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1969
1970
TABLE — TABLE ETHNOGRAPHIQUE DE LA GENÈSE


xiv, 10, l’ami infidèle qu'éloignait le malheur, Eccli., vi, 10, le débauché, Is., xxviii, 8, et le traître. Luc., xxii, 21.-3° Au figuré. — La table figure la nourriture en général, Ps. lxxviii (lxxvii), 19 ; Act., vi, 2 ; les bienfaits temporels de Dieu, Ps. xxm (xxii), 5 ; lxix (lxviii), 25 ; Ezech., xxxix, 20, ses bienfaits spirituels, Prov., ix, 2, et le bonheur éternel. Luc, xxii, 30.

3. Tables de marchands. — Les changeurs avaient installé leurs tables dans le parvis du Temple, où le Sauveur les renversa. Joa., ii, 15 ; Matth., xxi, 12 ; Marc, xi, 15. Voir Changeurs de monnaie, t. ii, col. 548. Les mots xpi-xafr, mensa, désignent aussi la banque proprement dite, c’est-à-dire le trafic qui fait valoir

l’argent. Luc, xix, 23.

H. Lesêtre.

2. TABLE, plaque de pierre, de métal ou de bois, sur laquelle on peut graver des lettres ou incruster d’autres matières. Différentes sortes de tables sont mentionnées dans la Bible.

1° Tables de la loi (hébreu : lûah ; Septante : tùM, jtuîiov ; Vulgate : tabula). — Le Seigneur promit de les donner à Moïse. Exod., xxiv, 12. Il les lui donna en effet, écrites de sa main. Exod., xxxi, 18. Elles sont appelées lulfôf 'ébén, n).i-/.£ ; ÀiBivxi, tabulée lapidese, « tables de pierre » ; luhôt haêdflt, iu.i-t.ec toj (j.apTupi'ûU, tabulée testimonii, « tables du témoignage », Exod., xxxi, 18, et luhôt hab-berît, itXâzs ; 81a6r, x71 ; , tabulée fœderis, « tables de l’alliance ». Deut., IX, 11. Moïse descendit de la montagne en portant les deux tables sur lesquelles l'écriture divine était gravée de part et d’autre, au recto et au verso. Ces tables n'étaient pas de dimension considérable, puisqu’un seul homme pouvait les porter. Apercevant le désordre auquel se livraient les Hébreux, Moïse jeta les labiés au pied de la montagne et les brisa. Exod., xxxii, 15-19. Quand la faute du peuple eut été pardonnée, Moïse reçut ordre de tailler lui-même deux nouvelles tables de pierre, sur lesquelles furent écrites les paroles de l’alliance. Moïse redescendit en portant ces tables avec lui. Exod., xxxiv, 1-4, 28, 29. Cf. Deut., iv, 13 ; v, 22 ; ix, 9-17. Le texte de l’Exode ne dit pas clairement si, la seconde fois, les paroles furent gravées sur les tables par Dieu lui-même ou par Moïse. Le Deutéronome, x, 1-5, affirme positivement que Dieu lui-même écrivit les dix paroles sur les labiés taillées par Moïse. Les deux tables de la loi furent déposées dans l’Arche d’alliance. Deut., x, 5. Elles s’y trouvaient encore à l'époque de Salomon. II Par., v, 10 ; Hebr., ix, 14. Elles disparurent en même temps que l’Arche à l'époque de la captivité. — Métaphoriquement, le cœur de l’homme est comparé à une table sur laquelle est écrite la loi de Dieu. Prov., iii, 3 ; vii, 3. Saint Paul dit que ses fidèles Corinthiens sont pour lui comme une lettre du Christ, écrite « non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair. » II Cor., iii, 3.

2° Tables à inscriptions. — Isaïe, viii, 1, reçoit l’ordre de prendre une grande tablette, gilldyôn, Tojio ; , liber, pour y écrire la prophétie contre Damas et Samarïe. Habacuc, ii, 2, dut aussi graver sa prophétie sur des tables, luhôt, irj^îa, tabulée. Les Romains gravèrent sur des tables, SéXtol, tabulée, d’airain et envoyèrent à Jérusalem le traité passé avec Judas Machabée. 1 Mach., vm, 22. Ils gravèrent sur des tables semblables le traité renouvelé avec Simon. I Mach., xiv, 18. Les Juifs gravèrent sur des tables d’airain, qu’on plaça dans la galerie du Temple, l'énumération des services rendus par Simon. I Mach., xiv, 26-48. Cf. Job, xix, 24. Voir Stèle, col. 1861.

