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TEMPLE


qui habite [dans le Temple. Matth., xxil, 16-21. Les étrangers connaissaient bien ces serments captieux que les Juifs faisaient par le Temple. Martial, Epigram., xi, 94, 2, disait à un Juif :

Eece negas, jurasque mihi per templa Tonantis ; Non credo : jura, verpe, per Anchialum.

Anchialus est ici hay hd-’êl, le Dieu vivant, qui offrait au poète beaucoup plus de garantie que le Temple. — L’ordre était assuré dans le temple par une police spéciale, sous les ordres d’un capitaine du Temple. Voir Pouce, t. v, col. 503. Sur les cérémonies particulières qui se célébraient dans le Temple à certaines fêtes, voir Expiation (Fête del’), t. ii, col. 2136 ; Néoménie, t. iv, col. 1588 ; Paque, col. 2096 ; Pentecôte, t. v, col. 120 ; Tabernacles (Fête des), col. 1961 ; Trompettes (Fête des). — La sainteté et la dignité que les Juifs reconnaissaient au Temple donne une importance significative à la comparaison dont les Apôtres se servent, quand ils disent aux chrétiens qu’ils sont les temples de Dieu. I Cor., iii, 16, 17 ; vi, 19 ; II Cor., vi, 16 ; Eph., ii, 20. IV. son histoire. — Quand Hérode eut achevé son œuvre, au moins dans sa partie essentielle, qui était la construction du Temple par les prêtres, il l’inaugura par un jour de fête et de nombreux sacrifices. Le peuple y prit part avec d’autant plus d’empressement que, ce même jour, se célébrait l’anniversaire du roi. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 6. — Sur la fin du règne, le Temple fut l’occasion d’un tragique incident. Hérode avait fait placer au-dessus de la porte du Temple, vraisemblablement de la Belle Porte, un grand aigle d’or. Cet aigle symbolisait probablement Ja suzeraineté romaine. En tous cas, le rigorisme pharisaïque n’admettait aucune représentation humaine ou animale, en dehors de celles que la Loi autorisait en dedans du Temple. Dans la suite, le palais de Tibériade, bâti par Hérode le tétrarque. sera incendié, à cause de ses réprésentations animales. Josèphe, Vit-, 12. Le roi Hérode s’imagina qu’après avoir donné satisfaction aux pharisiens en rebâtissant le Temple, il pouvait impunément froisser leurs sentiments bien connus par l’apposition de son aigle d’or. On n’osa rien dire tout d’abord. Mais, apprenant que le roi était frappé d’une maladie incurable, deux docteurs de la loi, Judas de Sariphée et Matthias de Margalolh, excitèrent des jeunes gens à abattre cet aigle, qui constituait un affront pour la nation. La fausse nouvelle de la mort du prince précipita l’exécution du projet. En plein midi, l’aigle futabattuà coups de hache. Le gouverneur royal fit alors arrêter quarante jeunes gens, ainsi que les deux docteurs. Le roi ordonna de brûler vifs les principaux exécuteurs et ses officiers unirent les autres à mort. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 2-4 ; Bell, jud., i, xxxiii, 2-4. — Les esprits élaient encore sous l’empire de la colère causée par ces rigueurs, quand Hérode mourut, laissant sa succession à Archélaûs. De nombreux pèlerins, arrivés pour célébrer la Pâque, s’unirent aux mécontents. Les soldats envoyés pour maintenir l’ordre dans le Temple furent lapidés par le peuple. Archélaûs fit alors donner toute la garnison dans l’édifice sacré et trois mille hommes périrent. Josèphe, Ant. jud., XVII, îx, 1-3 ; Bell, jud., II, i, 1-3. — À la Pentecôte suivante, le peuple se souleva contre Sabinus qui, chargé d’administrer provisoirement la succession d’Hérode, avait commencé par mettre la main sur le trésor royal. Montés sur les portiques du Temple, les Juifsaccablaient de pierres les soldats qui combattaient dans les parvis. Ceux-ci mirent alors le feu aux portiques. Le bois qui entrait dans leur construction et la cire qui avait servi à fixer l’or fournirent au feu un aliment propice. Tout fut consumé et tous ceux qui étaient montés sur les toitures périrent dans les flammes. Passant alors à travers le feu, les soldats romains allèrent piller le

