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TABERNACLE — TABERNACLES (FÊTE DES)


la tribu d’Éphraïm, située en un point central du pays. Voir Silo, col. 1723. Le tabernacle y demeura longtemps. Il y était encore au temps d’Héli, I Reg., i, 24 ; m, 3, 15, 21, et l’Arche en fut retirée, à l’occasion de la guerre contre les Philistins. I Reg., iv, 4. Il fut ensuite transporté, sous Saùl, à Nobé, I Reg., xxi, 1-6, puis, sous David, à Gabaon. I Par., xvi, 39 ; xxi, 29. David établit Sadoc et d’autres prêtres pour le service du culte devant le tabernacle de Gabaon. C’était encore le principal lieu de culte au commencement du règne de Salomon. Ce roi vint y offrir des sacrifices et y fut favorisé d’un songe divin. III Reg., iii, 4, 5 ; II Par., i, 3. Là se trouvait l’autel d’airain fabriqué jadis par Béséléel. Le tabernacle mosaïque, bien que privé de la présence de l’Arche, servait ainsi de centre au culte liturgique, dans les mêmes conditions que plus tard le second Temple. — Depuis les jours malheureux d’Héli, l’Arche n’était pas rentrée dans le tabernacle destiné à l’abriter. Elle avait été successivement transportée à Cariathiarim, chez Abinadab, I Reg., vii, 1, où .elle demeura pendant tout le règne de Saûl, puis chez Obédédom de Geth, où elle demeura trois mois. II Reg., vi, 10, 11 ; I Par., xiii, 13, 14. Cette seconde translation avait été ordonnée par David. Au lieu de .faire rapporter l’Arche dans le tabernacle de Gabaon, le roi se proposait de l’amener à Jérusalem, dont il voulait faire la capitale religieuse et politique du pays. Il vint bientôt après la reprendre dans la maison d’Obédédom, et l’introduisit dans la cité de David. Il avait disposé une tente, ’ôhél, pour la recevoir. II Reg., vi, 17 ; I Par., xv, l ; xvi, 1. Cette tente ne reproduisait pas les dispositions du tabernacle mosaïque, car l’Arche y était placée au milieu, befôq hâ-ôhél. La tente était également recouverte de peaux. II Reg., vii, 2 ; I Par., xvii, 1. David mit Asaph et ses frères à la tête du service liturgique qui devait être célébré devant l’Arche. I Par., xvi, 37. L’apparition de l’ange près de l’aire d’Ornan persuada plus tard au roi d’offrir ses sacrifices en ce dernier endroit, au lieu de se rendre à Gabaon.

I Par., xxi, 30. Il y eut ainsi deux lieux de culte principal en Israël, Gabaon avec le tabernacle, et la cité de David avec l’Arche. Cette situation ne cessa qu’à l’inauguration du Temple, destiné à remplacer définitivement le tabernacle et à abriter l’Arche. Alors Salomon fit transporter dans le Temple le tabernacle et tous les ustensiles sacrés qu’il renfermait. III Reg., viii, 4 ;

II Par., v, 5. Ces objets furent conservés, selon les uns, dans une des chambres supérieures du Temple, et, selon les autres, dans les sous-sols. Cf. Reland, Antiq. sacr., p. 40. D’après une lettre transcrite au commencement du second livre des Machabées, Jérémie, après la prise de Jérusalem, avait emporté le tabernacle, l’Arche, l’autel des parfums et le feu sacré, et les avait cachés dans une caverne du mont Nébo. II Mach., ii, 4, 5. — Reland, Antiquilates sacrée, Utrecht, 1741, p. 9-30 ; Iken, Antiquilates hebraicæ, Brème, 1741, p. 42-64.

H. Lesêtre.
    1. TABERNACLES##

TABERNACLES (FÊTE DES) (hébreu : hag hassukkôt ; Septante : ioprï] <rxi)vc3v, wrfioTrriyla ; Vulgate : ferise Tabernaculorum, solemnitas Tabernaculorum, scenopegia), l’une des fêtes des Juifs.

