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TEMPLE


il est dit que, l’autel d’airain ne pouvant contenir toutes les victimes, aux fêtes de la consécration du Temple, Salomon offrit les sacrifices dans le grand parvis. — L’ordonnance générale du temple de Salomon est donc aisée à reconstituer dans les grandes lignes. Sur la vaste plate-forme du mont Moriah, délimitée à l’orient par un portique, a été ménagée une première enceinte, délimitant le grand parvis, dans lequel tout le peuple a accès. Une seconde enceinte, en avant de l’édifice,

4C0. — Plan du temple de Khons.

D’après Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient,

t. ii, p. 552.

mais en plein air, constitue le parvis des prêtres, dans lequel se trouvent l’autel des sacrifices et la mer d’airain, et qui n’est accessible qu’aux prêtres. L’édifice qui vient à la suite est couvert et se compose de deux parties : Vhêkal ou Saint, occupant les deux tiers du bâtiment total, et renfermant l’autel des parfums, le chandelier et la table des pains, et le debîr ou Saint des Saints, qui occnpe le dernier tiers, n’a d’autre ouverture que la porte et renferme l’Arche d’alliance et les chérubins. Comme on le voit, c’est la reproduction agrandie du plan du tabernacle. Voir Tabernacle, col. 1953. Au lieu d’être constitués par une simple tente, le Saint et le Saint des Saints devenaient un solide bâtiment de pierre et de bois, avec la même

division et la même destination. Le parvis des prêtres remplaçait l’enceinte ménagée devant la tente sacrée. Les seules additions étaient celle de chambres élevées sur les côtés de l’édifice et celle du grand parvis, annexe qui s’imposait pour permettre au peuple l’accès du monument. Cette disposition générale imitait celle de certains temples égyptiens ; elle répondait heureusement aux nécessités du culte mosaïque. Elle n’était pas une imitation servile des monuments de l’Egypte. David et Salomon en avaient arrêté le plan d’après le souvenir du Tabernacle et en conformité avec les exigences liturgiques du culte de Jéhovah. Les Phéniciens l’avaient exécuté d’après leurs procédés architectoniques et décoratifs, dont le caractère était éminemment éclectique et empruntait ses éléments aux différents peuples avec lesquels ils étaient en rapport. Cf. de Saulcy, Histoire de l’art judaïque, Paris, 1858, p. 194 ; Perrot, Hist. de l’art, t. iv, p. 300. Néanmoins, qu’il y ait eu imitation ou nécessité de répondre à des besoins analogues, on ne peut s’empêcher de remarquer l’analogie généiale qui existait entre le Temple de Salomon et certains temples égyptiens, analogie qui avait déjà inspiré le plan du Tabernacle, voir fig. 433, col. 1953, dont l’édifice salomonien ne faisait que reproduire en plus grand les dispositions. Ainsi, au temple de Khons, à Karnak (fig. 460), le monument dont la porte À s’ouvre entre deux pylônes, comprend d’abord une cour B, correspondant au grand parvis, une salle hypostyle C, dont la place est occupée par le parvis des prêtres, un sanctuaire D, auquel répond le hêkal, et qui est isolé par le couloir E, et enfin l’opisthodome F, qui est comme le debîr, avec des chambres de service aux côtés du sanctuaire et autour de l’opisthodome. La porte et ses pylônes (fig. 461) peut fournir elle-même quelque idée de celle qui donnait accès dans le parvis des femmes. Ces dispositions répondaient trop bien aux nécessités du culte israélite pour que Salomon et ses ingénieurs phéniciens, si au courant des procédés architectoniques du monde oriental, égyptien ou babylonien, ne les aient pas empruntées pour les adapter au Temple de Jérusalem.

3° Le prophète Ézéchiel, XL, 5-xlii, 20, a laissé du Temple une description détaillée et presque technique, avec de nombreuses indications de mesures qui concernent surtout le plan, et exceptionnellement l’élévation. Comme il était prêtre et avait dû exercer les fonctions sacerdotales dans le premier temple, on a pensé que sa description devait porter sur des données précises, dont il y a lieu de tenir compte. Perrot et Chipiez sont partis de cette observation pour tenter une reconstitution de l’antique monument. « Si, observent-ils, les matériaux du Parthénon et du temple de Jupiter à Olympie avaient disparu comme ceux du temple de Salomon, personne n’aurait même songé à entreprendre une restauration de ces monuments à l’aide du’seu, texte de Pausanias… Phénomème étrange et vraiment inattendu ! C’est le moins artiste des grands peuples de l’antiquité qui nous a transmis les renseignements les plus développés et les plus complets que nous possédions sur un édifice antique. » Histoire de l’art, t. iv, p. 474. Les auteurs ne prétendent pas d’ailleurs que le temple d’Ézéchiel soit celui de Salomon, ni même celui des derniers rois de Juda. Le monument décrit par le prophète est un « unique et curieux mélange de réalité et de fiction ; c’est cet édifice ou plutôt ce groupe d’édifices que le prophète présente à ses compatriotes comme la consolation et la revanche des malheurs du passé, comme le symbole et le gage de la nouvelle alliance qui va être conclue. » Histoire de l’art, i. iv, p. 241. Dans la restitution proposée (fig. 462), l’ensemble paraît, en effet, beaucoup plus compliqué qu’il n’a pu l’être même à la fin de la période royale, et l’auteur des Paralipomènes, qui entend faire une