trésor du Temple, dont Sabinus préleva sa bonne part. Josèphe, Ant. jud., XVII, x, 1, 2 ; Bell, jud., II. iii, 1-3. — À cette époque, le Temple eut la gloire de recevoir la visite de celui qui devait l’illustrer à jamais. Avant les tragiques événements qui suivirent la mort d’Hérode, l’ange était apparu au prêtre Zacharie, pendant qu’il brûlait l’encens dans le hêkal. Au dehors, on attendait Zacharie, et l’on s’étonnait qu’il tardât tant à sortir. Luc, i, 10-12, 21. Quelques années auparavant, une jeune fille de Juda, Marie, était venue s’offrir au Seigneur dans son Temple. Mais elle n’y habita pas, aucun local du parvis des femmes ou de l’enceinte n’étant apte à servir de demeure à des jeunes filles. Voir Marie, t. iv, col. 783. Elle reparut au Temple après la naissance de son enfant, pour le consacrer au Seigneur et se purifier elle-même. Luc, ii, 22-38. Douze ans après, Jésus resta au Temple à converser avec les docteurs, dans une des salles reconstituées sous les portiques qu’on avait restaurés à la suite de l’incendie, sans doute avec moins de magnificence. Luc, II, 46.

— Sous le procurateur Coponius (6-9), par conséquent vers l’époque du pèlerinage de Jésus, mais à une autre Pâque que celle-là, des Samaritains firent acte d’impiété dans le Temple. Profitant de ce que, pour les solennités pascales, les portes du lieu sacré s’ouvraient dès le milieu de la nuit, ils s’introduisirent subrepticement et semèrent des ossements humains dans les parvis et le Temple même. Il fallut interrompre la fête et faire meilleure garde à l’avenir. Josèphe, Ant. jud., XVIII,

; i, 2. — Le procurateur Ponce-Pilate (26-36) s’empara

du trésor du Temple pour construire un aqueduc, d’où mécontentement des Juifs, émeute et massacre par les soldats romains. Josèphe, Ant. jud., XVIII, iii, 2 ; Bell, jud., II, ix, 4. — Sous le gouvernement de ce procurateur, Jésus-Christ paraît souvent dans le Temple, à l’occasion de ses voyages à Jérusalem. À sa première visite, il en chasse les marchands. Joa., ii, 14-20. Plus tard, il enseigne dans le Temple à la fête des Tabernacles. Joa., vii, 14. Il y absout la femme adultère. Joa., viii, 2. Les Juifs y tentent de le lapider. Joa., viii, 59. À la fête de la Dédicace, en hiver, il se promène sous le portique de Salomon, où les Juifs viennent discuter avec lui et cherchent encore à le lapider et à l’arrêter. Joa., x, 2224, 31, 39. Au jour des Rameaux, il est conduit en triomphe dans le Temple par le peuple. Il se contente d’en faire l’inspection et le quitte. Marc, xi, 11. Le lendemain, il en chasse de nouveau les marchands. Matth., xxi, 12 ; Marc, xi, 15, 16 ; Luc, xix, 45. Chaque jour, il vient enseigner dans le Temple. Luc, xix, 47. Les princes des prêtres, les scribes et les anciens, c’est-à-dire les membres du sanhédrin l’y accablent de questions, pour le prendre en défaut. Matth., XXI, 23 ; Marc, XI, 27 ; Luc, XX, 1. Il vient s’asseoir dans le parvis des femmes, près du trésor, et y enseigne. Marc, iii, 41 ; Luc, XXI, 1 ; Joa., viii, 20. Un jour qu’il sort de cet endroit, ses disciples lui font remarquer la beauté des constructions, la dimension des pierres et la richesse des ex-voto. Jésus leur répond : « Un jour viendra où il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit. » Matth., xxiv, 1-3 ; Marc, xiii, 1-4 ; Luc, xxi, 5-7. Il prédit ensuite la grande catastrophe qui fondra bientôt sur Jérusalem, le Temple et toute la nation. Cf. Dan., IX, 26, 27. Chaque matin, le peuple venait de bonne heure au Temple afin de l’entendre. Luc, xxi, 38. Il est à remarquer que le Sauveur, qui n’était point de race sacerdotale, ne pénétra jamais dans le Temple plus loin que le parvis d’Israël. Le parvis des prêtres, le hekâl, le debïr, n’eurent donc jamais l’honneur de sa présence, bien qu’il fût le Fils du Dieu qu’on y adorait. Il n’en payait pas moins le tribut du didrachme pour le Temple. Matth., xvii, 23-26. Pendantsa passion, Jésus rappelle ses entretiens dans le Temple. Matth., xxvi, 55 ; Marc, xiv, 49 ; Luc, xxii, 53 ; Joa., xviii, 20.