Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1038

Cette page n’a pas encore été corrigée
2025
2026
TEMPLE


la disposition du Temple futur n’est pas son œuvre personnelle, mais que Dieu y a mis la main, sans doute par l’intermédiaire d’un prophète, comme Nathan, favorisé lui-même d’une révélation directe, ou interprétant les indications fournies à Moïse pour la construction du Tabernacle. Sap., IX, 8. Ne pouvant construire le temple lui-même, il en fît les préparatifs, afin que son fils n’eût qu’à s’occuper de l’exécution. Il provoqua aussi la générosité de son peuple pour en obtenir une contribution volontaire. Lui-même affectait à l’entreprise trois mille talents d’or (281891250 francs, en eslimant le poids du lalent à 30 kil 300, voir Monnaie, t. IV, col. 1239), et sept mille talents d’argeni (42420000 francs). Leschefs et les princes y ajoutèrent cinq mille talents d’or (469818838 francs), dix mille dariques (260000 francs), dix mille talents d’argent (60600000 francs), dix-huit mille talents d’airain (545400kil.) et cent mille talents de fer (3030000 kil.). On fournit aussi beaucoup de pierres précieuses. I Par., xxix, 1-9. Quoi qu’il en soit de la valeur réelle de ces indications, surtout si on les compare à celles des chiffres cités plus haut, il est certain que les Israélites, à l’imitation de leur roi, surent se montrer généreux, comme l’avaient fait leurs pères au désert. Exod., xxxv, 20-29.

2° Salomon, dès qu’il fut monté sur le trône, se préoccupa de mettre à exécution les plans reçus de son père. Il savait bien qu’il ne trouverait pas en Israël les ouvriers nécessaires à la construction du Temple. Déjà David, pour bâtir son palais, avait demandé des charpentiers, des maçons et des matériaux à son voisin Hiram, roi de Tyr. II Reg., v, 11 ; I Par., xiv, 1 ; XXII, 4. Après la mort du roi dont il était l’ami, Hiram reçut un message de Salomon, qui l’informait de ses projets €t réclamait son concours. Il se hâta de donner son assentiment et accepta les conditions que Salomon lui proposait. Celui-ci devait lui fournir annuellement 20 000 cors de froment (77 760 litres) et autant d’orge, vingt cors d’huile (7776 lit.) et 20 000 baths de vin (7 776 hectol.). II Reg., v, 11 ; II Par., ii, 10. Il était aisé à un pays de culture comme la Palestine de fournir ces denrées. Le texte ne dit pas si ce fut là tout l’avantage qu’Hiram tira de son concours. On voit seulement que, pour la construction du Temple et du palais, Hiram procura à Salomon des bois de cyprès et de cèdre, et de l’or tant qu’il en voulut, et que cependant, vingt ans après, celui-ci était encore débiteur de cent vingt talents d’or. III Reg., ix, 10-14. — La convention avec Hiram une fois arrêtée, Salomon leva les hommes qu’il fallait pour aller travailler dans le Liban à la taille et au transport des arbres. Voir Corvée, t. ii, col. 1032 ; Salomon, t. v, col. 1390. Adoniram, déjà intendant des tributs sous David, fut chargé de surveiller ces ouvriers. Ceux-ci, au nombre de 30000, travaillaientalternativementlOOOO par mois dans le Liban. Les bois coupés étaient conduits par mer jusqu’à Joppé, d’où Salomon les faisait transporter à Jérusalem. Il avait à sa disposition 70000 porteurs pour exécuter ce travail. D’autres, au nombre de 80000, sous la conduite de 3300 contremaîtres, travaillaient dans les carrières. Parmi ces derniers se trouvaient des Gibliens envoyés par Hiram. Gébal ou Byblos était une ville phénicienne renommée pour l’habileté de ses maçons et de ses tailleurs de pierre. Voir Gébal, t. iii, col. 139. La pierre abondait à Jérusalem même, dans les carrières royales. Voir Carrière, t. ii, col. 319. Le texte ne dit pas que l’on ait utilisé d’autres carrières plus éloignées. La quantité des ouvriers employés par Salomon ne doit pas surprendre ; ces levées de milliers d’hommes pour les grands travaux publics étaient coutumières en Orient. Cf. Hérodote, ii, 124 ; Pline, ii, N., xxxvi, 9. D’après les Septante, III Reg., v, 18, les travaux préparatoires durèrent trois ans.’II Reg., v, 13-18 ; II Par., ii, 17-18.

II. la plate-forme. — Le Temple devait être construit à la partie supérieure du mont Moriab.Ce mont forme l’extrémité d’un contre-fort qui court du nord au sud en s’inclinant peu à peu. Là se trouvait l’aire d’Oman, que David avait achetée au prix de six cents sicles d’or (15000 francs environ). I Par., xxi, 25. L’aire était située, selon la coutume, à un endroit élevé et exposé au vent, pour la facilité du vannage. L’espace qu’elle occupait mesurait une centaine de mètres de long sur trente ou quarante de large. Ce n’était pas suffisant pour un édifice tel que le projetait Salomon. Il fallait donc agrandir cet espace. Les fouilles pratiquées dans le sous-sol du Haram echChéri f parWilson etWarren, The Recovery of Jérusalem, Londres, 1871, t. i, p. 298, ont permis de reconstituer la configuration du

454. — Configuration du roc du mont Moriah. D’après The Recovery of Jérusalem, t. i, p. 298.

sol primitif (fig. 454). L’espace ALFG forme un trapèze dont lesgrands côtés ont 462 et 491 mètres, etles petits 281 et 310 mètres. Le niveau adopté est inférieur d’à peu près cinq mètres au sommet de la roche primitive. Pour obtenir ce niveau, il a fallu creuser dans le roc à l’angle nord-ouest À ; par contre, on a dû élever des substructions considérables dans les autres parties, de sorte que le sommet de la plate-forme surplombait de beaucoup les terrains environnants. Des débris de toutes sortes, accumulés au cours des siècles, ont notablement atténué les différences de niveau ; mais les sondages ont permis d’atteindre le sol primitif. L’angle sud-est G est à 14 mètres du sol actuel, mais le mur descend à 24 m 32 plus bas à travers les débris. Le pied du mur est à 20° » 60 au-dessous du sol actuel à l’angle sud-ouest F, et à 22™19 entre E et C. Cf. t. iii, fig. 250, col. 1357. Pour asseoir la plate-forme à cette hauteur, on exécuta des travaux gigantesques. Josèphe, Ant.jud., VIII, iii, 2, dit que Salomon « jeta les fondements du Temple à une grande profondeur, à l’aide d’une masse de pierres très solidement établies et capables de résister victorieusement aux injures du temps, de manière