctorem seditionis secte Nazarenorum, et 3° un profanateur du Temple, templum violare conatus est. ꝟ. 5-6. Ces accusations sont très habilement choisies pour exciter Félix contre Paul, qui lui est ainsi représenté comme un homme dangereux pour la tranquillité de la province dont le procurateur a la responsabilité. Cependant Félix était trop intelligent pour se laisser prendre aux artifices du rhéteur et il ne traita pas son prisonnier avec la rigueur qu’on cherchait à lui inspirer.


TESSON (hébreu : ḥéréṡ ; Septante : ὄστρακον ; Vulgate : testa), fragment de vase d’argile. — Job, ii, 8, se servait d’un tesson pour gratter ses plaies. On utilisait un tesson pour y prendre du feu. Is., xxx, 14. Le tesson d’argile est l’image d’un corps desséché par la souffrance, Ps. xxii (xxi), 16 ; celui-ci devient alors aride comme un tesson. Il est difficile de recoller un tesson, il ne tient pas : il en est de même de l’instruction donnée à un sot. Eccli., xxii, 7. Pour indiquer que Jérusalem boira jusqu’au fond la coupe du châtiment, Ézéchiel, xxiii, 34, dit qu’elle en mordra même les tessons. — Le crocodile a sous le ventre des écailles aiguës comme des tessons, Septante : ὀϐελίσκοι, « des pointes ». Job, xli, 21.


1. TESTAMENT (grec : διαθήκη ; Vulgate : testamentum), disposition que prend quelqu’un pour l’attribution, de ses biens après sa mort.

Le testament est une sorte de contrat. Voilà pourquoi les versions se servent de ce mot pour désigner l’alliance contractée entre Dieu et son peuple d’Israël. Ps. xxv (xxiv), 10, 14 ; xliv (xliii), 18 ; Zach., ix, 11 ; Mal., iii, 1 ; Rom., ix, 4 ; etc. L’Arche, signe de cette alliance, est appelée « Arche du témoignage », et par les versions « Arche du Testament ». Exod., xxx, 26 ; Num., xiv, 44 ; Jer., iii, 16 ; etc. L’alliance substituée par Jésus-Christ à l’ancienne prend le nom de « Nouveau Testament », Matth., xxvi, 28 ; I Cor., xi, 25 ; etc. Voir Nouveau Testament, t. iv, col. 1704.

Chez les Hébreux, l’usage des testaments proprement dits ne se constate guère