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TEMPLE


satrape d’Egypte, Widrang, soudoyé par les prêtres égyptiens de Knoub, leurs voisins à Iêb, a fait venir des renforts de Syène et a détruit à main armée leur sanctuaire. Ils décrivent ainsi les dégâts commis : « Ils sont arrivés à ce sanctuaire et l’ont détruit jusqu’au sol, ils ont brisé les colonnes de pierre qu’il y avait là. Même il arriva encore que des portes de pierre au nombre de cinq, construites en pierres de taille, qui étaient dans ce sanctuaire, ils les ont détruites, et ils . ont enlevé leurs vantaux et les armatures de ces vantaux en bronze ; et la toiture en bois de cèdre, tout entière, avec le reste de la décoration et les autres choses qu’il y avait là, ils ont brûlé dans le feu ; et les coupes d’or et d’argent, et tout ce qu’il y avait dans ce

d’alliance. Le tout était nécessairement de dimensions restreintes. Mais on sait quelle importance les Juifs attachaient à la splendeur de leur culte. Leur temple avait donc ses vases et ses ustensiles d’or et d’argent et sa décoration proportionnée à la richesse des commerçants qui s’étaient établis à Iêb. Ils ne voulaient pas que leur temple fit piètre figure à côté du sanctuaire de Ehnoub, et c’est peut-être par là qu’ils excitèrent contre eux la jalousie des prêtres de ce dernier. Les Juifs d’Éléphantine s’inspirèrent forcément de l’architecture locale. Un gracieux petit lempled’Amènôthès III, aujourd’hui détruit (fig. 469), était sous leurs yeux et s’imposa à l’attention, peut-être même à l’imitation des constructeurs en certaines parties de leur œuvre.

9. — Temple égyptien d’Éléphantine. D’après Description de l’Egypte, Antiq., t. i, pi. 35.

sanctuaire, ils l’ont pris et se le sont approprié. » Ce texte ne permet évidemment pas de reconstituer le monument, qui n’avait qu’une ressemblance lointaine avec le Temple de Jérusalem. Néanmoins, les prêtres juifs d’Éléphantine connaissaient la disposition traditionnelle du tabernacle mosaïque et du Temple de Salomon. Le culte qu’ils pratiquaient comportait, comme le montre la suite de leur lettre, des sacrifices, des holocaustes, des oblations, de l’encens « sur l’autel du Dieu Jahô. » Les dispositions devaient donc être prises pour que ce culte pût s’exercer selon la Loi. Il n’est point question de parvis des Israélites, hommes et femmes ; mais on peut le supposer, d’autant plus que l’édifice a cinq portes considérables, avec des colonnes de pierre pouvant servir à constituer des portiques. Un autel à holocaustes nécessite un parvis en plein air, avec les dépendances indispensables au service du culte. La toiture en bois de cèdre suppose soit des portiques avec un toit au-dessus des colonnes, soit aussi un bâtiment couvert, un hêkal, où l’on offrait l’encens et où brûlait le chandelier traditionnel, mais’probablement sans debîr, puisque l’on ne possédait pas d’Arche

— Les Juifs d’Éléphantine font observer dans leur lettre que leur temple a été bâti « dès le temps du roi d’Egypte, » c’est-à-dire avant l’invasion des Perses (525), et que le conquérant Cambyse a respecté leur sanctuaire, bien qu’il n’ait pas été aussi tolérant pour d’autres. Depuis que leur temple est détruit, ils se lamentent et sont d’autant plus en peine qu’ils ont déjà écrit une première fois à leur seigneur Bagohi, au grand-prêtre Jochanan ou Jean, aux prêtres de Jérusalem et aux principaux Juifs. Ils se croyaient dans leur droit en adressant leur supplique et, par conséquent, en rebâtissant un temple israélite à l’étranger. Peutêtre ne pensait-on pas de même à Jérusalem. Le temple de Léontopolis n’existait pas encore ; mais il était question d’établir un lieu schismatique de culte au mont Garizim, et le grand-prêtre et les notables de Jérusalem ne devaient pas être disposés à répondre favorablement aux Juifs d’Éléphantine, alors que la tradition et aussi la Loi, leur semblait-il, n’acceptaient comme légitime que le Temple de Jérusalem. De là leur silence. Depuis lors, le désaccord était survenu entre le grand-prêtre et Bagohi, et les fils de Sanaballat avaient