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TEMPLE


gogues. On est obligé de préférer les indications de Josèphe. Le traité Middoth n’est vraiment utilisable que par ses renseignements sur le nom et la destination des différentes parties de l’édifice, et encore ne faut-il accepter qu’avec hésitation des indications dont beaucoup sont peut-être postérieures à la ruine du Temple. Cf. Aucler, Le Temple de Jérusalem au temps de N.-S. J.-C, dans la Revue biblique, 1898, p. 193-206. M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, Paris, 1864, a reconstitué le Temple d’Hérode dont il donne une vue cavalière (fig. 464) et un plan (fig. 465) qu’il faut avoir sous les yeux pour se faire une idée exacte du monument et des différentes parties qui le composaient.

1° Le portique royal. — Il s’élevait au-dessus du mur méridional de l’enceinte, par conséquent du côté où se trouvait le palais des anciens rois de Juda. Il allait de la vallée du Tyropœon à celle du Cédron. Il excitait l’admiration, tant par sa magnificence que par sa hauteur au-dessus de la vallée. Quatre rangées de colonnes formaient une triple allée. Chaque colonne avait 27 pieds de haut (7 m 98), portait sur un double tore de pierre, était couronnée d’un chapiteau corinthien et pouvait à peine être embrassée par trois hommes. Il y avait 162 colonnes ou plutôt peut-être 164, formant quatre rangées de 41. Les deux allées latérales avaient 30 pieds de large (8 m 87), un stade de long (185 iii) et plus de 50 pieds de haut (14 m 78) ; l’allée centrale était une fois et demie plus large (13 m 30) et double de hauteur (29 m 56). La toiture était ornée de sculptures de bois en haut relief et de formes diverses, et le pignon avait des colonnes engagées et une architrave. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5. L’allée centrale du portique royal aboutissait à un pont, dont il reste l’arche de Robinson, voir t. iii, col. 1371, et qui, par-dessus la vallée du Tyropœon, rejoignait le Xyste, près du palais des Asmonéens. Dans le récit de la tentation de Notre-Seigneur, il est dit que Satan le transporta sur le pinacle du temple, xo itrepOf iov toù iepoû, et l’invita à se précipiter en bas. Matth., iv, 5. L’angle sud-est du portique royal surplombait le Cédron de 400 coudées (180 mètres), si bien qu’on ne pouvait regarder en bas de cette hauteur sans risquer d’avoir le vertige. Josèphe, Ant. jud., XV, xr, 5 ; XX, ix, 7. Il est probable que ce sommet est l’endroit où est localisée la tentation. Cf. Le Camus, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1901, 1. 1, p.270.Le pylône qui surmontait le vestibule du kèkal n’avait que 100 coudées (45 mètres) de haut. De là, le Sauveur fût descendu dans le parvis des prêtres, dont l’accès lui était légalement interdit. Restait le portique de la Belle-Porte, à l’entrée du parvis des femmes. Mais ce portique n’avait que 40 coudées (18 mètres) de haut et pouvait difficilement prendre le nom de pinacle.

2° Le portique de Salomon et les deux autres. — Le portique de Salomon existait depuis la construction du premier Temple. Il avait dû être réparé bien des fois et, quoique Josèphe n’en dise rien, il est possible qu’Hérode l’ail restauré à son tour. Le portique septentrional et le portique occidental n’avaient, comme celui de Salomon, qu’une double allée. « Ils étaient portés par des colonnes de 25 coudées de haut (ll m 25) en belles pierres blanches, et recouverts d’une charpente de cèdre, …mais sans aucun ornement extérieur de peinture ou de sculpture. » Josèphe, Bell, jud., V, v, 2. Ces portiques servaient d’abris contre la chaleur ou contre la pluie. On s’y promenait et l’on s’y retirait pour s’entretenir ou entendre les docteurs. Joa., x, 23 ; Act., iii, 11 ; v, 12. Là se trouvait le bêt hakkenését, « lieu d’assemblée » où se réunissaient les docteurs. Luc, ii, 46. Les marchands d’animaux et les changeurs y avaient leurs places, mais ils empiétaient plus que de raison sur les parvis. Joa., ii, 14 ; Jer. Yoma, 61, 3 ; Jer. Chagiga, 78, 1. Ce n’est pas à l’intérieur, mais hors du Temple, près du Xyste, qu’il faut

placer les hanôf, chambres où d’après Schabbath, 15a ; Rosch haschana, 31 a ; Sanhédrin, 41 a, se réunissait le sanhédrin lorsque, quarante ans avant la ruine du Temple, il cessa de tenir séance dans le lieu appelé Gazif. Voir t. iii, col. 1843. C’est à tort que d’après des informations rabbiniques, on y place des chambres servant aux lévites pour prendre leurs repas ou leur sommeil, quand ils n’étaient pas de garde, pour manger certaines victimes, ou brûler celles qui avaient été souillées. Gem. Berachoth, 49 6.

