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TEMPLE


celle que contient le dci ret de Cyrus : « Que la maison soit rebâtie pour que l’on offre des sacrifices, et qu’elle ait de solides fondements. Elle aura 60 coudées de hauteur et 60 de largeur, trois rangées de pierres de taille et un appareil de charpente ; la dépense sera payée par la maison du roi. » I Esd., vi, 3, 4. La construction comportait, à la manière ancienne, des alternances de trois assises de pierre et d’une rangée de poutres de cèdre, ce qui assurait la solidité des murs de l’édifice. Le Temple de Salomon avait 60 coudées de long, 20 de large et 30 de hauteur. II Reg., vi, 2. Les dimensions du second Temple auraient donc été supérieures à celles du premier. Mais cette conclusion n’est point certaine. Les chiffres ont facilement pu être altérés ; s’ils ne l’ont pas été, ils sont indiqués dans un projet qui a fort bien pu être modifié à l’exécution. Peut-être les 60 coudées de largeur doivent-elles s’entendre de la longueur, dont il est surprenant qu’il ne soit pas fait mention. L’étonnement et le chagrin des Juifs qui avaient vu le premier Temple suppose que le second était de proportions plus modestes. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 1, dit que le Temple de Zorobabel avait en hauteur 60 coudées de moins que celui de Salomon, chiffre qui peut concerner le portique, II Par., iii, 4, mais qui, dans plusieurs manuscrits, se réduit à sept coudées, et peut dès lors s’appliquer à l’édifice principal. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 467. Rien ne peut donc être précisé à cet égard ; il est très probable néanmoins que le nouveau Temple s’élevait exactement sur les dimensions de l’ancien, mais qu’il en différait notablement par l’élévation, par l’importance des matériaux et par la richesse de la décoration.

— Hécatée d’Abdère, contemporain d’Alexandre le Grand, décrit ainsi ce Temple : « Il y a au centre de la ville une enceinte de pierre de 5 plèthres de long (147™ 85), de 100 pèques de large (44 nl 36), avec deux portes. Il s’y trouve un autel cubique formé par l’assemblage de pierres blanches non polies ; les côtés en ont chacun 20 pèques (8 m 87) et la hauteur 10 (4° 43). Au delà de cet autel est un édifice contenant un autre autel et un candélabre, l’un et l’autre en or du poids de deux talents. Une lumière y brille jour et nuit sans jamais s’éteindre. Il n’y a ni statue, ni ex-voto, ni plantation, ni bois sacré, ni rien qui y ressemble. » Cf. Josèphe, Cont..4pion., i, 22. D’après Middoth, i, 3, la ville de Suse était représentée en bas-relief au-dessus de la porte orientale du parvis extérieur, pour reconnaître la suzeraineté du roi de Perse. Un écrivain grec, Eupolème, probablement juif du temps de Démétrius Soter (162-150 avant J.-C), voir Eupolème, t. ii, col. 2050, a laissé une description du temple qui a été conservée par Eusèbe, Prsep. evang., îx, 34, t. xxi, col. 751-753. Il prétend décrire le Temple de Salomon, mais il est à croire que sa description se rapporte surtout à l’édifice qu’il avait sous les yeux. Il y note quelques traits intéressants. Les fondations, d’après lu], occupaient un espace de 60 coudées de long sur 60 de large. Ce sont les chiffres du livre d’Esdras. « Il voulut que toute la structure fût agencée de manière que les assises de pierre alternassent avec des poutres de cyprès, les deux assises étant assujetties par des crampons d’airain en forme de haches, du poids d’un talent… Au nord de l’édifice, il ouvrit un grand portique soutenu par quarante-huit colonnes d’airain… Il ajouta, non loin du bassin, une estrade d’airain, haute de deux coudées, sur laquelle le roi se tenait pour prier, de manière à être vu facilement par le peuple qui l’entourait. » Il décrit ensuite un appareil qui, prétend-il, dépassait le faite du Temple de 20 coudées, et auquel étaient suspendues quatre cents clochettes d’airain qu’on mettait en mouvement pour effrayer les oiseaux et les empêcher de se poser sur le Temple. Il est aussi parlé du Temple de Zorobabel dans la Lettre d’Aristée,

