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1977
1978
TALITHA CUMI — TALON


prononça pour ressuciter la fille de Jaïre. Marc, v, 41, L’évangéliste a transcrit >a*p KrvVo par TaXiGà xoOu.f et il explique lui-même ces mots : tô xojâmov iftipw

    1. TALMUD##

TALMUD, commentaire de la Mischna. Voir Mischna, t. iv, col. 1127. — 1° Sa composition. — La Mischna, qui était un premier commentaire de la Loi, fut à son tour l’objet d’une explication appelée gemârâ’  « complément », de gâmar, « compléter ». La Mischna et la Gemara forment un ensemble appelé talmud, « enseignement », de lâmad, « enseigner », bien que le nom de Talmud ait été dans le principe et soit encore souvent réservé à cette seconde partie. Deux centres d’études donnèrent naissance à deux rédactions différentes du Talmud. Au IIIe et au IVe siècle, les docteurs palestiniens, surtout ceux de Tibériade, enrichirent la Mischna de commentaires juridiques et casuistiques sur chaque proposition. Leur œuvre constitue le Talmud de Jérusalem, qui serait plus justement appelé Talmud de Palestine. On y mentionne encore les empereurs Dioclétien et Julien, mais on n’y fait allusion à aucun docteur juif postérieur au milieu du IVe siècle. Ce Talmud est rédigé en araméen ; les citations des docteurs plus anciens sont en hébreu. La Halacha y occupe la place principale, bien que d’importants morceaux relèvent de la Haggada. Voir t. iv, col. 1078-1079. On ne sait pas si le Talmud de Jérusalem commentait la Mischna entière. On ne possède que les commentaires sur les quatre premiers Sedarim, moins les traités 37, Eduyoth, et 39, Aboth, et le commentaire sur le traité 58, Nidda. — Au ve et au VIe siècle, ud autre Talmud fut rédigé à Babylone, où la Mischna avait été apportée par un disciple de R. Juda, Abba Areka, surnommé Rab. L’œuvre est rédigée en araméen babylonien, avec citations en hébreu des plus anciens docteurs. La Haggada y est plus développée que dans le Talmud de Jérusalem. Il ne s’étend pas non plus à toute la Mischna. Il y manque tout le premier Sédér, sauf le traité 1, Beræhotli, puis les traités 15, Schekalim, 37, Eduyoth, 39, Aboth, 50, Middoth, 51, Kinnim, la moitié du 49, Tamid, et tout le sixième Sédér, sauf le traité 58, Nidda. Voir t. iv, col. 1127. Bien que le Talmud de Jérusalem porte sur 39 traités et celui de Babylone sur 36 1/2 seulement, ce dernier a plus de quatre fois le développement du précédent, et c’est lui qui est le plus habituellement cité. Les citations de la Mischna se font par chapitres et versets : Berachoth, iv, 3 ; celles du Talmud de Jérusalem se font de même, sous la forme suivante : Jer. Berachoth, iv, 3 ; celles du Talmud de Babylone se font par folios, avec indication du recto, a, ou du verso, b : Bab. Berachoth, 28 b, ou quelquefois simplement : Berachoth, 28 6.

2° Sa valeur. — On attribue à R. Ismaël, docteur palestinien du second siècle, les treize modes de raisonnement qu’employèrent les rédacteurs des Talmuds. Ces règles sont formulées d’une manière assez obscure et plusieurs d’entre elles sont incohérentes. Cf. Drach, De l’harmonie entre l’Église et la synagogue, Paris, 1841, t. i, p. 175-177. Le style du Talmud n’est rien moins que clair, les pensées sont embarrassées et souvent elliptiques, les objections et les réponses se suivent sans rien qui les distingue, les formes d’argumentation déroutent par leur étrangeté et leur subtilité. Ces défauts, particulièrement saillants dans le Talmud de Jérusalem, furent probablement la cause qui détermina les docteurs de Babylone à entreprendre une autre compilation. Cenx-ci se proposèrent « 1, d’expliquer les raisons des opinions contradictoires énoncées dans la Mischna, afin d’arriver parce moyen à la décision définitive en faveur de l’une de ces opinions ; 2, de donner la solution des cas douteux, conformément à la doctrine des Tannaïtes et des Amoraïm (anciens

