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PHARAON DE JOSEPH


tion. Quibell, Bierakonpolis, part, i, 1900, pi. xxix.

3° Deux ans après, le pharaon eut le double songe des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, des sept épis pleins et des sept épis desséchés. L’esprit « frappé », il convoque ses conseillers, comme cela arrive dans toutes les grandes circonstances : les sages et les magiciens. Gen., xli, 1-8. C’est ainsi qu’Osortésen I er, songeant à reconstruire le Temple d’Héliopolis, assemble son conseil et expose son plan que tous approuvent. L. Stem, Urkunde ûber den Bau des Sonnentempels zu On, pi. i, lig. 1-17, dans Zeitschrift fur àg. Sp. t. xii, 1874, p. 85 sq. C’est ainsi encore que Ramsès II, d’après la stèle de Kouban, sollicité d’assurer l’eau aux caravanes des mines d’or, s’inspire de ses conseillers pour la construction de nouvelles citernes. Prisse d’Avennes, loc. cit., pi. xxi. Si le cas était ardu, ce n'était plus seulement les sages ou hakamim qu’on appelait en délibération, mais aussi les magiciens ou hartumim. Voir Divination, t. ii, col. 14431444 ; Magie, t. iv, col. 563. « La sorcellerie avait sa place dans la vie courante aussi bien que la guerre, le commerce, la littérature, les métiers qu’on exerçait, les divertissements qu’on prenait… Le prêtre était un magicien… Pharaon en avait toujours plusieurs à côté de lui… et qui étaient ses sorciers attitrés. » Maspero, Les contes, préface, p. xlvi. Ils possédaient les secrets de Thot, gardaient soigneusement les écrits hermétiques par lesquels ils avaient puissance sur la nature. Cf. Maspero, loc. cit., p. 102-103, et Histoire ancienne, 1. 1, p. 145-146, 279-280. Ce sont ces mêmes conseillers, sages ou devins (fig. 37), dont le prophète raillera plus tard l’impuissance à sauver le pharaon et l’Egypte des Assyriens. Is., xix, 11-13. Le pharaon de Joseph ne lit donc, en convoquant les sorciers, qu’agir suivant la pratique courante. C’est, d’après la tradition, ce même Apapi qui ayant construit un temple à Soutek rêva d’imposer aux Thébains le culte de son dieu, Les grands ou sages ne purent lui dire quel moyen employer, tandis que le collège des devins et des scribes trouva un expédient qui lui plut. Maspero, Les contes, p. 238-242. Mais cet : e fois les devins furent impuissants à résoudre le cas.

4° L'échanson rétabli dans sa charge se souvint alors de Joseph qui expliqua le double songe. « Puisque Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, tu seras établi sur ma maison et au commandement de ta bouche tout le peuple obéira, je ne serai plus grand que toi que par mon trône, » dit le Pharaon à Joseph. Gen., xli, 39-40, Le fait d’appeler Joseph à une si grande charge n’a rien que de très naturel de la part d’un roi Hyksos, puisque sous les dynasties indigènes la même chose se présente. À la cour de Ménephta, ii, le Chananéen Ben-Matana est le premier porte-parole du Pharaon. Mariette, Abydos, t. ii, pi. l ; Catalogue général des monuments d’Abydos, p. 422, n. 1145. Nésamon et Néferkaram-per-Amon, sous leurs noms égyptianisés, sont deux esclaves arrivés à être l’un, surintendant des domaines d’Amon-Ra, l’autre, procureur du Pharaon. Papyrus Abbot, pi. iv et passim. Ce qui avait lieu pour des esclaves pouvait à plus forte raison avoir lieu pour des étrangers de marque. À la cour de Thèbes, sous la XVIIIe dynastie, étaient élevés à l'égyptienne et comblés d’honneurs les fils des princes syriens, qu’on renvoyait ensuite à l’occasion commander dans leur pays. Mariette, Karnak, pt. xvli. Un chef de Gaza, Yabitiri, avait été conduit tout jeune en tgypte par un inspecteur égyptien. « Je m’attachai au roi mon maître, écrit "Yabitiri au Pharaon et je demeura^ à la porte du roi mon maître… Le joug du roi mon maître est à mon cou et je le porterai. » Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, n. 214. Ce sera plus tard le cas de Hadad l’Iduméen qui, nous l’avons vii, épousa la sœur de la reine et dont le fils fut élevé parmi les princes du sang. Jéroboam sera accueilli de même par Sésac. III Reg., xi, 40.

5° Quand la Bible fait dire à Joseph par le Pharaon : « De ta bouche dépendra tout mon peuple, » elle ne

fait que traduire un titre égyptien "~"" Y vv, ra-heri

ou ro-heri, « bouche supérieure. » Le fonctionnaire qui portait ce titre était le premier intermédiaire "entre les fonctionnaires et le Pharaon : toutes les affaires passaient par lui. Un certain Rahotep était « la bouche du roi de la Haute-Egypte et l’oracle du roi de la Basse-Egypte ». Brugsch, Wôrterbuch, t. vi, p. 671. Tenouna de la XVIIIe dynastie s’intitule « grande bouche supérieure du pays tout entier ». Id., Recueil desmonuments, pi. lxvi a. Avant d'être roi, Ramsès III fut élevé par son père à la dignité de « grande bouchesupérieure de tous les pays d’Egypte ». Chabas, JRe SHilSiâ^iS !  ! 4

38. — Tradition du sceau. — Au nom de Toutankhamon, le grand chancelier remet au prince Houi le sceau de gouverneur ou vice-roi d’Ethiopie. XVIII* dynastie. L’inscription se traduit : « Kemise du sceau de la dignité de royal fils par le grand chancelier, afin que prospère la dignité du royal fils de Kousch Houi. » (Son commandement) va de Nekhen (El-Kab) à Keri CDjébel Barkal). — D’après Newberry, Scarabs, pi. n. — L’anneau et son chaton sont colorés en jaune pour indiquer qu’ils sont en or. Les deux personnages portent la robe de fin lin. „ Tombe de Houi à Thèbes. Colline de Kôurnet Mourai, près du petit temple de Deir el-Medinet.

cherches sur la XIX' dynastie p. 14, 27. Mais cette fonction n’entraînait pas nécessairement avec elle celle de vizir. Même dans le Papyrus Hood-Wilbour, lig 14, elle ne vient qu’après la fonction de maréchal de la cour. Cf. Maspero, Études égyptiennes, t. ii, p. 25-26. C’est pourquoi après avoir établi Joseph sur toute sa maison, le Pharaon qui veut faire mieux encore dit de nouveau : « Voici que je t’ai établi sur toute la terre d’Egypte. » Et en même temps il lui fait la tradition du sceau royal et de la robe de fin lin que nous voyons portée par Rekhmara, vizir de Thothmès III, dans l’exercice de ses fonctions. Chez Newberry, The life of Rekhmara, pi. xii, Rekhmara est assis dans la longue robe de vizir ; pi. xii et xxiii, il fait sceller les provisions du temple d’Amon, et il nous dit, pi. xvii, lig. 3, que lui-même il scelle de son sceau les portes du Trésor. Dans une tombe thébaine, Toutankhamon nommait Houi à la dignité de vice-roi de Chus