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1999

TARGUMS^

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encore J. Fûrst, op. cit., t. ii, p. 833, 924, pour Ezech., xxm, 43, et pour Daniel, tiii, 13. La confusion avec Onkelos et l’attribution d’un targum araméen à ce personnage ne datent que de la période post-talmudique. L’uniformité du vocabulaire et du style, si elle n’est pas l’œuvre de la dernière revision, trahirait une seule main, et prouverait que la verBion araméenne de la Loi a été faite par un seul auteur.

2° Patrie. — Pour plusieurs critiques contemporains, ce Talmud est d’origine babylonienne. Le Talmud de Babylone l’appelle « notre targum » et il le cite en disant : « Comme c’est traduit, » Au sentiment de Geiger et de Frankel, ce targum aurait été écrit dans le dialecte babylonien. Il contient quelques mots persans. Gen., xxv, 27 ; xliii, 30. M. Noldeke, Histoire littéraire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1873, p. 372, en comparant ce targum avec le targum de Jérusalem sur le Pentateuque, y a reconnu le dialecte palestinien pour le fond. Il y retrouvait aussi des passages anciens de l’époque de Jean Hyrcan. Ibid., p. 371. Il a précisé plus tard sa pensée, en disant que ce targum palestinien avait été rédigé en Babylonie, car la langue, qui est palestinienne dans l’ensemble, a été fortement influencée en quelques points par le langage parlé de la Babylonie. Litterarisches Centralblatt, 1877, p. 305. M. Dalinan toutefois réduit au minimum l’influence babylonienne sur la langue de ce targum, qu’il dit être le pur dialecte galiléen. Vie Worte Jesu, Leipzig, 1898, p. 6. Passé de Palestine en Babylonie, ou composé dans cette dernière contrée, ce targum y a été officiellement reconnu et y a servi de texte dans les écoles. C’est au moins à ce titre qu’il peut être nommé le targum babylonien du Pentateuque. Les Juifs de l’Yémen l’ont reçu avec la ponctuation babylonienne.

3° Date. — Si on en juge d’après son contenu, il aurait été composé en Palestine au IIe siècle. Il reproduit la halaka et l’hagada de l’école d’Akika et spécialement celle de l’époque des tannaïtes. Primitivement, il était identique au targum de Jérusalem, comme on le voit encore, par exemple, pour Lev., vi, 3, 4, 6, 7, 9, 11, 18-20, 22, 23. Leurs différences actuelles proviendraient d’une double revision. Il aurait eu peu de vogue en Palestine. Révisé en Babylonie au IVe ou au v « siècle, il y aurait été reconnu comme la version autorisée du Pentateuque. Les critiques qui en font une œuvre purement babylonienne, placent sa rédaction définitive au Ve siècle.

4° Caractères. — Comme traduction, ce targum rend le texte hébraïque d’une façon à peu près littérale, sans addition, sauf en quelques passages poétiques, les cantiques, qui sont difficiles à comprendre et qui n’ont pas été traduits exactement. La version a été faite sur le texte hébraïque, ses hébraïsmes le prouvent, et sur un texte peu différent de l’édition massorétique, en sorte qu’elle a peu d’importance pour la critique textuelle du Pentateuque. Toutefois, ce texte est traduit d’après les idées du temps. On trouve donc dans ce targum quelques traces de l’halaka et de l’hagada quives). L’auteur évite les anthropomorphismes et les anthropopathismes, et il attribue à la niemra, à la schekïna, à la gloire ou à l’ange de Jéhovah ce qui est dit de Jéhovah lui-même. Dieu ne descend pas pour voir la tour de Babel ou Sodome, il apparaît pour se venger ou pour juger. Il ne voit pas les choses ; elles lui sont découvertes. Il protège les Israélites, non comme la prunelle de son œil, mais du leur. Deut., xxxil, 10. Il ne dit pas : « Je lève ma main vers les cieux, » mais « J’ai fondé dans les cieux le séjour de ma demeure. » Deut., v, 40. Au lieu de traduire : & Adam est devenu comme l’un de nous, » on dit : « Adam est seul dans le monde à connaître par lui-même le bien et le mal. » Gen., iii, 22. Dieu ne se repent pas ; il revient sur sa parole. Il n’est pas affligé en son cœur ; il parle en

