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TEMPLE — TEMPS


naturellement pris parti pour la nouvelle institution religieuse du Garizim. Était-on informé de la situation àÉléphantine et cherchait-on à la mettre à profit ? Toujours fest-il que la seconde demande d’intervention est adressée seulement à Bagohi et aux deux fils de Sanaballat, Delaiah et Chelémiah. Les trois personnages s’exécutèrent, satisfaits, sans doute, de faire pièce au grand-prêtre de Jérusalem et de légitimer, par un exemple venu de l’étranger, l’entreprise schismatique de Samarie ; car Bagohi, lui aussi, était probablement un Juif investi, comme Néhémie, d’une fonction administrative par le roi de Perse. Mais comme ils n’avaient à exercer aucun pouvoir en Egypte, ils durent se contenter de faire remettre à Archam une note dont le texte a été retrouvé. « Tu auras à dire en Egypte, par devant Archam, au sujet de la maison d’autel du Dieu du ciel qui a été bâtie dans la cité de Iêb auparavant, avant Cambyse, que ce détestable Widrang a détruite en l’an 14 du roi Darius, qu’elle soit rebâtie à sa place comme auparavant, et qu’on offre des sacrifices non sanglants et de l’encens sur cet autel, comme auparavant il était pratiqué. » Il s’agit

470. — Restes du temple de Samarie.

D’après la Revue biblique, 1909, p. 438.

donc d’un temple, d’une « maison d’autel ». Il n’est plus parlé d’holocaustes, comme dans la supplique, parce que les sacrifices sanglants étaient de nature à indisposer contre les Juifs les adorateurs du dieu bélier, honoré à Kléphantine. Dès 404, les Égyptiens reconquirent leur autonomie, pour ne la perdre à nouveau qu’en 342, quand les Ptolémées installèrent la domination grecque. On ignore quelle suite fut donnée à la recommandation de Bagohi. Il est à croire que le temple d’Éléphantine ne se releva pas de ses ruines. Il est ignoré de Josèphe et de la Mischna, et, sans la découverte des papyrus, on n’en aurait pas soupçonné l’existence. Cf. Lagrange, Les nouveaux papyrus d’Éléphantine, dans la Revue biblique, J1908, p. 325-349 ; E. Tisserant, Une colonie juive en Egypte au temps de la domination persane, dans la Revue pratique d’apologétique, 15 juillet 1908, p. 607-618.

V. Temple de Samarie. — Des fouilles récentes, exécutées par lamission américaine, ont permis de reconnaître sur la colline de Samarie les traces deplusieurs temples successifs : le temple dédié à sainte Marie sous l’empereur Zenon ; par-dessous, le temple consacré à Jupiter par Adrien, Dion Cassius, XV, 2, recouvrant le temple bâti par Hérode, Josèphe, Ant.jud., XV, viii, 5 sur l’emplacement de l’ancien temple des Samaritains qui avait été détruit par Jean Hyrcan. Josèphe, Ant. jud., XIII, ix, 1. Il est probable que ce dernier avait été lui-même édifié sur les ruines de la « maison de Baal » construite par Achab. III Reg., xvi, 32. Il n’est point certain que ces sanctuaires successifs aient été détruits de fond en comble ; ils ont été plutôt reconstitués l’un après l’autre au moyen de remaniements plus ou moins profonds. On constate actuellement sur le sommet de la montagne, qui constitue un splendide

belvédère, les restes d’un temple dont l’axe est dirigé du nord au sud, sur 25 m de large et plus de 40 de long (fig. 470 ; . Au fond d’une cour A, il y a un autel B encore intact de 4™ sur 2°> et 2 m de haut. À la suite vient un escalier monumental G comprenant 10 marches, un palier et 6 autres marches. Il aboutit à une plateforme dallée D, qui elle-même en recouvre une autre d’un niveau un peu inférieur, à laquelle appartiennent quatre énormes bases de colonnes. Vient ensuite un mur a b d, À façade bien appareillée, mais à un niveau très inférieur à la seconde plate-forme. Les matériaux employés dans chaque partie proviennent fréquemment de constructions antérieures. Ainsi la partie carrée a d, qui semble appartenir au temple de l’époque grecque, renferme des matériaux utilisés dans une construction antérieure. Le roc sous-jacent présente des traces de taille ayant précédé toute construction. Les fouilles actuelles ne permettent pas de tirer de plus amples conclusions sur la disposition du temple primitif de Samarie. Cf. H. Vincent, Les fouilles américaines à Samarie, dans la Revue biblique, 1909, p. 435-445.