I. Les prescriptions de la. loi. — 1° Caractère de la fête. — Le quinzième jour du septième mois, ou mois de tisri (septembre-octobre) par conséquent cinq jours après la fête des Expiations, Lev., xxoi, 27, commençait la fête des Tabernacles, qui durait sept jours. Tous les produits du pays étaient alors déjà récoltés. Le premier jour était solennel et les œuvres serviles y étaient défendues. Des sacrifices particuliers étaient offerts -chacun de ces jours. Aux sept jours de la fête s’ajoutait un jour solennel de clôture, qui comportait, comme le premier, l’abstention des œuvres serviles. Dès le premier jour, les Israélites devaient avoir en mains du

fruit de beaux arbres, des branches de palmiers, des rameaux d’arbres touffus et des saules, en se réjouissant devant Jéhovah. De plus, pendant sept jours, ils devaient demeurer sous des huttes de feuillage, afin de se rappeler le temps où ils habitaient sous la tente après la sortie d’Égyple. Lev., xxxui, Sise, 39-43. La fête est appelée dans l’Exode, xxiii, 16 ; xxxiv, 22, hag hâ’âsif, « fête de la récolte », Ioç>-.t ) suvTEXei’oe ; , solemnitas inexitu anni. Au Deutéronome,

! xvi, 13-16, son caractère d’actions de grâces après la

récolte est seul rappelé. — 2° Les sacrifices. — Chacun des sept jours de la fête, outre les victimes du sacrifice perpétuel, il fallait offrir en holocauste de jeunes taureaux, deux béliers et quatorze agneaux d’un an, et, en oblation, de la fleur de farine pétrie à l’huile, 3/10 d’éphi (ll’i'65) pour chaque taureau, 2/10 (7> » 77) pour chaque bélier, et 1/10 (3 lil 88) pour chaque agneau. Chaque jour, on ajoutait un bouc en sacrifice pour le péché. Le nombre des taureaux variait ; il en fallait 13 pour le premier jour, 12 pour le second, et ainsi en diminuant d’une unité, de sorte que le nombre tombait à sept le septième jour. Le huitième jour, on offrait en holocauste un taureau, un bélier et sept agneaux, avec les oblations correspondantes. On ajoutait aussi le bouc en sacrifice pour le péché. Num., xxix, 12-38. — 3° Les feuillages. — Quatre sortes de feuillages sont indiqués. Le premier est appelé péri’êz hâdàr, xapTt’oç $jXoj « patoç, fructus arboris pulcherrimx, « le fruit d’un bel arbre », ou « le beau fruit d’un arbre ». Il est possible que l’arbre ait été déterminé avec plus de précision. Le chaldéen traduit hâdàr par citronnier. Voir Cédratier, Citronnier, t. ii, col. 373, 791. Le second feuillage est celui du palmier. Le troisième est celui d’arbres’dbot, « touffus », îaoeïç, densarum frondium. (de « myrtes », d’après le chaldéen et le syriaque). Le quatrième est celui des saules. Lev., xxiii, 40. A l’époque de Néhémie, on employait pour la fête des Tabernacles des branches d’olivier, zaï/ii, èXaîaç, olivse ; d’olivier sauvage, ’es Sémén, « arbre à huile », ?-jXwv x-jTiapKjGi’vcov, « de bois de cyprès », ligni pulcherritni, « de bois très beau » ; de myrte, de palmiers et de’âbo(, Sa<réoç, nemorosi, « de bois touffus ». II Esd., viii, 15. Le myrte, hâdas, est ici nommé à part ; il ne peut donc être désigné par le mot’âbôf. Josèphe, Ant. jud., III, x, 4, ne nomme que quatre espèces, le myrte, le saule, le palmier et le pommier de Persée. Ailleurs, Ant. jud., XIII, xiii, 5, il parle seulement de palmiers et de citronniers. Il suit de là qu’une certaine latitude était laissée aux Israélites pour choisir les arbres dont ils devaient cueillir les branches, suivant les circonstances. — 4° Les cabanes. — La Loi ordonnait d’habiter pendant sept jours bas-sukkôt, êv <rxr, v « ï ; , in umbraculis, pour rappeler aux Israélites le séjour de leurs pères bas-sukkôf, êv uxrivasç, in tabernaculis. Lev., xxiii, 43. Le texte, qui a énuméré les divers genres de feuillages qu’il faut prendre pour la fête, ne dit pas de quelle matière doivent être faites les cabanes. Le mot sukkâh signifie « hutte, feuillage, abri » et en général « habitation ». Il ne diffère pas beaucoup, quant au sens, de’ohél, c< tente » et en général « habitation ». De là les traductions des Septante, ox » )vr É, et de la Vulgate, tabernaculum, « tente ». Il est certain qu’au désert les Hébreux ont habité sous des tentes plutôt que dans des cabanes de feuillage. La fête des Tabernacles avait pour but de rappeler ce séjour sous les tentes ; des tentes auraient donc mieux rappelé que des cabanes les’ohàlîm du désert. Exod., xvi, 16 ; xxxiii, 10 ; etc. Mais, avec le temps, peut-être même dès les débuts de l’installation en Chanaan, on comprit que les branches des arbres mentionnés devaient servir non seulement à être portées, mais encore à former les cabanes de feuillage. Cet usage est en vigueur et rattaché à la Loi au temps de Néhémie. II Esd., viii, 15, 16. Ce