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TEMPLE


Joas pût, sans rencontrer de résistance, faire lapider le grand-prêtre Zacharie dans les parvis mêmes de édifice sacré. Il y avait là une situation qui n'était tolérable qu’avec des rois sincèrement religieux, tels qu’Asa, Josaphat ou Ézéchias. Comme le Temple était entièrement revêtu de cèdre à l’intérieur, que la toiture était toute en bois et que les poutres s’encastraient dans la maçonnerie, l’incendie détruisit tout et ne laissa guère que des pierres calcinées. En mémoire de cet événement, un jour de jeûne fut institué le dixième jour du cinquième mois. Cf. Jer., LU, 12. On se lamenta sur la ruine du Temple :

L’eDnemi a tout ravagé dans le sanctuaire ;

Te » adversaires ont rugi au milieu de tes saints parvis…

On les a vus pareils au bûcheron

Qui lève la c ognée dans une épaisse torèt.

Et maintenant, ils ont brisé toutes les sculptures

A coups de hache et de marteau..

Ils ont livré au feu ton sanctuaire,

Ils ont abattu et profané la demeure de ton nom.

Ps. lxxiv (i.xxiii), 3-7.

Jérémie consola ses compatriotes en leur annonçant que le Temple serait vengé et qu’au retour de l’exil on offrirait encore l’holocauste et le sacrifice quotidien. Jer., xxxiii, 16-18 ; l, 28 ; li, 11. — C’est qu’en effet, ' comme en témoignent les psalmistes, le Temple tenait une place essentielle dans la vie religieuse d’Israël. La demeure de Jéhovah était aimable par-dessus tout ; on soupirait après le jour où l’on entrerait dans ses parvis et l’on portait envie à ceux qui y habitaient. Ps. lxxxiv (lxxxiii), 2-5. On était dans la joie quand venait le moment de partir pour le Temple. Si l’on admirait Jérusalem et si on lui souhaitait la paix, c'était surtout « à cause de la maison de Jéhovah. » Ps. cxxii (cxxi), 1, 9. À l’arrivée au Temple, on demandait joyeusement aux prêtres d’ouvrir les portes, et les justes, ceux qui étaient purifiés, étaient admis à entrer. « Voici le jour que Jéhovah a fait, s'écriait-on, livrons-nous à l’allégresse et à la joie ! » Alors les prêtres bénissaient et menaient les victimes à l’autel. Ps.cxviii (cxvii), 19-27. Au départ, on invitait les lévites à faire leur service de nuit dans le Temple et à lever les mains vers le sanctuaire. Ps. cxxxrv (cxxxiii), 1, 2. « Louez Dieu dans son sanctuaire, » disait-on aux musiciens. Ps. cl, 1. La ruine du Temple constituait donc pour les Israélites le plus déplorable des malheurs.

II. Temple de Zorobabel. — Les renseignements font à peu près complètement défaut sur l’agencement du Temple de Zorobabel. C’est donc surtout par son histoire qu’il arrête l’attention. — 1° Sa construction. — La première année de son règne (536), Cyrus porta un édit pour permettre le retour des Israélites en Palestine et prescrire la reconstruction du Temple. Il provoqua en outre les offrandes destinées à favoriser cette reconstruction et fît rendre les ustensiles d’or et d’argent, au nombre de cinq mille quatre cents, qui avaient été emportés de Jérusalem à Babylone. I Esd., i, 2-11. Cf. Is., xliv, 28. Zorobabel revint donc en Palestine à la tête d’une caravane de 42360 personnes. Les chefs de famille firent une première donation de 61 000 dariques (1586 000 fr.), de 5 000 mines d’argent (787500 fr.) et de cent tuniques sacerdotales. Au septième mois, on s’assembla à Jérusalem et l’on commença par rétablir l’autel sur ses anciennes fondations, afin de pouvoir célébrer la fête des Tabernacles. On se prépara ensuite à reconstruire le Temple. De l’argent fut assuré aux tailleGrs de pierres et aux charpentiers, et, comme au temps de Salomon, on s’entendit avec des Sidoniens et des Tjriens pour la fourniture des

bois de cèdre. On leur donnait des vivres, du vin et de l’huile ; en retour, ils coupaient les cèdres du Liban et les faisaient arriver par mer jusqu'à Joppé, avec l’autorisation de Cyrus. I Esd., ii, 64-iit, 7. — Le travail