3° Les portes de l’enceinte. — Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5, mentionne quatre portes à l’ouest, celle qui menait au palais royal par un pont, deux sur le faubourg et une sur la ville ; il dit qu’il y en avait aussi au milieu du mur méridional, sous le portique royaL La porte orientale s’appelait « porte de Suse », en souvenir de la suzeraineté bienfaisante des Perses. On la nomma depuis la Porte Dorée (fig. 466). Cf. fig. 328, col. 1544. Au-dessus de cette porte était une chambre dans laquelle on conservait deux étalons de coudées. Kelim, xvii, 9. La porte qui, à l’ouest, aboutissait à l’arche de Wilson, cî. t. iii, col. 1371, s’appelait « porte de Coponius ». Enfin la porte du nord, entre l’Antonia et l’angle nord-est, se nommait « porte de Théri », nom d’un autre personnage moins connu que le précédent. Middoth, i, 3. — En outre, la tour Antonia communiquait directement avec le parvis extérieur, dont elle occupait l’angle nord-ouest en coupant les portiques. Sa tour centrale et ses quatre tours d’angle avaient été élevées par Hérode pour la sécurité et la garde du Temple. De la tour du sud-est, on voyait tout ce qui se passait dans l’édifice sacré. Deux escaliers mettaient la forteresse en communication directe avec les parvis du nord et de l’ouest. Par là descendaient les soldats chargés de maintenir l’ordre dans l’enceinte aux jours de fête « Le Temple veillait sur la ville, et l’Antonia veillait sur le Temple, » Josèphe, Bell, jud., V, v, 8.

4° L’intérieur de l’enceinte. — Tout l’espace libre encadré par les portiques était dallé en pierres de diverses sortes. L’accès en était permis à tous, même aux gentils, depuis surtout que les rois perses avaient favorisé la construction du second Temple. C’est pourquoi l’on appelle habituellement « parvis des gentils » l’espace compris entre les portiques et le péribole. Mais cette dénomination est ignorée des anciens Juifs. ; d’ailleurs les étrangers ne pénétraient qu’assez rarement à l’intérieur des portiques. Dans cette enceinte se dressait autour du Temple un mur élégant de 3 coudées de haut (l m 35), muni de treize ouvertures, avec autant de colonnes portant une inscription pour défendre aux étrangers d’aller plus loin sous peine de mort. Voir Péribole, t. v, col. 142. L’espace compris entre ce mur et le Temple s’appelait hèl, « fortification », 7cpoTsꝟ. 1 ! I ( ia 7 spatium antemurale. On y montait par 14 marches, au sommet desquelles s’étendait, tout autour du Temple, un palier large de 10 coudées (4 m 50). Sur ce palier s’élevait la construction rectangulaire du hiéron. Josèphe, Bell, jud., V, v, 2, attribue aux murs 40 coudées de haut (18 œ) à l’extérieur, et 25 (ll m 25)à l’intérieur, sans doute à raison de la surélévation du sol. Ces hauteurs se concilient difficilement avec celles qu’il assigne aux portes. Tout autour de ces murs, Hérode avait suspendu les trophées pris sur les nations étrangères et tout récemment sur les Arabes, ainsi que ce qu’il offrait lui-même en ex-voto, àvé87] « . Il sera fait allusion à ces objets quand, au sortir du hiéron, les disciples’, diront un jour au Sauveur qu’il y a là de belles pierres et de riches ex-voto, ocva8r, (jiaTŒ dona. Luc, xxi, 5.

5° Les portes du Temple. — On montait cinq degrés pour passer du fiel dans l’enceinte sacrée ou Upôv. Dix portes, dont neuf extérieures, y donnaient accès. Ces portes, en bois magnifiquement orné d’or et d’argent,