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TARSE


l’empire turc, mais riche de ses illustres souvenirs. Elle ressemble à un vaste et frais jardin, dont les bosquets d’orangers, de figuiers, de mûriers, de très grands oliviers cachent les maisons à l’ombre de leur végétation luxuriante, entretenue par les eaux d’un des bras du Cydnus. Une partie des maisons actuelles est en terre, avec un toit en forme de terrasse, où l’on voit ordinairement un fragment de colonne qui sert de rouleau pour égaliser le sol de la terrasse, quand il a été raviné par la pluie. Les constructions en pierre sont faites surtout avec les débris de la ville antique : comme à Antioche, il suffit de creuser à un mètre environ au-dessous du sol pour en extraire les matériaux nécessaires, pierres taillées, débris de colonnes, fragments de statues, qu’on rencontre dans les murs, etc. Partout

M. Debbas a trouvé dans le fond une inscription grecque, dont il ne restait plus qu’un fragment où on lisait le nom de IIA.TAŒ. C’est à la suite de cette découverte qu’il donna au puits le nom de saint Paul. Il assure qu’il y avait là autrefois une église dédiée à saint Paul. L’inscription, qui avait été encastrée dans un mur, a été volée depuis (notes prises sur place en avril 1888). —L’empereur Maurice (583-602) fit bâtira Tarse une église en l’honneur de saint Paul.

Le jeune Juif avait appris dans sa patrie le métier de faiseur de tentes, qu’on dressait avec des tentures, tissées à Tarse même, et qui étaient célèbres dans l’antiquité sous leur nom d’origine, celui de « cilice ». Les tisserands y sont devenus rares, mais on y en trouve encore. Leurs instruments de tissage sont très

449. — Vue de la ville actuelle de Tarse. D’après une photographie.

dans la ville actuelle, aux angles des rues comme dans les murs, on aperçoit ces pierres mutilées, restes d’inscriptions et de sculptures de toutes sortes dont le marbre a été fourni, non loin de là, par une carrière de la chaîne du Taurus, qui apparaît à l’horizon, couverte de neiges d’une blancheur éblouissante au soleil, avec la gorge d’où sort le Cydnus pour venir arroser Tarse. Saul a dû souvent, dans sa jeunesse, contempler cet admirable panorama, et il a goûté cette eau du Cydnus, un peu trouble et jaunâtre àla fonte des neiges, mais fraîche et agréable aux indigènes ; elle est limpide en été, avant d’avoir franchi les cascades, situées au-dessus de la ville, où tombe un bras du fleuve, à travers des roches abruptes, sur une longueur d’une cinquantaine de mètres, en creusant des grottes profondes, recouvertes de ponts naturels.

Les principales ruines qui attirent l’attention à Tarse, sont ce qu’on appelle le Tombeau de Sardanapale et qui paraissent être la substructure de la plate-forme d’un temple bâti à l’époque romaine. Les souvenirs chrétiens sont incertains et rares. L’ancien consul des États-Unis, Âbdon Debbas, donne sa maison comme située sur l’emplacement de celle de saint Paul. On y voit un puits très profond avec une margelle en marbre, usée par le temps. Ce puits est creusé dans le roc.

primitifs. « De belles mèches de poils de chèvre sont disposées dans un coin de l’atelier ; un homme les prend, les met à sa ceinture et les file. Le fil qu’il a produit par un mouvement en arrière, se double par un mouvement en avant, et enfin se triple par un nouveau retour en arrière, qui lui donne sa forme et sa force définitives. Quand la pelote a le poids voulu, on la dépose dans une corbeille, où un autre ouvrier la reprend pour tisser en parties noires, grises ou rougeâtres, les toiles grossières qui serviront à faire dessacs et des tentes à l’usage des hommes du désert. Le jeune tisseur, que nous trouvons assis à terre et courbé sur son métier, a une tête intelligente et énergique. Il me figure ce petit Juif tarsois, à l’âme religieuse, au cœur de feu, au courage indomptable, qui acheva, dans un semblable atelier, son éducation de rabbi, en s’initiant à l’un des arts manuels que tout docteur juif devait connaître pour s’assurer la vie matérielle dans un moment critique. Paul fabriqua des tentes à Corinthe, chez le Juif Aquilas, d’après les principes qu’il avait reçus ici. » E. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1890, t. iii, p. 113-114. — Yoir W. M. Ramsav, The Cities of St. Paul, in-8°, Londres, 1907, p. 285-334.

F. VlGOUROUÏ.