son oœur. Quelques passages sont atténués : les fils de de Dieu sont les fils des grands. Gen., VI, 1. Des termes figurés sont expliqués : l’épée et l’arc de Jacob sont la prière et l’oraison. Gen., xlviii, 22. Voir encore Gen., xlix, 25 ; Exod., xv, 3, 8, 10 ; xxix, 35. Les anciens noms de villes et de peuples sont remplacés par les noms de l’époque : Qardu au lieu A’Ararat, Gen. r vm, 4 ; Babylone au lieu de Sennaar, Gen., x, 10 ; les Arabes pour les Ismaélites, Gen., xxxvii, 25 ; Tanis pour Tsoan, Num., xiii, 22. On trouve une interprétation cabalistique. Num., xii, 1. Le passage, Gen., iii, 15 r est traduit comme dans la version des Septante, quoique le sens messianique n’y apparaisse pas. Deux endroits seulement, Gen., xlix, 10 ; Num., xxiv, 17, sont nettement messianiques. Les patriarches sont loués et exaltés. Gen., xx, 13 ; xxvii, 13 ; xlviii, 22. Quelques mots hébreux sont rendus d’après leur signification étymologique.

5° Éditions. — La première a été faite à Bologne, ea 1482. Son texte a été imprimé dans les Bibles rabbiniques deBomberg(1517) et de Buxtorf (1619), dans les quatre grandes Polyglottes d’Alcala, d’Anvers, de Paria et de Londres. Sabbioneta l’avait réédité en 1557. A. Berliner a reproduit le texte de cette édition, avec des notes, Targum Onkelos, 2 vol., Berlin, 1884. Les premières éditions n’étaient pas vocalisées. La vocalisation actuelle, faite par Buxtorf, est souvent erronée et sans valeur. Il faudrait la corriger d’après la ponctuation supralinéaire des manuscrits de l’Arabie du Sud ou de l’Yémen, qui vient de Babylone. Voir Merx, Bemerkungen ûber die Vocalisation der Targume, dans Abhandlungen und Vortrâge des fûnflen internationalen Orientalisten-Congress zu Berlin 1881, sect. ii, Berlin, 1882, p. 142-225 ; Joannes Buxtorf s des Vaters Targumcommentar Babylonia, dans Zeitschrift fur wissenschaftliche Théologie, 1887, p. 280-299, 462-471 ; 1888, p. 41-48 ; Chrestomathia targurnica (avec voyelles babyloniennes), Berlin, 1888 ; Landauer, Studien zu Merx Chrestomathia targurnica, dans Zeitschrift fur Assyriologie, 1888, t. iii, p. 263-292 ; E. Kautzsch, Mittheilung ûber eine alte Handschrift des Targum Onkelos (codex Socini, n. 84), Halle, 1893 ; H. Barnslein, The Targum of Onkelos to Genesis (ms. de l’Yémen), Londres, 1896 ; Diettrich, Einige grammatische Beobachtungen zu drei im Brilisch Muséum befindlichen jemenitischen Handschriften des Onqelostargumes, dans Zeitschrift fur die alttestamentliche-Wissenschaft, 1900, p. 148-159.

Des versions latines accompagnent le texte araméen ponctué dans les grandes Polyglottes ; elles ne sont pas toujours exactes. P. Fagius en a publié une à part à Strasbourg, en 1546. J. W. Etheridge en a fait une traduction anglaise ainsi que des deux autres targums sur le Pentateuque, The Targums of Onkelos and Jonathan ben Uzziel on Ihe Pentateuch, with ther fragments of Jérusalem Targum, front the Chaldee, 2 vol., Londres, 1862, 1865. Une version allemande acommencé à paraître dans Monumenta judaica. ParsI-Bibliotheca targurnica. Aramaica. Die Targumijn zum. Pentateuch, Vienne, 1906, t. i, fasc.l. Bâcher lui a reproché de nombreuses inexactitudes. Theôlogische-Literaturzeitung, 1906, p. 373-376.

Les Juifs babyloniens ont eu pour le targum dit d’Onkelos une telle estime qu’ils lui ont consacré au xme siècle une Massore spéciale. A. Berliner, Die Massorah zum Targum Onkelos, auf Grund neuer-Quellen lexikalisch geordnet und kritisch beleuchtet, Amsterdam, 1896. Elle indique les différentes explications des écoles de Sura et de Nehardea, les concordances du texte dans les termes et les idées, et contient des notes explicatives de diverse nature. E. Brederek a fait une concordance de ce targum : Koncordanz zum-Targum Onkelos, Giessen, 1906,