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TABERNACLES (FÊTE DES) — TABITHE


des branches de saule et en chantant hosanna. Le septième jour, le tour se répétait sept fois en souvenir de la prise de Jéricho. Jer. Sukka, 54, 3. Il se peut que le Psaume lxxxi (lxxx) ait été composé pour cette solennité. — 5° Hors de Jérusalem. — La loi prescrivait de célébrer la fête dans le lieu choisi par le Seigneur. Deut., xvi, 15. On comprend donc que certaines cérémonies ne pouvaient avoir lieu qu’à Jérusalem. Néanmoins, il est certain que tous ne se rendaient pas à la capitale pour la célébration de la fête. Or, tous les Israélites étaient tenus d’habiter pendant sept jours sous les cabanes de feuillages. Lev., xxiii, 42. Il est donc à croire que ceux qui, pour diverses raisons, ne se rendaient pas à Jérusalem, observaient dans leur résidence les prescriptions mosaïques. À l’étranger, les Juifs de la dispersion prenaient des repas en commun sous des cabanes de feuillages. Cf. Schûrer, Geschichte des jud. Volkes im Zeit. J. C, t. iii, p. 96. Dans les synagogues, on lisait les passages du Pentateuque concernant la fête, on tenait à la main des branches d’arbres et l’on faisait le tour du coffre sacré placé au centre de l’édifice. Cf. Iken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 319-325 ; Reland, Antiquitates sacres, Utrecht, 1741, p. 240-245.

IV. Mentions historiques de la fête. — Il est possible que la « fête de Jéhovah » célébrée à Silo par des danses déjeunes filles, au temps des Juges, ait été celle des Tabernacles, Jud., XXI, 19-21, bien qu’il y ait des raisons pour supposer plutôt une fête locale. Cf. Rosenmflller, Judices, Leipzig, 1835, p. 423. — La dédicace solennelle du Temple de Salomon fut célébrée le septième mois et dura deux périodes de sept jours. III Reg., viii,

2, 65 ; II Par., v, 3. Salomon ne renvoya le peuple que le vingttroisième jour du mois. II Par., x, 10. C’est donc que la seconde période de sept jours fut consacrée à la fête des Tabernacles, que le roi célébrait exactement. II Par., viii, 13. Ce fut vraisemblablement cette fête que Jéroboam reporta, pour le royaume d’Israël, , au quinzième jour du huitième mois. III Reg., xii, 32. — Dans Osée, xii, 10, Dieu menace son peuple infidèle en disant : « Je te ferai encore habiter dans les tentes, comme aux jours de fête. » Zacharie, xiv, 16, 19, mentionne également la fête. Ëzéchiel, xlv, 25, en rappelle l’obligation. — La fête des Tabernacles est célébrée sous Néhémie, conformément aux prescriptions mosaïques, II Esd., viii, 14-17, et équivalemment sous Judas Machabée. II Mach., x, 6-8. — Sous Jean Hyrcan, Antiochus Sidètés, qui assiégeait Jérusalem, suspendit les opérations pendant sept jours, afin de permettre aux Juifs la célébration de la fête des Tabernacles ; il envoya lui-même des taureaux aux cornes dorées pour les sacrifices, avec des aromates et des vases d’or et d’argent. Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 2. — Aune autre fête des Tabernacles, le roi-pontife Alexandre Jannée, détesté du parti pharisien, se tenait près de l’autel pour le sacrifice, quand le peuple se mit à jeter sur lui les cédrats que chacun tenait en main, en l’insultant et en le déclarant indigne de sacrifier, parce qu’il étaii né d’une captive. Le même reproche avait déjà été adressé à son père Jean Hyrcan. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 5. Alexandre, pour se venger de l’offense, fit avancer ses troupes et massacrer 6000 hommes. Puis il fit élever dans le Temple une enceinte qui le préservait du contact immédiat avec le peuple. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5 ; Bell. jud., i, iv,