3° Panneaux de bois ou d’airain. — Les panneaux du Tabernacle sont appelés qerâsim, <r : J).oi, tabulée ; ils sont en bois d’acacia et destinés à être placés debout. Exod., xxvi, 15, 17-29 ; xxxvi, 20-33. Dans le Temple de Salomon, les murs sont recouverts de panneaux,

sal'ôt, îO.supai', tabulée, tàbulata, de cèdre et de pin-III Reg., vi, 15, 16, 18 ; vii, 3 ; II Par., iii, 5. Les bassins roulants avaient des panneaux, luhôt, cruyxXeiajjiaTa, tabulala, d’airain, représentant des chérubins, des lions et des palmes. III Reg., vii, 36. Voir Mer d’airain, t. iv, col. 986. Les panneaux d’une porte sont aussi formés d’un lûah, eravtj, tabula. Cant., Vin, 9. Ézéchiel, xxvii, 6, appelle qéréS, transtrum, un banc incrusté d’ivoire. Il désigne sous le nom de sel.ûf, stralum, les panneaux de bois qui revêtaient son Temple idéal. Ezech., xli, 16.

4° Tables généalogiques. — Voir Généalogie, t. iii, col. 159. Une table généalogique est appelée sêfer hayyahai, piS).i’ov tri ; tmvoSiaç, liber census, « livre de famille ». II Ësd., vii, 5. Le mot yahas, d’origine obscure, a donné naissance au verbe hifyahas, « se faire inscrire sur les tables généalogiques ». I Par., v, 17 ; ix, 1 ; I Esd., ii, 62 ; II Esd., vii, 64. Le même mot désigne aussi ce qui est inscrit sur les tables généalogiques. I Par., iv, 33 ; v, 1, 7 ; vii, 5, 7, 9, 40 ; ix, 22 ; II Par., xii, 15 ; xxxi, 16-19 ; I Esd., viii, 1, 3 ; II Esd., vii, 5. Ce terme n’apparaît d’ailleurs que dans les livres les plus récents de la Bible hébraïque.

H. Lesêtre.

TABLE ETHNOGRAPHIQUE DE LA GENÈSE.

— I. Elle est contenue dans le ch. x de la Genèse. C « est un document unique parmi ce que nous a légué l’antiquité. Il montre d’une manière éclatante la supériorité du point de vue des livres sacrés d'[Israël] sur celui des autres peuples anciens, même de leurs philosophies les plus avancées, quand il s’agit de concevoir les rapports des diverses nations de l’antiquité. Généra lement, dans le monde antique, chaque peuple, ou du moins chaque famille ethnique, regarde les autres peuples comme des barbares qui n’appartiennent pas à ~ la même espèce que lui. Les Égyptiens, par exemple, en reconnaissant dans l’humanité de grandes races qui correspondent à celles que la Bible fait descendre des trois fils de Noé, leur refusent toute fraternité d’origine. Chacune d’elles est le produit d’une création différente, l'œuvre ou l'émanation d’un dieu particulier. Israël, au contraire, a beau être fier de son caractère de peuple choisi de Dieu, jaloux de se maintenir à l'égard des autres nations dans un isolement qui lui permet de mieux sauvegarder le dépôt à lui confié de la vérité religieuse, il ne cesse pas de se regarder comme un simple membre de l’ensemble de l’humanité. Tous les hommes et tous les peuples, issus d’un couple unique, appartiennent au même sang, ont la même dignité et la même vocation. Ils sont donc entre eux parents et frères. De cette grandeur et de cette unité de l’espèce humaine découle la conception, fondamentale dans la pensée biblique, qui donne pour pivot à ses destinées l’histoire et le développement religieux d’un seul peuple, du peuple de Dieu, et pour but final de l'évolution générale de l’humanité la réunion de tous les peuples dans le règne de Dieu, promise à Abraham… C’est cette parenté fondamentale de tous les peuples, gage d’un avenir commun dans la voie montrée par Israël, que le tableau du ch. x de la Genèse est destiné à présenter sous une forme sensible. » Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, t. ii, part. i, 1882, p. 307-308. La descendance des peuples issus de Noé et de ses trois fils est exposée sous la forme d’un arbre généalogique, à la façon des Orientaux. Les individus, les noms des fils de Noé et quelques autres noms y personnifient des races. Voir A. Delattre, S. J., Le Plan de la Genèse, dans la Revue des questions historiques, juillet 1876, t. xx, p. 46. Génies… fuisse, non homines, dit saint Augustin, en parlant de la table ethnographique, De civ. Dei, XXI, iii, 2 ; cf. n. 1, t. xli, col. 481 et 480 C’est ce qui explique la forme plurielle de plusieurs noms.