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TEMPLE


année du règne, ils n’avaient encore rien fait. Joas prit alors en main la direction de l’œuvre. Les offrandes et les taxes furent dès lors versées dans un coffre, dont le grand-prêtre et le secrétaire du roi vérifiaient de temps en temps le contenu. Les sommes recueillies étaient ensuite remises à des intendants intègres, qui payaient directement les fournisseurs de bois et de pierres et les ouvriers maçons et charpentiers. Afin d’assurer le complet achèvement des réparations, on s’abstint de distraire aucune somme d’argent pour la fabrication d’ustensiles précieux, jusqu’à ce que l’œuvre entreprise fût terminée. IV Reg., xii, 4-16 ; II Par., xxiv, 4-14. Joas, à l’exemple de son ancêtre Asa, fut pourtant obligé de recourir aux trésors du Temple pour préserver Jérusalem d’une invasion du roi de Syrie, Hazaël. IV Reg., xii, 18. Il commit le crime de faire lapider dans les parvis du Temple le grand-prêtre Zacharie, fils de son bienfaiteur Joïada. II Par., xxiv, 20-22. — Sous Amasias, Joas, roi d’Israël, entra à Jérusalem et pilla l’or, l’argent et. les vases du temple. II Par., xxv, 24.

— Ozias, roi de Juda, fut frappé de la lèpre dans le temple, pour avoir osé tenir l’encensoir afin d’offrir des parfums sur l’autel. II Par., xxvi, 16-20. — Joatham bâtit la porte supérieure de la maison de Jéhovab, c’est-à-dire refit ou restaura complètement l’une des portes, probablement celle du portique qui servait d’enceinte au parvis intérieur, plus élevé que l’autre. IV Reg., xvi, 35 ; II Par., xxvii, 3. — L’impie Achaz, voulant se débarrasser de ses ennemis, Rasin, roi de Syrie, et Phacée, roi d’Israël, appela à son secours le roi d’Assyrie, Théglathphalasar, et prit l’or et l’argent du Temple, pour lui envoyer des présents. IV Reg., xvi, 8 ; II Par., xxviii, 21. Il se rendit ensuite à Damas, pour rendre hommage au roi assyrien. Là, il vit un autel qui servait probablement au culte pratiqué par le monarque. Par flatterie, sans doute, pour le puissant suzerain, il en envoya le dessin à Jérusalem au prêtre Urias, pour que celui-ci se hâtât d’en faire exécuter un semblable. À son retour, Achaz trouva le nouvel autel en place, y offrit des sacrifices et ordonna qu’il servit désormais pour les holocaustes et les autres sacrifices quotidiens, particuliers ou publics. On relégua sur la droite, au nord du parvis, l’ancien autel d’airain. Il fit ensuite démonter les bassins roulants et descendre la mer d’airain de dessus les bœufs qui la portaient, afin de la poser sur un socle de pierre. Il modifia également le musach, voir Musach, t. iv, col. 1345, ou portique du sabbat, ainsi que l’entrée extérieure du roi. IV Reg., xvi, 10-18. Ces innovations ne concilièrent à Achaz ni la faveur de Théglathphalasar, ni celle de Dieu. Le roi impie en vint alors jusqu’à mettre en pièces les ustensiles sacrés et à fermer les portes du Temple, pour se livrer éperdûment aux pratiques idolâtriques. II Par., xxviii, 24. — Le premier soin d’Ézéchias, fils d’Achaz, fut de rouvrir les portes du Temple, de les réparer, de faire purifier l’édifice sacré de toutes les impuretés qui le profanaient, et de restaurer le culte par de nombreux sacrifices et une célébration solennelle de la Pâque. II Par., xxix, 3-xxx, 27. La quatorzième année de son règne, pour essayer d’écarter Sennachérib, Ezéchias fut obligé à son tour de faire appel au trésor du Temple et de sacrifier les lames d’or dont il avait lui-même décoré les portes et les linteaux. IV Reg., xviii, 15, 16. — Sous Manassé, le culte fut de nouveau interrompu dans le Temple. Au lieu de fermer l’édifice, comme Achaz, le roi y éleva des autels idolâtriques et, dans les deux parvis, offrit ses sacrifices à l’armée du ciel, c’est-à-dire au soleil, à la lune et aux astres. Il installa même l’idole d’Astarthé dans le lieu saint. C’était la profanation la plus complète, à un degré qui n’avait pas été atteint jnsquelà et qui provoqua la vengeance divine. IV Reg., xii, 4-7 ; II Par., xxxiii, 4-7. Sur la fin de sa vie seulement,