3. — La fête est.encore mentionnée dans l’Évangile. Ses proches l’ayant invité à se rendre à Jérusalem pour la solennité des Tabernacles, Jésus tarda à partir et ne parut au Temple que vers le milieu de la fête. Joa., vu, 2, 14. Il est dit que le dernier jour de la fête était le plus solennel. Joa., vii, 37. Il s’agit ici du huitième jour, qui était un jour de fête excluant les œuvres serviles. Ce jour-là, faisant allusion aux libations solennelles des jours précédents, le Sauveur dit à haule

voix : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Joa., vil, 37. Saint Paul dit que le Christ avait déjà été, au désert, le rocher qui désaltérait spirituellement les Hébreux. I Cor., x, 4. Il étail là maintenant, prêt à donner un breuvage spirituel bien supérieur à celui d’autrefois. De même, le lendemain, au souvenir des grandes lampes dont la lumière venait d’être éteinte, il pouvait dire : « Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. » Joa., viii, 12. — À la suite de chaque septième année, on devait donner au peuple lecture du Deutéronome pendant la fête des Tabernacles. Deut., xxxi, 10 11. En l’an 41, Hérode Agrippa I er, petit-fils d’Hérode le Grand, dont la mère était Iduméenne, assistait à cette lecture. En entendant les paroles : « Tu ne pourras pas te donner pour roi un étranger qui ne serait pas ton frère, » Deut., xvii, 15, il se mit à fondre en larmes au souvenir de son origine, bien que, d’après la loi, les fils d’origine iduméenne pussent entrer dans la société israélite à la troisième génération. Deut., XXIII, 8. Le peuple lui cria alors : « Ne t’inquiète pas, Agrippai Tu es notre frère. » Sota, vii, 8. — Une inscription provenant de Bérénice, en Cyrénaïque, et un peu antérieure à l’ère chrétienne, mentionne le cuXXàyo ; t ?, î (TxrivoitïiY’aî » « réunion de la scénopégie ». Cf. C.I.G., t. iii, 5361 ; Musée de Toulouse, Cat. des antiq., 225. Il y avait donc en cette ville une colonie célébrant la fête des Tabernacles. Le nom grec delà fête est axy)voitï]Yt’a du verbe <rxïivo7cr)YSïv, sr fixer une tente ». — Plutarque, Sympos., iv, 6, 2, a laissé une description de la fête des Tabernacles : « La fête plus grande et la plus parfaite des Juifs est, par sa date et son rite, analogue à celle de Dionysios. Ils l’appellent « jeûne ». A l’époque de la vendange, à l’arrière-saison, dans tout le pays, ils dressent des tables et demeurent sous des tentes entrelacées surtout de branches de vignes et de lierre. Ils nomment le premier jour de la fête « tente ». Les jours suivants, ils célèbrent une autre fête, qui, sans équivoque, se rapporte directement à celui qu’on appelle Bacchus. Ils ont une fête où l’on porte des coupes et des thyrses ; ils se rendent dans leur temple, sans qu’on sache ce qu’ils font, une fois entrés : ce doit être une fête de Bacchus. Ils se servent de petites trompettes pour appeler le dieu, comme les Argiens dans les dionysiaques ; d’autres, qu’ils nomment lévites, ont des harpes pour invoquer soit Lysion, soit plutôt Bacchus. » L’auteur, peu au courant des mœurs et des croyances des Juifs, se méprend sur des points importants, sur le jeûne qui a précédé de cinq jours et qu’il confond avec la fête, sur le nom de « tente » qu’il n’attribue qu’au premier jour, et surtout sur l’objet de la fête. Mais il mentionne exactement l’importance de la solennité, sa date, les cabanes de feuillages, la y.pïTr, poyopta ou libation d’eau, Bupcropôpta ou port du lùlâb, enfin les trompettes et les harpes qui servent à manifester la joie et à accompagner les chants.

H. Lesêtre.
    1. TABITHE##

TABITHE (Nouveau Testament : TaSiôâ), chrétienne

de Joppé. Act., ix, 3642. Son nom est araméen, Nn’Ta,

t :

et correspond à la forme hébraïque n’as, sebîyâh, « gazelle (femelle) ». Cet animal était regardé par les Hébreux et les Arabes comme un type de beauté. >33, sebî, en hébreu, signifie « beauté ». On appelait Tabithe, en traduisant son nom en grec, Aopxi ; , et c’est ainsi que les Septante rendent le nom de l’animal, sebi, dans leur traduction, Deut., xii, 15, 22 ; II Reg. (Sam.), il, 18 ; Prov., vi, 5. Cf. Josèphe, Bell, jud., IV, iii, 5. Les Grecs, comme les Orientaux, donnaient volontiers ce nom à leurs filles. Chez les Hellènes, il désignait spécialement la beauté des yeux. Il est possible que Tabithe ait été connue sous les deux noms, araméen et grec, comme on en a plusieurs exemples à cette époque.