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1973
1974
TAILLE — TALENT


f É).tx[a, employé dans ce passage, signifie « haute sta ture », mais bien plus ordinairement « temps de la vie », et « jeunesse » ou « vieillesse ». Ce dernier sens paraît préférable ; car, s’il s’agissait de la taillé, Notre-Seigneur aurait sans doute pris la plus petite mesure de longueur, non la coudée (0 m 525), mais le doigt (0 m 0218). Personne ne peut allonger sa taille même d’un doigt. La coudée s’adapte mieux à une longueur plus considérable : personne ne peut allonger sa vie d’une coudée, la vie étant assimilée à un chemin, Matth., v, 25, au bout duquel une coudée est une longueur insignifiante. Il est dit aussi que l’enfant Jésus croissait TiXixia, très probablement en taille, plutôtqu’en âge, selate, comme traduit la Vulgale. Luc, ii, 52.

H. Lesêtre.

2. TAILLE (Septante : zoy.-^ ; Vulgate : putatio), opération qui consiste à émonder les végétaux pour activer leur production. — La Bible ne parle que de la taille de la vigne. La taille est plus nécessaire à la vigne qu’à tout autre arbre. En Orient, on ne coupe pas tous les sarments jusqu’à la souche, comme en France on le fait chaque année. On en laisse trois ou quatre [sur une tige principale, haute de cinq à six pieds. La récolte en est plus hâtive et meilleure. Cf. Tristram. The naturalHistory of the Bible, Londres, 1889, p. 408-Notre-Seigneur fait allusion à la taille de la vigne et à ses effets : « Tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage. » Joa., xv, 2. La taille de la vigne était défendue l’année sabbatique. Lev., xxv, 3, 4. C’était une année de repos pour la terre, et aussi pour la vigne dont la vigueur se dépensait alors en faveur de la plante aux dépens de ses fruits. Isaïe, v, 6, compare Juda infidèle à une vigne qui ne sera plus taillée ni cultivée et qu’envahiront les ronces et les épines. — Dans sa description du printemps, l’auteur du Cantique, ii, 11-13, mentionne la disparition de la pluie, l’éclosion des fleurs, le chant, zâmîr, qui retentit, la voix de la tourterelle, les fruits naissants du figuier et le parfum de la vigne en fleur. Les versions ont traduit zàmîr par to>.r, putatio, Aquila et Symmaque pandaSe-Jcn ; , le Chaldéen par qittûf, et le Syriaque par qashâ’, tous mots qui signifient « taille » de la vigne. Cette taille se pratique en mars, cf. Rosenmùller, Canticum, Leipzig, 1830, p. 333, et même en janvier, cf. H. Vincent, dans la Revue biblique, 1909, p. 251 ; elle peut, par conséquent, servir à caractériser le printemps. Il est singulier cependant qu’une opération aussi prosaïque ait pris place dans une description poétique qui ne mentionne que des phénomènes naturels. Gomme le verbe zâmar signifie à la fois « tailler » et « jouer des instruments », plusieurs pensent que zâmîr doit se prendre avec le sens de « chant », comme dans Job, xxxv, 10 ; Is., xxiv, 16 ; xxv, 5 ; etc. Il s’agit ici du chant des oiseaux et le parallélisme semble exiger ce sens :

Le temps des chants est arrivé,

La voix de la tourterelle se fait entendre.

Isaïe, XVIII, 5, fait allusion à une seconde taille de la vigne : « Avant la moisson, quand la floraison sera achevée et que la fleur sera devenue une grappe bientôt mûre, il coupera les sarments à coups de serpe, il enlèvera et coupera les grandes branches. » Cet élagage, qui se pratique aujourd’hui couramment, a sa grande utilité. « Après la formation des grappes, c’est-à-dire à l’entrée de l’été, quand déjà orges et blés sont moissonnés, les vignerons soigneux émondent les ceps, coupent même parfois la pointe des sarments laissés ou la replient, afin que la sève se concentre dans le raisin au lieu de se disperser dans une trop vigoureuse et vaine frondaison, très nuisible à la qualité de la récolte au moment de sa maturité. » H. Vincent, dans la Revue biblique, 1909, p. 251. Comme le marque le

prophète, cette opération s’exécute dans les jours chauds de l’année, quand on est en repos et dans sa demeure, probablement dans la tour de garde de la vigne. On y vit à l’aise et dans un repos relatif, et l’on charme les loisirs des fraîches soirées en jouant de divers instruments, surtout d’une flûte de roseau à double tuyau appelée zoumerah ou zoummarah, dont le nom reproduit l’hébreu zimrâh, « chant ». Le P. Vincent pense que l’époque de cette seconde taille est celle que vise la description du Cantique, ii, 11-13, parce qu’au moment de la première les vignes ne sont pas encore en fleur et n’embaument pas. Voir ÉMONdage, t. ii, col. 1764. II. Lesêtre.

