Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1003

Cette page n’a pas encore été corrigée
1955
1956
TABERNACLE


tion une largeur de douze coudées (6 m 30). D’après Munk, Palestine, p. 155, qui prétend s’appuyer sur les anciens, la largeur n’aurait été que de dix coudées, ce qui obligerait à réduire la largeur des deux planches extrêmes à une demi-coudée. Le texte n’impose pas cette idée ; mais on fait valoir en sa faveur qu’elle permet de donner au Saint des saints la figure d’un cube parfait. La solidité étant assurée par le bas, au moyen des tenons emboîtés dans les socles, des traverses la maintenaient dans la hauteur. Elles étaient au nombre de cinq pour chacun des trois côtés, celle du milieu devant aller d’une seule pièce d’une extrémité à l’autre. Les quatre autres se complétaient probablement deux à deux, les unes au-dessus, les autres au-dessous de la traverse la plus longue. Ces traverses étaient d’acacia et passaient dans des anneaux assujettis aux planches. Les planches, les traverses et les anneaux devaient être revêtus d’or. Exod., xxvi, 15-30 ; xxxvi, 20-34. — L’intérieur était divisé en deux parties au moyen d’un voile, tendu à dix coudées de la paroi du fond, selon Josèphe, Ant.jud., III, vi, 4. Le voile était soutenu par quatre colonnes d’acacia, revêtues d’or, avec des crochets d’or et des socles d’argent. Le voile, de lin retors, tissu de fils de pourpre violette et écarlate et de cramoisi, représentait des chérubins brodés. L’espace qui s’étendait de ce voile jusqu’à la paroi du fond s’appelait le Saint des saints et renfermait l’Arche d’alliance. La partie antérieure, de l’entrée jusqu’au voile, s’appelait le Saint et renfermait la table des pains de proposition, le chandelier et l’autel des parfums. Un rideau semblable au voile du Saint des saints, mais sans figures de chérubins, occupait toute la largeur du côté oriental. Il était soutenu par cinq colonnes d’acacia, revêtues d’or, avec des crochets d’or et des socles d’airain. Exod., xxvi, 31-37 ; xxxvi, 35-38. — Quatre couvertures s’étendaient au-dessus du tabernacle, à la hauteur des planches latérales, c’est-à-dire à dix coudées (5 fꝟ. 25. La première était de même étoffe que le voile, avec des chérubins brodés. Elle se composait de dix pièces, longues de vingt-huit coudées (14 m 70), larges de quatre (2 m 10) et assemblées cinq par cinq. Les deux assemblages étaient réunis au moyen de lacets de pourpre violette et d’agrafes d’or. La couverture avait alors vingt-huit coudées (14 m 70) dans un sens et quarante (21 iii) dans l’autre. Il va de soi qu’elle était posée sur le tabernacle de manière que les dimensions se correspondissent. De la sorte, la couverture dépassait de dix coudées la longueur totale du tabernacle, et de quatorze coudées (8 m 40) la largeur ; elle retombait ainsi sur les parois latérales dans tous les sens, mais à l’intérieur, et non à l’extérieur, de manière qu’au dedans le tabernacle fût vraiment une tente, ’  « en sorte que le nûskân forme un tout. » Exod., xxv, 6. Cf. Bàhr, Symbolik, t. i, p. 63, 64 ; Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 105 ; etc. La seconde couverture était en poil de chèvre. Elle se composait de onze pièces ayant trente coudées (I5°>75) de long et quatre (2 m 10) de large, dont l’assemblage, en deux parties de cinq et de six pièces, réunies par des lacets et des agrafes d’airain, donnait une dimension totale de quarante-quatre coudées (23 m 10). Cette couverture dépassait donc la précédente, de quatre coudées dans un sens et de deux dans l’autre Le texte sacré règle l’emploi de ce surplus : il y avait une retombée d’une coudée sur le.s côtés extérieurs, et une de deux sur l’arrière ; il en restait alors une autre de deux sur le devant. Josèphe, Ant. jud., III, vi, 4, remarque qu’ainsi les couvertures retombaient abondamment sur le sol et que, sur le devant du tabernacle, elles formaient une espèce de portique ou d’auvent. Complètement rabattues, elles servaient à fermer le tabernacle sur le côté oriental qui n’avait que des colonnes et un voile. Il y avait une troisième couverture en peaux de béliers teintes en rouge, et une quatrième

