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TEMPLE


que, faisant corps avec la terre, elles pussent servir de base et de fondement aux futures superstructions etporter aisément le poids de l’édifice à construire, grâce à la puissance inexpugnable de leurs assises. « Ailleurs, Ant. jud., XV, xi, 3, l’historien complète ainsi sa description : « La colline était rocheuse, très en pente, s’inclinant doucement vers la limite orientale de la ville jusqu’à son extrême sommet. Salomon, qui régna sur nous, fut le premier, par un instinct divin et à grands frais, à l’entourer d’un mur par en haut vers le sommet, et aussi par en bas, en commençantpar sa base, qu’entoure une profonde vallée au sud-ouest. Il l’établiten grandes pierres reliées entre elles avec du plomb, enfermant ainsi de plus en plus d’espace et pénétrant si profond que la construction était aussi merveilleuse par sa grandeur que par sa hauteur, avec sa forme carrée. De la sorte, on pouvait voir d’en face la grandeur des pierres à leur surface, alors qu’à l’intérieur le fer en maintenait les jointures à jamais inébranlables. Le travail se continuait de manière "à rejoindre le sommet de la colline, dont il avait quelque peu atténué la hauteur et rempli les vides à l’intérieur du mur, et il aplanit et

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455. — Appareil à refends.

D’après de Vogué, Le Temple de Jérusalem, p. 5.

égalisa tout ce qui pouvait dépasser à la surface. Le tout formait une enceinte de quatre stades de tour, chaque côté ayant un stade de longueur. Ensuite un autre mur de pierre entoura intérieurement le sommet ; il supportait du côté oriental un double portique, de même longueur que le mur, et tourné vers les portes du Temple qui se dressait vers son milieu. Beaucoup des anciens rois travaillèrent à constituer ce portique. » Josèphe décrit ici la, plate-forme telle qu’on la voyait avant la restauration d’Hérode. Dans Bell, jud., V, v, 1, il ajoute : « Lorsque le roi Salomon, qui bâtit le Temple, eut ceint d’un mur le côté oriental, un portique fut alors placé sur la terre amoncelée ; sur les autres côtés, le Temple demeurait nu. » Il suit de là que la plate-forme n’eut primitivement de portique que sur le côté oriental. Au sud, elle était limitée par le palais royal ; à l’ouest, elle se dressait à pic sur la vallée du Tyropoeon ; au nord un fossé de six mètres de large, creusé dans le roc, et retrouvé par les explorateurs anglais, séparait le Moriah du Bézétha. L’esplanade du Temple était ainsi isolée de tous les côtés, et close sur trois d’entre eux par le palais royal, le portique et les hauteurs du Bézétha, le côté occidental ne portant que la partie postérieure de l’édifice. — Comme Hérode répara et agrandit la plate-forme du Temple, on se demande ce qui, dans les assises encore debout, peut remonter jusqu’à Salomon. Les pierres employées par ce roi et ensuite par Hérode proviennent des carrières royales qui s’étendent sous le-quartier nord-ouest de la ville. Le calcaire qu’elles fournissent est blanc,

compact et darcissant à l’air. Les blocs ont été taillés à refends, c’est-à-dire avec une rainure qui accuse les joints et encadre une tablette qui fait légèrement saillie (fig. 465). Cet appareil se retrouve à Hébron, dans le Haram el-Khalil, cf. t. iii, fig. 120, col. 559, à la Tour de David, cf. t. iii, fig. 259, col. 1374, etc. Les pierres étaient taillées dans la carrière même. Quelquesunes portent encore des caractères gravés ou peints, qui constituaient des marques de carriers, et qui se sont conservés dans les parties profondes de la muraille enterrées depuis de longs siècles (fig. 456). Les lettres ont été tracées avant la mise en place des pierres, comme on le constate par le qof dont la peinture a coulé et se trouve maintenant horizontale. Ce qof est araméen ; par contre, le aïn et le tau appartiendraient plutôt à l’ancien hébreu. À l’angle sud-ouest, un bloc a 12 mètres de long et 2 de haut ; les autres varient de m 80 à 7 mètres de long. Les assises diminuent de hauteur à mesure qu’elles se superposent ; elles vont ainsi de l m 90 à un peu moins d’un mètre. Elles sont en re 456. — Caractères peints sur les murs du Haram. D’après la Revue biblique, 1893, p. 98.

trait l’une sur l’autre de m 05 à m 10. Au sud-est, les blocs sont posés les uns sur les autres sans ciment, et des lits ont été creusés dans le rocher pour les recevoir. Cette méthode coûteuse s’imposait du temps de Salomon, tandis qu’à l’époque d’Hérode on eût plutôt employé, pour asseoir les blocs, le ciment romain qui avait fait ses preuves. En tenant compte de ces données, de Vogué, Le Temple de Jérusalem, Paris, 1864, Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, t. iv, 1887, p. 213, estiment que tout l’appareil à refends ne date que d’Hérode. De Saulcy, Voyage en Syrie et autour de la Mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 190-217, croit, au contraire, à une origine salomonienne. Warren, The Recovery, t. i, p. 324, pense qu’une partie des murs remonte à Salomon et que le reste a été construit par Hérode. C’est aussi l’opinion de V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 220-231. En somme, une partie des murs daterait réellement de-Salomon, et l’on aurait bâti le reste sous Hérode, en imitant autant que possible la construction primitive. On croit pouvoir attribuer à Salomon, au sud, unepartie qui va de la porte Double jusqu’au delà de l’angle sud-est (fig. 457) ; à l’ouest, la partie qui va de l’arche de Wilson jusqu’à la porte du Prophète, et qui comprend le « mur des Pleurs », cf. t. iv, fig. 377, col. 1341, et probablement les assises inférieures du mur oriental. Cf. Lagrange, Comment s’est formée l’enceinte du Temple de Jérusalem, dans le Revue-biblique, 1893, p. 90-113. — On accédait à l’esplanade par différentes portes, aujourd’hui presque entièrement obstruées