    1. TALENT##

TALENT (kikkâr, Septante :-ra).avTdv), poids et monnaie de compte. C’était le poids le plus élevé et il équivalait à 3000 sicles. Son nom hébreu de kikkâr, « objet rond, de forme ronde », lui venait sans doute de ce qu’il avait ordinairement une forme arrondie. Sa valeur, dans notre système métrologique, est approximativement de 42 kilogrammes 533 grammes. On a trouvé, près de l’enceinte sacrée du Temple de Jérusalem, un de ces poids qui a la forme d’une grosse pastèque. Voir la Conférence (du P. Gré) sur le kikkar ou talent hébreu découvert à Sainte-Anne de Jérusalem, dans la Revue biblique, juillet 1892, p. 416-432. — Pour la confection des travaux du sanctuaire, Moïse employa 29 talents d’or et 1775 sicles, Exod., xxxviii, 24, cent talents et 1775 sicles d’argent, ꝟ. 25 (26), 27 ; 70 talents et 2400 sicles d’airain (cuivre), y. 29. Voir aussi Exod., xxv, 39 ; XXXVII, 24. — Le diadème d’or du roi de Rabbath Ammon dont s’empara David pesait un talent d’après le texte actuel de II Sam. (Reg.), xii, 30 ;

I Par., xx, 2, ce qui semble un poids tout à fait excessif pour un ornement de ce genre, mais peut s’entendre de sa valeur et non pas littéralement de son poids. Voir Couronne, I, t. ii, col. 1083. — Hiram, roi de Tyr, envoya à Salomon cent vingt talents d’or pour l’ornement du temple de Jérusalem. III Reg., ix, 14. La flotte d’Ophir rapporta à Salomon quatre cent vingt talents d’or, III Reg., ix, 28 (II Par., rai, 18, quatre cent cinquante). D’après I Par., xxix, 4, ce roi aurait consacré à l’ornementation du Temple trois mille talents d’or d’Ophir et sept mille talents d’argent ; il n’est pas dit que cet or d’Ophir eût été porté par la flotte israélite. Les chefe d’Israël offrirent aussi pour le service et l’embellissement du Temple cinq mille talents d’or, dix mille talents d’argent, dix-huit mille talents d’airain et cent mille talents de fer. I Par., xxix, 7. Ces chiffres ont été exagérés par les transcriptions des copistes, d’après divers commentateurs, de même que les cent mille talents d’or et le million de talents d’argent qui, d’après I Par., xxii, 14, avaient été recueillis par David pour préparer la construction du Temple. Salomon revêtit d’or pur le Saint des saints pour une valeur de six cents talents. II Par., m, 8. — La reine de Saba fit présent à Salomon de cent vingt talents d’or. II Par., ix, 9. — Ce roi recevait chaque année six cent soixante-six talents d’or.

II Par., ix, 13. — Amri, roi d’Israël, acheta pour deux talents d’argent la colline où il éleva Samarie, sa capitale. III Reg., xvi, 24. — Un prophète estime, auprès d’Achab, la vie d’un homme un talent d’argent. III Reg., xx, 39. — Lorsque Naaman alla trouver Elisée pour se faire guérir de sa lèpre, il emporta avec lui dix talents d’argent et six mille sicles d’or. IV Reg., v, 5. Le prophète refusa d’accepter ses présents, mais son serviteur, Giézi, courut après Naaman pour lui demander frauduleusement un talent d’argent. Il en reçut deux et il fut puni par la lèpre de son avarice, ꝟ. 22-27. — Manahem, roi d’Israël, paya à Phul = Théglathphalasar, roi d’Assyrie, pour qu’il l’aidât à s’affermir sur le trône, mille talents d’argent qu’il se procura en faisant payer