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TEMPLE


prêtres pour y manger ce qui leur revient des sacrifices et pour y déposer leurs vêtements sacrés. Ezech., xlii, 1-14. Le prophète mentionne encore le lambrissage « en bois uni » qui recouvrait tout l’intérieur du temple, et par-dessus ce revêtement, des tentures décorées de chérubins et de palmiers. La porte du hëkal et celle du debîr sont à deux battants qui forment chacun deux panneaux se repliant, xli, 16-26. Il n’est nullement question de placage d’or ni de décorations en métaux précieux. En somme, à part les trois grands bâtiments situés sur les trois côtés du temple, l'édifice décrit par Ézéchiel ne s'écarte pas trop du plan général du Temple de Salomon, et sera reproduit, dans ses éléments essentiels, par le Temple d’Hérode. Toutefois, il faut prendre ses indications pour ce qu’elles sont et ne voir que matière à description idéale dans les additions et les complications dont l’histoire ne justifie pas la réalité. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. iv, p. 243-301. iv. le mobilier. — Pour la fabrication du mobilier du Temple et de tous les ouvrages de métal, Salomon s’assura le concoursd’un habile orfèvre phénicien, Hiram. Yoir Hiram, t. iii, col. 718. D’après II Par., v, 13, le roi de Tyr lui-même l’aurait envoyé à son voisin, comme un homme très habile à travailler non seulement sur les métaux, mais encore sur les étoffes et le bois. C'était comme un grand entrepreneur d’art et d’industrie, qui ne manqua sans doute pas d’amener de son pays diverses équipes d’ouvriers. Il était fils d’une femme de Dan, qui, mariée à un homme de Nephthali, était devenue veuve et s'était remariée à un Tyrien. Hiram tenait ainsi par sa mère au peuple isrælite. En avait-il gardé la religion ? On l’ignore. Toujours est-il que les ouvriers phéniciens employés à la construction et à la décoration du Temple de Jéhovah étaient des adorateurs de Baal et d’Astarthé. Hiram présida à l’exécution des sculptures et du mobilier du Temple. III Reg., vii, 13, 14. On doit lui attribuer l’autel d’airain, qui se dressait dans le parvis intérieur et servait aux holocaustes et aux autres sacrifices, II Par., IV, 1, voir Autel, t. i, col. 1270 ; la mer d’airain et les bassins, III Reg., vii, 23-39 ; II Par., iv, 2-6, voir Mer d’airain, t. IV, col. 982 ; les chandeliers d’or, II Par., iv 7, voir Chandelier, t. ii, col. 542, les tables, les coupes, les cendriers, les pelles, II Par., iv, 8-11, 19-22 ; les deux colonnes de bronze, III Reg., vii, 15-22 ; II Par., iv, 12, 13, voir Colonnes du temple, t. ii, col. 856, les battants des portes du Saint et du Saint des Saints, et tous les différents ustensiles du sanctuaire. II Par., iv, 16, 18. La fonte des grandes pièces d’airain fut exécutée dans la plaine du Jourdain, entre Sochoth et Saréda ou Sarthan, où l’argile était propre à faire des moules. II Par., iv, 17 ; III Reg., vii, 46. Yoir Sarédatha, Sarthan, t. v, col. 1486, 1494 ; Revue biblique, 1910, p. 555. — Cf. Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1741, p. 3041 ; Iken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 64100 ; Villalpand, In Èzechielem explanationes et apparatus urbis ac templi Hierosolymitani, Rome, 15961608, 3 in-f » ; B. Lamy, De labernaculo fœderis, de sancta civitate Jérusalem etdetemploejus, in-f°, Paris, 1720 ; Lightfoot, Opéra onmia.Anvers, 1699, 1. 1, p. 553 ; Keil, Der Tempel Salomo’s, Dorpat, 1839 ; Bâhr, Der Salomonische Tempel, Carlsruhe, 1848 ; Thenius, Dos vorexilische Jérusalem und dessert Tempel, Leipzig, 1849 ; Fergusson, The Temple of the Jews and tlie other Buildings in the Haram Area at Jérusalem, Londres, 1878 ; X. Pailloux, Monographie du Temple de Salomon, Paris, 1885 ; O. Wolf, Der Tempel von Jérusalem und seine Maasse, Gratz, 1887 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 243330 ; Yigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 284-346 ; Meignan, Salomon, Paris, 1890, p. 91-140 ; Em. Schmidt, Salomon’s Temple in the Light of other oriental Temples, Chicago, 1902 ;