Manassé, humilié par ses épreuves, fit disparaître du Temple toutes les abominations qu’il y avait introduites, releva l’autel de Jéhovah et rétablit le culte mosaïque. II Par., xxxiii, 15, 16. — Sous son petit-fils, Josias, des mesures furent prises pour la restauration du monument. A cette occasion, le grand-prêtre Helcias annonça qu’il avait trouvé dans le Temple le livre de la loi, découverte qui fut le point de départ d’un retour général au culte de Jéhovah. Ce qui restait d’objets idolâtriques dans le Temple fut brûlé hors de Jérusalem. Les maisons de prostituées que Manassé avait bâties dans l’enceinte sacrée furent abattues, et les autels qu’il avait dressés dans les parvis furent détruits. Enfin, les rois impies avaient installé, à l’entrée de la maison de Jéhovah, dans les dépendances adossées aux parvis extérieur, des chars du soleil et des chevaux pour les traîner. Voir Pharurim. t. v, col. 220. Josias lit disparaître les chevaux et brûla les chars. IV Reg., XXII, 3-xxiii, 12. Le roi avait dans le parvis intérieur une estrade sur laquelle il se tenait en certaines circonstances ; c’est de là qu’il renouvela solennellement l’alliance de son peupleavec Jéhovah. II Par., xxxiv, 31.

Le Temple n’en était pas moins condamné, à raison de toutes les abominations qui s’y étaient commises. Le Seigneur dit en effet : « Je rejetterai cette ville de Jérusalem quej’avais choisie et cette maison de laquelle j’avais dit : Là sera mon nom. » IV Reg., xxiii, 27. Le prophète Jérémie, vii, 4-15, prédit qu’en vain l’on mettait sa confiance dans la maison de Jéhovah, qu’on avait souillée de crimes et dont on avait fait une caverne de voleurs : elle serait traitée comme le sanctuaire de Silo en rJphraïm. Dans le parvis même du Temple, le prophète annonçait le châtiment imminent. Jer., xix, 14. Cf. Mich., iii, 12. Nabuchodonosor ne tarda pas à apparaître. Sous le roi Joachin, il emporta tous les trésors de la maison de Jéhovah et brisa les ustensiles d’or qui subsistaient encore depuis Salomon, pour les comprendre dans son butin. IV Reg., xxiv, 13 ; II Par., xxxvi, 7. Les faux prophètes annonçaient que bientôt tous ces objets seraient rapportés de Babylone. Jer., xxvii, 16. Jérémie répondait en assurant que tout ce qui restait encore serait également emporté. Jer., xxvii, 21, 22. Il continuait d’ailleurs à faire entendre ses oracles dans le Temple. Jer., xxvi, 2 ; xxviii, 5. Il mentionne en passant différentes chambres occupées par des gardiens du Temple. Jer., xxxv, 2, 4. Enfin, dans une dernière campagne, les Chaldeens prirent Jérusalem, brûlèrent le Temple, emportèrent les derniers ustensiles d’or et d’argent, ainsi que l’airain des colonnes, des bassins et de la mer d’airain qu’ils avaient brisés. IV Reg., xxv, 9-17 ; II Par., xxxvi, 18-19.

Cet événement eut lieu en 587. Le Temple avait donc duré 417 ans. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 3, dit que beaucoup des premiers rois avaient orné le Temple, complétant ainsi l’œuvre de Salomon. L’histoire a mentionné quelques-uns de leurs travaux. Mais leur palais était contigu au parvis du Temple et le Seigneur se plaint que leur seuil fût auprès de son seuil. Ezech., xmi, 8. Ils avaient donc tendance à regarder le Temple comme un sanctuaire royal, placé sous leur dépendance. L’inconvénient devenait grave sous des rois impies comme Athalie, Achaz ou Manassé. Le sort du culte suivait le caprice ou la passion du prince et les lois mosaïques étaient odieusement foulées aux pieds. D’autre part, il n’apparaît pas que le sacerdoce lévitique ait jamais opposé grande résistance aux entreprises sacrilèges des rois. Quand ces derniers l’exigeaient, les sacrifices cessaient et le Temple se fermait ou se changeait en sanctuaire idolâtrique, sans protestation apparente ni surtout opposition effective de la part des prêtres. Il fallait que le roi fût bien assuré de son pouvoir absolu vis-à-vis d’eux pour que