VI. Temple de Léontopolis. — Voir Onias IV, t. iv, col. 1818. M.Flinders Pétrie croit avoir retrouvé, à Tell el-Yehoudyéh, les restes du temple d’Onias. Mais ce qui a été découvert a trop peu d’importance pour permettre de se faire une idée de l’ancien édifice. Cf. Flinders Pétrie, Hyksos and Israélite Ciliés, Londres, 190(5,

p. 19-27.

H. Lesêtre.
    1. TEMPS##

TEMPS (hébreu : ’ë(, et rarement zemân, yâmîm, « les jours », (or, « période » ; chaldéen : zeman ; Septante : ypôvoc, xoaptjç ; Vulgate : tempus), mesure de la durée des choses créées.

1° Divisions du temps. — L’apparition de la lumière amena une première division du temps en jours ; le jour se composait du soir et du matin, c’est-à-dire de la nuit et du jour proprement dit ou période de lumière. Gen., I, 5. Les grands astres eurent ensuite pour fonction de séparer la nuit et le jour, et de marquer les époques, les jours et les années. Gen., i, 14 ; Ps. crv (cm), 19 ; Eccli., xliii, 6. Sur cette division du temps chez les Hébreux, voir Calendrier, t. ii, col. 63. Encore aujourd’hui, dans diverses parties de l’Orient, comme en Asie Mineure, le jour de 24 heures commence non à minuit, mais au coucher du soleil. Voir Jour, t. ii, col. 1702. Il y a, pour chaque jour, le temps du matin, le temps de midi, Jer., xx, 16, le temps du soir, Gen., xxiv, 11 ; Zach., xiv, 7, ou du coucher du soleil. Il Par., xviii, 31. — Il y a aussi, pour l’ensemble des ternes, « le commencement, la fin et le milieu, » c’est-à-dire le passé, l’avenir et le présent, « les vicissiludes des temps et les cycles des années. » Sap., vii, 18, 19. On dislingue le temps primitif, ri’Hdh, èv àpyr, , ab inilio, Ezech., xxxvi, 11 ; le temps final ou à venir, ’ahârit, tôc ïayjtta, prœfinitum tempus, Dan., xii, 8 ; xatpoO Ttépa ; , tempus /inis, Dan., viii, 17 ; èu / (âToç)rpôvoç, novissimum tempus, Jud., 18 ; le moment présent, fugitif comme un clin d’œil, réga’, ypôvoç (iixpri ; , punctum, momentum, Is., LIV, 7, 8 ; le temps sans fin, ’ôldm, eê ? tov œîwvoc, in sempiternum. II Par., xxxiii, 7 ; etc. Le mot temps s’emploie parfois pour désigner une période indéterminée. Nabuchodonosor sera saisi par son mal pendant « sept temps ». Dan., iv, 20, 22, 29. Le prophète priait « trois temps », c’est-à-dire trois fois par jour. Dan., vi, 10, 13.

2° Époques diverses. — Les divers phénomènes qui se produisent dans la nature, dans la vie des hommes, dans l’histoire, etc., ont leur place marquée dans le temps. — 1. Dans la nature. — Il y a le temps de la pluie, Zach., x, l ; IEsd., x, 13 ; le temps du printemps, Gen., xxxv, 16 ; xlviii, 7 ; le temps de la sécheresse, Jer., xvii, 8 ; Eccli., xxxv, 26 ; le temps de la moisson, Gen., xxx, 14 ; Jos., iii, 15 ; Jer., i, 16 ; li, 33 ; Matth.,