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TENTATION


proposait de demander un signe. Is., vii, 12. Les impies tentent Dieu et échappent à la vengeance, au moins pour un temps. Mal., III, 15. Ananie et Saphire tentèrent le Saint-Esprit par leur dissimulation. Act., v, 9. Saint Paul recommanda de ne point tenter le Christ, comme les Hébreux ont tenté Jéhovah. I Cor., x, 9. Dans ces différents cas, celui qui tente Dieu fait une expérience de laquelle il conclut implicitement à la non-existence de quelque perfection divine. — Ce n’est pas tenter Dieu que de lui demander un signe de sa volonté, comme firent Gédcon, Jud., vi, 29, Zacharie, Luc, i, 18, etc.

II. Tentation de l’homme. — Elle se présente sous diverses formes. Elle peut provenir soit du dehors, par le mal physique servant d’épreuve ou de châtiment, ou par Satan qui porte au péché en diverses manières, soit du dedans, par l’effet de l’infirmité ou de la corruption de la nature elle-même.

1. Épreuve du juste. — Dieu tente Abraham en lui demandant le sacrifice de son fils. Gen., xxii, 1. Abraham se montre fidèle dans l’épreuve et se dispose à obéir au Seigneur. Eccli., xliv, 21 ; IMach., ii, 52. Les Hébreux sont tentés enÉgjpte parles calamités qui les accablent, Deut., iv, 34 ; vii, 19 ; xxix, 2, et au désert par divers incidents fâcheux. Exod., xv, 25 ; xvi, 4 ; Deut., VIII, 2 ; xiii, 3. Job est soumis à des épreuves qui ont pour but de faire éclater sa fidélité. Job, i, 8, 22 ; ii, 3, 10, La tentation se complique pour lui de l’intervention de Satan et des mauvais conseils de sa femme. Job, ii, 9. Au comble des maux, il se plaint que Dieu se rit des épreuves de l’innocent. Job, ix, 23. Finalement, il triomphe de la tentation. Jacob., v, 11. Dieu éprouve Ézéchias en permettant la visite que lui font les envoyés de Babylone et au cours de laquelle le roi succombe à une pensée de vaine confiance dans ses ressources. II Par., xxxii, 31. Tobie, ii, 12, est soumis à une épreuve destinée à mettre en relief sa patience. Le Psalmiste demande à Dieu de le mettre à l’épreuve, pour avoir l’occasion de montrer sa fidélité. Ps. xxvi (xxv), 2. Dieu éprouve les justes et les trouve dignes de lui. Sap., iii, 5. Il les éprouve comme un père qui avertit. Sap., xi, 10. L’épreuve suprême de la mort atteint aussi les justes. Sap., xviii, 20. Sur la tentation que constitue pour les justes la prospérité des impies, voir Impie, t. iii, col. 846. Le Sauveur tente Philippe en lui demandant où l’on pourra trouver du pain au désert. Joa., vi, 6. Les Apôtres sont restés fidèles à Jésus dans ses épreuves. Luc, xxii, 28. Saint Paul a enduré des épreuves par les embûches des Juifs. Act., xx, 19. L’infirmité de sa chair a été une épreuve pour les Galates. Gal., iv, 13. La recherche de la richesse fait tomber dans la tentation. ITim., vi, 9. Les épreuves qui accablent les chrétiens doivent être pour eux un sujet de joie. Jacob., i, 2 ; I Pet., 1, 6, 7. Le Seigneur délivre de l’épreuve les hommes pieux. II Pet., ii, 9. L’épreuve viendra uu jour sur le monde entier. Apoc, m, 10.

2. Épreuve du méchant. — Le méchant ne sait pas faire face à la tentation qui, dès lors, devient pour lui une cause de péché et de châtiment. Les Hébreux qui n’ont pas accepté les épreuves avec crainte du Seigneur et patience ont été frappés de mort. Judith, viii, 24, 25. Les impies ont changé l’épreuve en un châtiment sévère pour eux. Sap., xi, 10. Us ont fait l’expérience de la colère de Dieu. Sap., xviii, 25. Les âmes inconstantes se retirent de Dieu au moment de l’épreuve. Luc, viii, 13.