commença effectivement le second mois de la seconde année du retour (535), sous la conduite de Zorobabel et du grand-prêtre Josué. On posa solennellement les fondements de l'édifice, au milieu des cris de joie du peuple, et aussi des gémissements de ceux qui avaient vu l’ancien Temple. I Esd., iii, 8-13. L’antique plateforme construite par Salomon subsistait toujours ; les Chaldéens n’avaient pas perdu leur temps et leur peine à la détruire. Il est vraisemblable que les fondations furent assises à la place des anciennes, comme on l’avait fait pour l’autel, dont l’emplacement commandait la disposition de l'édifice. Mais, dès le commencement du travail, tout ce peuple mélangé qu’Asarhaddon avait envoyé pour coloniser la Samarie, IV Reg., xvii, 24-41, et qui se prenait pour la vraie descendance israélite, formula la prétention d'être admis à coopérer avec les Juifs à la réédification du temple. Zorobabel et les autres chefs refusèrent, en s’appuyant sur la teneur de l'édit de Cyrus. Les Samaritains cherchèrent alors à intimider les constructeurs et leur suscitèrent toutes sortes d’embarras. Ils intriguèrent tant qu’ils purent dans l’entourage de Cyrus ; sous son successeur, Cambyse, ils réussirent même à faire arrêter complètement les travaux. I Esd., iv, 1-6. Il est vrai que le caractère de ce prince et sa campagne en Egypte ne lui permettaient guère de prêter attention aux intérêts des Juifs. Voir Cambyse, t. ii, col. 89. Les travaux restèrent suspendus jusqu'à la seconde année du règne de Darius (520). On hésitait encore sur l’opportunité de les reprendre et l’on se contentait d’attendre l’occasion propice, quand, à la suite d’une récolte insuffisante, le prophète Aggée intervint pour déclarer que la sécheresse avait été la marque du mécontentement divin et que la volonté de Jéhovah était qu’on se remît à l'œuvre. Agg., i, 1-13. Le prophète Zacharie, vm, 9-13, encouragea aussi les travailleurs, et, le sixième mois de cette année, on recommença à bâtir. Le gouverneur du pays en deçà de l’Euphrate, Thathanaï, s’enquit alors de ce qui se faisait et demanda si l’on avait l’autorisation. Il laissa néanmoins continuer les travaux, et se contenta d’en référer à Darius pour l’informer de ce qui se passait et lui dire que les Juifs se prévalaient d’un édit de Cyrus en leur faveur. Darius fit chercher l'édit dans les archives d’Ecbatane. Quand on l’eut trouvé, il ordonna non seulement de laisser les Juifs continuer leur œuvre, mais aussi de les protéger contre toute agression, de les aider aux frais de la maison du roi et de leur fournir ce qui était nécessaire pour les sacrifices. Les travaux furent dès lors poussés avec plus d’activité. I Esd., v, 1-vi, 13. Le vingt-et-unième jour du septième mois, dernier jour de la fête des Tabernacles, Aggée reprit la parole au nom de Jéhovah : « Quel est parmi vous le survivant qui vit cette maison dans sa gloire première, et en quel état la voyez-vous maintenant ? Ne parait-elle pas rien à vos yeux ? Et maintenant, courage, Zorobabel, dit Jéhovah, courage, Jésus, fils de Josédec, grandprêtre, courage, vous tous, peuple du pays, dit Jéhovah, et à l'œuvre ! Car je suis avec vous, dit Jéhovah des armées… Je remplirai de gloire cette maison… Plus grande sera la gloire de cette dernière maison que de la première, dit Jéhovah des armées, et dans ce lieu je donnerai la paix. » Agg., ii, 3-9. Cf. Van Hoonacker. Les petits prophètes, Paris, 1908, p. 559-565. C'était l’annonce mystérieuse de la destinée promise au second Temple : un jour, il verrait dans ses murs celui qui était plus que Salomon, Matth., XII, 42 ; Luc, xi, 31, le Messie en personne. Au neuvième mois, le prophète promettait qu’aux calamités récentes allaient succéder les bénédictions divines, pour récompenser les constructeurs. Agg., ii, 15-19. — Le Temple fut achevé le troisième jour d’adar de la sixième année de Darius (516). La seule donnée que l’on ait sur sa structure est