P. Berto, Le Temple de Jérusalem, dans la Revue des études juives, t. xl, 1910, p. 1-23.

v. l’histoire. — Le Temple, commencé le second mois de la quatrième année de Salomon (1011), fut achevé le huitième mois de la onzième année (1004). La construction avait duré sept ans. Au septième mois de l’année suivante, Salomon y fit transporter l’Arche d’alliance et en célébra la dédicace par d’innombrables sacrifices. Les fêtes durèrent sept jours et se prolongèrent sept autres jours, pour la solennité des Tabernacles. III Reg., viii, 1-66 ; II Par., v, 2-vn, 10. Mais dès ce moment il fut prédit que si Israël abandonnait son Dieu, Jéhovah abandonnerait la maison qu’il venait de consacrer par sa présence. III Reg., ix, 6-9. Dieu, en effet, avait pris possession du nouveau temple en y manifestant sa gloire par une nuée miraculeuse. III Reg., viii, 10-11. Les infidélités commencèrent quand Salomon lui-même éleva un haut lieu pour Chamos et pour Moloch sur la montagne qui fait face au temple. III Reg., xi, 7. — Dès le règne du fils de Salomon, Jéroboam, le nouveau roi d’Israël, prit des mesures pour empêcher ses sujets de fréquenter le Temple de Jérusalem. À cette occasion, les lévites et les prêtres du royaume d’Israël émigrèrent pour venir s'établir en Juda. III Reg., xii, 27-33 ; II Par., xi, 13-17. Peu après, le roi d’Egypte, Sésac, monta contre Jérusalem et s’empara des trésors^Iu Temple, c’est-à-dire de tout ce qui, dans l'édifice sacré, pouvait tenter sa cupidité. « Il prit tout, » sans que le détail en ait été noté. III Reg., xiv, 25, 26 ; II Par., xii, 9. — Asa mit dans le temple l’or, l’argent et différents objets consacrés par son père et par lui-même, sans doute pour remplacer en partie ce qui avait été enlevé par Sésac. III Reg., xv, 15 ; II Par., xv, 18. Pour s’assurer l’alliance de Ren-Hadad contre Baasa, roi d’Israël, il tira do l’or et de l’argent de son propre trésor et de celui du temple, II Par., xvi, 2, jugeant sans doute qu’il valait mieux employer les trésors sacrés à la défense du pays, que de les exposer au pillage, comme sous Roboam. — Lorsque Athalie usurpa le trône, le jeune Joas, l’héritier légitime, fut caché pendant six ans dans la maison de Jéhovah, c’est-à-dire dans quelqu’une des dépendances du Temple. III Reg., xi, 3 ; II Par., XXII, 12. La conspiration qui devait substituer Joas à Athalie eut son dénouement dans l’enceinte sacrée. Le peuple occupait le grand parvis et les lévites, de concert avec les Céréthiens ou gardes royaux gagnés par le grandprêtre Joïada, étaient postés à droite et à gauche de la maison et près de l’autel, de manière à entourer le jeune roi. Ils étaient armés avec des lances et des boucliers qui se trouvaient dans le Temple et provenaient de David. Us avaient en outre à surveiller trois portes : celle qui communiquait avec le palais royal, au sud, la porte de Sur ou de la Fondation et la porte des Coureurs, qui ouvrait aussi sur le palais royal. Athalie entendit le bruit des acclamations de son palais, qui donnait sur le parvis extérieur, et elle accourut. Elle fut entraînée par le chemin de l’entrée des chevaux, c’est-àdire du côté des écuries royales, et là elle fut mise à mort, tandis que Joas était conduit au palais par la porte des Coureurs, celle près de laquelle avaient leur poste les gardes et les courriers royaux. IV Reg., xi, 4-20 ; II Par., xxiii, 1-15.

Le Temple existait alors depuis cent vingt-sept ans ; il était nécessaire de pourvoir à son entretien et aux réparations, d’autant qu’Athalie avait laissé à l’abandon la maison de Dieu et même avait permis d’en détourner différents objets pour le culte des Baals. Joas résolut d’entreprendre une restauration, ce qui pouvait se faire aisément grâce à l’impôt perçu pour le Temple, voir Capitation, t. ii, col. 213, et aux offrandes volontaires. Il ordonna donc aux prêtres d’exécuter toutes les réparations nécessaires. Mais, la vingt-troisième