3. Intervention de Satan. — Elle est manifeste dans la tentation d’Adam et Eve, où elle réussit, Gen., iii, 1-6, et dans l’épreuve de Job, où elle demeure^sans succès. Job, i, 12 ; II, 5. Satan enlève la semence de la parole jetée dans les cœurs. Marc, iv, 15. Il a demandé à passer au crible les Apôtres. Luc, xxii, 31. Il a tenté

avec succès Judas, Joa., xiii, 2, Ananie et Saphire. Act., v, 3. Il dresse des embûches, Eph., VI, 11, et tend des lacets pour faire tomber dans le mal. I Tim., m, 7 ; vi, 9 ; II Tim., ii, 26. Il rôde comme un lion pour dévorer. I Pet., v, 8. Il est par excellence le tentateur, 6 iteïpdcÇiov, Matth., iv, 3 ; I Thés., iii, 5. Il nefaut pas donner à Satan lieu de tenter, I Cor., vii, 5, pour ne pas lui laisser l’avantage sur nous. II Cor., n, ll. Il faut lui résister, pour le mettre en fuite. IPet. r v, 9 ; Jacob., iv, 7. Satan fait jeter des chrétiens en prison pour les tenter. Apoc, ii, 10.

4. Tentation intérieure. — La nature imparfaite et déchue est pour l’homme la cause la plus dangereuse de la tentation. « Le péché ne se tient-il pas à ta porte ? Son désir se tourne vers toi. » Gen., iv, 7. Le mal cherche donc à s’unir à l’âme, à pénétrer en elle ; , mais elle doit dominer sur lui, en lui refusant son. consentement. « Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne saurait être tenté de mal et lui-même ne tente personne. Mais chacun » est tenté par sa propre convoitise, qui l’amorce et l’entraîne. Ensuite la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché, et le péché, lorsqu’il est consommé, engendre la mort. » Jacob., i, 13-15. L’apôtre emploie la même image que la Genèse : le péché résulte d’une sorte d’union du mal avec l’âme. Dieu ne tente pas, il’permet seulement la tentation, condition du mérite, et la tentation, qu’elle vienne du dehors ou de l’homme même, n’a d’efficacité que si l’âme obéit volontairement à ses suggestions.

5. Conduite vis-à-vis de la tentation. — L’homme doit s’attendre à être tenté, car la vertu sans combab serait pour lui sans mérite. « Celui qui n’a pas été éprouvé sait peu de choses. » Eccli., xxxiv, 9. Il a été dit à Tobie : s Parce que tu étais agréable à Dieu, il a fallu que la tentation t’éprouvât. » Tob., xii, 13. L’épreuve du serviteur de Dieu ne doit donc pas l’étonner, comme s’il lui arrivait quelque chose d’extraordinaire. I Pet., iv, 12. Dès lors, « heureux l’hommequi supporte l’épreuve ! Devenu un homme éprouvé, il recevra la couronne de vie. » Jacob., i, 12. — Enentrant au service du Seigneur, il faut se préparer àl’épreuve, Eccli., ii, 1, prendre garde à la tentation, Gal., vi, 1, et avoir confiance que Dieu ne permettra, pas de tentation au-dessus de nos forces, mais ménagera une heureuse issue en aidant à la supporter.. 1 Cor., x, 13. — Dans l’Oraison dominicale, Notre-Seigneur nous fait dire : |aï) eîo-Evrptr, ; rinâ ; à » netpoctr[iôv, ne nos inducas in tentationem. Matth., vi, 13 ; Luc, , XI, 4. Le verbe grec correspond à l’hiphil hébreu hêbi « faire entrer, mener dans » un lieu. La tentationest comme un pays ennemi et dangereux, dans lequel on prie Dieu de ne pas nous faire entrer. Ce n’est pas Dieu qui fait entrer dans la tentation ; il laisse seulement y entrer. Ici, néanmoins, comme dans bien, d’autres cas, on regarde comme voulu par lui ce qu’il se contente de permettre. Le Sauveur emploie la même image, quand il recommande à ses apôtres de veiller et de prier, pour « ne pas entrer en tentation. « Matth., . xxvi, 41 ; Marc, xiv, 38 ; Luc, xxii, 40, 46.

III. Tentation du Sauveur. — Dès le début de son. ministère public, le Sauveur fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tenté par le démon. C’était donc la volonté divine qu’il en fût ainsi. Au baptêmequi venait d’avoir lieu, une voix du ciel s’était fait entendre pour dire : « Tu es mon Fils bien-aimé, l’objet de mes complaisances. « Matth., iii, 17 ; Marc, i, . 11 ; Luc, iii, 22. Satan, voulant se renseigner sur la signification de ces paroles, demande à Jésus, s’il est le Fils de Dieu, d’accomplir certains actes qui permettront de juger s’il est simplement un homme ou plus qu’un homme. Il l’invite à changer des pierres en pain, pour apaiser sa faim, à se jeter du haut du Temple, pour se-