docteurs) les plus graves ; 3, d’enregistrer les décisions, les constitutions et les règlements adoptés par les rabbins depuis la clôture de la Mischna ; 4, de donner des explications allégoriques de plusieurs passages de l’Écriture, des paraboles, des légendes, des instructions mystiques. » Drach, ibid., p. 163. La Mischna est relativement courte et claire. « Les Gemaras sont beaucoup plus longues à lire et leur étude est des plus fastidieuses. .. Il n’y a, dans ces pages interminables, ni style, ni ordre, ni talent ; la langue en est aussi déplorable que la pensée, la forme que le fond. L’une est barbare, l’autre est inintelligible. C’est un fatras, un insupportable fatras dont l’ensemble forme un des ouvrages les plus repoussants qui soient au monde. Il faut le lire cependant, car on y trouve çà et là une pierre précieuse. » E. Stapfer, La Palestine au temps de J.-C., Paris, 1885, p. 24. Ces défauts sont particulièrement sensibles dans le Talmud de Babylone. Voir Caraïte, t. ii, col. 242. C’est dans le Talmud que les docteurs juifs ont. consigné les blasphèmes et les plus odieuses insinuations contre Jésus-Christ et sa sainte Mère, et qu’ils ont formulé leurs principes sur le déni de toute charité, de toute loyauté et de toute justice envers les chrétiens. Cf. Aboda sara, fol. 13 b, 20 a ; Baba kamma, fol. 29 b ; etc. Un synode juif de 1631 en Pologne, pour éviter de soulever l’indignation des chrétiens, prescrivit de ne plus imprimer les passages concernant Jésus de Nazareth, mais de les rem ; placer par un signe avertissant les maîtres d’avoir à les enseigner oralement. Cf. Drach, op. cit., p. 166-168. Il y a en somme peu d’utilité à retirer du Talmud pour l’intelligence des Livres Saints. Il peut servir néanmoins à indiquer comment, du iv 8 au vie siècle, on entendait certains textes de la Mischna et subsidiairement de la loi mosaïque. — Sur l’influence des Talmudistes par rapport au texte hébreu de la Bible, voir Massore, t. iv, col. 855. Sur les Caraïtes, ennemis des traditions talmudiques, voir t. ii, col. 243. — Les deux Talmuds ont été publiés à Venise par Bomberg, de 1520 à 1524. OnadansUgolini, 3710s<z « rMS, une traduction latine de 19 traités du Talmud de Jérusalem, t. xvii, xviii, xx, xxv, xxx, et de trois traités duTalmudde Babylone, t. xix, xxv. Cf. M. Schwab, Le Talmud de Jérusalem, traduit, Paris, 1878-1889 ; Pinner, Compendium des hier, und bab. Talmud, Berlin, 1832 ; Bédarride, Étude sur le Talmud, Montpellier, 1869 ; Darmesteter, Le Talmud, dans Reliques scientifiques, Paris, 1890, 1. 1, p. 1-53 ; Mlelziner, Introduction to tlie Talmud, Cincinnati, 1894 ; Bernfeld, Der Talmud, sein Wesen, seine Bedeutung und seine Geschichte, Leipzig, 1900 ; Schiirer, Gesch. des jûdischen Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, t. i, 1901, p. 125-136 ; Herm. Strack, Einleitung in

den Talmud, Leipzig, 4e édit., 1908.

H. Lesêtre.
    1. TALON##

TALON (hébreu : ’dqêb, qarsôl ; Septante : wripva ; Vulgate : talus, calcaneum, calx), partie postérieure du pied. — Dans la sentence portée contre le serpent tentateur, il est dit que la postérité de la femme lui écrasera la tête, mais que lui la meurtrira au talon. Gen., iii, 15. Le coup porté par Satan sera donc guérissable, tandis que celui qu’on lui portera sera mortel. Quand Jacob vint au monde, il tenait par la main le talon de son frère Ésaù, ce qui lui fit donnerlenomde ya’âqob, « Jacob ». Gen., xxv, 25 — Lever le talon contre quelqu’un, c’est faire acte d’hostilité contre lui, en cherchant à écraser celui qui est à terre. Ps. xli (XL), 10 ; Joa., xiii, 18. Entourer le talon de quelqu’un, c’est le talonner, le poursuivre pour lui faire du mal. Ps. xlix (xlviii), 6. Le talon de Juda sera meurtri à cause de ses iniquités, Jer., xiii, 22, ce qui signifie que ses ennemis l’attaqueront et le blesseront dans sa fuite. Dans le même sens, Job, xviii, 9, souhaite que le filet soit sur les talons de l’impie. Les talons qui ne chan-