cf. Eusèbe, Prsep. evang., ix, 38, t. xxi, col. 156, ce Juif qui cherche à faire valoir les coutumes de sa nation en revêtant le personnage d’un païen d’Egypte. Il écrivait presque certainement vers l’an 200 avant J.-C. Cf. Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes, t. iii, p. 468. Voici ce qu’il dit du Temple : « Tout à l’extrémité (de la ville) était établi le sanctuaire distingué par sa splendeur, avec les trois périboles dépassant 70 coudées en hauteur sur une largeur proportionnée et une longueur adaptée à la dimension du Temple : tout cela construit avec une magnificence et un décor absolument extraordinaires. La porte même, avec son assemblage de montants et son inébranlable linteau, trahissait déjà toute l’abondance prodigue des ressources employées. Quant au rideau, son adaptation aux montants de porte était aussi exacte que possible. Le tissu recevait surtout du mouvement de l’air une agitation constante ; le gonflement du rideau, commençant dès le sol, se prolongeait jusqu’à son attache supérieure, ce qui produisait un spectacle charmant auquel on ne s’arrachait qu’avec peine… Le sol entier est dallé, avec des pentes aux endroits convenables pour l’écoulement des grands lavages nécessairement destinés à nettoyer le sang des sacrifices. C’est en effet par nombreux milliers que les animaux sont présentés aux jours de fêtes. » Il parle ensuite des canaux qui amènent l’eau en abondance des réservoirs ménagés à distance de la ville. Puis, feignant toujours d’être un étranger, il raconte qu’il est monté, afin de mieux voir toutes choses, sur la citadelle bâtie auprès du Temple pour le défendre. La citadelle en question n’est autre que la tour Baris, remplacée plus tard par l’Antonia. Ce qu’Aristée dit du Temple trahit le désir d’imposer le monument à l’admiration des lecteurs, mais, pour le fond, ne s’écarte pas trop de la réalité. Il mentionne trois périboles ou trois enceintes dépassant 70 coudées en hauteur, soit 31 m 50 en coudées communes. Cette hauteur n’est évidemment pas celle des portiques, mais, par approximation à vue, celle des pylônes qui devaient surmonter les portes donnant accès au parvis des femmes, au parvis d’Israël et au hêkal. Aristée est en admiration devant la porte du hêkal, mais il omet de la décrire. Il est frappé par le spectacle pittoresque que produit le jeu du vent sur le rideau qu’il fait onduler. Ce rideau est celui qui fermait la porte du vestibule précédant le hêkal. L’écrivain lui donne son nom technique, xxTaicltacr(j.a. Il n’aurait pu l’entrevoir si, simple étranger, il avait été confiné en dehors de l’enceinte sacrée, et il aurait probablement ignoré son nom, s’il n’eût été Juif. Quand il pilla le Temple de Jérusalem, en 169, Antiochus Épiphane emporta le xa-caitÉTauna. I Mach., i, 23. C’était le voile qu’avait vu Aristée. L’écrivain connaît encore un détail qu’il eût été impossible de constater du haut de la tour de Baris : des pentes sont habilement ménagées dans le dallage du parvis des prêtres, pour l’écoulement facile des eaux de lavage. Cf. H. Vincent, Jérusalem d’après la lettre d’Aristée, dans la Revue biblique, 1908, p. 520 ; 1909, p. 555.

2° Son histoire. — Quand le Temple fut terminé, on en fit solennellement la dédicace en offrant de nombreux sacrifices. Le service des prêtres fut organisé et la Pàque célébrée. I Esd., vi, 16-21. — La septième année d’Artaxerxès (459), Esdras vint à Jérusalem avec un nouveau contingent d’exilés. Il apportait avec lui de nombreux présents pour le Temple et des instructions du roi afin qu’on fournit en son nom ce qui était nécessaire pour l’offrande des sacrifices. I Esd., vil, 1226 ; viii, 35, 36. — Sous Néhémie, il fut décidé que chacun paierait annuellement un tiers de sicle (Ofr. 93) pour le service du Temple. La fourniture du bois fut répartie régulièrement entre plusieurs familles, et des lévites furent préposés à la garde des chambres du