en peaux de dugong. Voir Dugong, t. ii, col. 1510. Les dimensions de ces deux couvertures ne sont pas indiquées. Mais, par leur épaisseur, ces peaux suffisaient amplement pour mettre le tabernacle à l’abri de loutes les intempéries. Exod., xxvi, 1-14 ; xxxvi, 8-19. Des cordages, mêferim, mentionnés Num., iii, 37 ; iv, 32, servaient à maintenir en place les différentes pièces de la construction. — Quelques auteurs ont supposé que le toit du tabernacle était agencé de manière à former deux plans inclinés, comme les toits de nos pays. Cf. Ancessi, Atlas géog. etarchéol., Paris, 1876, pi. m. La largeur des couvertures eût été ainsi utilisée, sans qu’elles retombassent jusqu’à terre. Mais l’idée de pareils toits était étrangère aux Orientaux et le texte sacré ne fournit aucune indication qui permette de la supposer. Les couvertures étaient donc posées à plat, au-dessus des planches verticales, et peut-être soutenues par des traverses dont l’Exode ne parle pas. L’intérieur du tabernacle se trouvait ainsi hermétiquement clos, et le jour n’y pouvait pénétrer que quand on écartait le rideau de l’entrée. En retombant jusqu’à terre, les couvertures empêchaient tout accès de la lumière pardessous les parois latérales. — On voit que, par sa disposition générale, le tabernacle reproduisait celle des temples égyptiens. Ceux-ci se composaient essentiellement d’une cour entourée de portiques, d’un édifice situé au fond de cette cour ou parvis, et donnant lui-même accès à un autre édifice plus petit, qui constituait la maison du dieu ou Saint des saints. Cf. Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1889, p. 69, 70. Le temple d’Edfou (fig. 434) fait voir clairement cette disposition, qui se retrouve exactement dans le tabernacle, à cette exception près que le parvis débordait de tous côtés la construction principale.

III. Son symbolisme. — 1° En prescrivant l’érection du tabernacle, le Seigneur avait dit : « Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux. » Exod., xxv, 8. Le peuple alors habitait sous les tentes et se déplaçait pour se rapprocher de la Terre promise. Il fallait donc que Dieu aussi habitât dans une tente et que cette tente fût mobile, pour suivre le peuple dans ses déplacements. II Reg., v, 6 ; I Par., xvii, 5. De là les noms donnés au tabernacle, « tente, habitation, maison ». Seulement il fallait que la tente rappelât la demeure ordinaire de Dieu, le ciel, de même que le parvis rappelait la terre, demeure de l’homme. Jéhovah résidait dans le Saint des saints, où l’homme n’avait point accès, sinon une fois l’an, quand le grand-prêtre venait intercéder pour les péchés du peuple. Les chérubins de l’Arche, du voile et de la couverture, figuraient la cour céleste du Dieu invisible ; La lumière divine se suffisant à elle-même, il était inutile que celle du soleil pénétrât dans la résidence de Jéhovah. L’or des parois et des ustensiles, l’incorruptibilité du bois d’acacia, les couleurs des étoffes et la richesse des broderies rappelaient et honoraient les perfections divines. Les ustensiles d’or disposés dans le Saint, la lumière du chandelier, les pains, l’encens, signifiaient les pensées et les sentiments qui devaient animer les prêtres dans le culte de Jéhovah. Cf. S. Thomas, Sum. theol., I a II*, q. en, a. 4, ad 8 um. — 2° Le tabernacle était encore la « tente de convocation » ou de « réunion ». Le Seigneur, après avoir dit qu’il se rencontrerait là avec Moïse et Aaron pour leur parler, avait ajouté : t Je me rencontrerai là avec les enfants d’Israël, et le lieu sera consacré par ma gloire… J’habiterai au milieu des enfants d’Israël et je serai leur Dieu. » Exod., xxrx, 42-45. C’est donc là, dans ce sanctuaire unique, qu’Israël, par l’intermédiaire de Moïse, Exod., xxx, 6, entrait en communication avec le Dieu unique, Jéhovah. Le tabernacle constituait ainsi le centre social et religieux de tout le peuple, et le lien puissant de l’unité entre les douze tribus. — 3° Il était aussi la « tente du témoignage ». Là