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III
PRÉFACE

comme Coran, Décalogue, et en particulier pour les désignations de congrégations religieuses dont elle n’a mentionné que les plus connues.

Pour ce qui est des termes grammaticaux, l’Académie ne pouvait manquer d’adopter la nomenclature employée depuis 1910 dans toutes les écoles de France. Aussi bien la terminologie de l’édition de 1877, qui n’est autre que celle de la célèbre grammaire de Noël et Chapsal, laissait à désirer en certaines de ses parties. Ainsi, pour désigner les êtres et les choses, elle usait de deux termes : noms et substantifs. Outre qu’il est d’une mauvaise méthode d’employer une double dénomination pour une seule catégorie de mots, Il faut convenir que, quelque définition qu’on donne du terme substantif, aucune n’est accessible à l’intelligence des enfants. Dans la catégorie des verbes, le terme de verbe actif s’appliquait à deux faits grammaticaux d’ordre différent. Il s’opposait clairement à verbe passif, mais obscurément à verbe neutre. Ce mot neutre lui-même, très compréhensible quand il s’agit du genre des noms et des adjectifs, cesse de l’être quand il s’agit du verbe, et aucune des définitions qu’on en donne n’est satisfaisante.

C’est en accord avec la nomenclature nouvelle que l’Académie a remplacé, en tête de chacun des articles concernant les êtres et les choses, substantif (s.) par nom (n.), et dans les articles concernant les verbes, verbe actif (v. a.), verbe neutre (v. n.) par verbe transitif (v. tr.), verbe intransitif (v. intr.). Elle a substitué la dénomination complément à celle de régime et celles de passé simple, passé composé à celles de passé défini, passé indéfini. Le terme de gérondif, que l’on rencontre sans cesse dans les grammaires françaises du XVIIe et du XVIIIe siècle, figurait encore dans l’édition de 1835 qui le définissait très Justement « Espèce de participe indéclinable auquel on joint souvent la préposition En », et dont elle donnait comme exemples : En allant, En faisant. L’édition de 1877 déclare abusif l’emploi de ce terme dans la grammaire française. Mais peut-on admettre que dans En forgeant on devient forgeron, qui est l’exact équivalent du latin Fabricando fil faber, En forgeant soit un participe présent ? L’Académie a cru devoir employer de nouveau ce terme, suivant son ancienne définition.

Les éditions précédentes, d’après les théories grammaticales du XVIIIe siècle, divisaient les articles consacrés aux verbes en trois parties : forme active, forme pronominale, participe passé. Il importait de renoncer à cette méthode périmée, qui avait en outre l’inconvénient de provoquer des redites. Il s’est blessé, quand on le compare à Il l’a blessé, n’offre aucune particularité de sens : tout verbe transitif peut s’employer à la voix pronominale du moment que l’action, au lieu de porter sur une personne ou sur une chose étrangère au sujet, porte sur le sujet lui-même. Il n’en est pas ainsi quand on dit : Je m’en vais, Je m’évanouis, Je me suis aperçu d’une chose, Madame se meurt. Ici la forme pronominale exige un examen particulier. En ce qui concerne les participes passés, en quoi chanté, lu, pris ont-ils à retenir notre attention ? Ceux-là seuls méritent d’être signalés qui ont une valeur verbale spéciale où sont devenus par l’usage adjectifs où noms. On à donc supprimé dans chacun des articles consacrés à des verbes tout ce qui n’est pas vraiment caractéristique au point de vue de la forme pronominale et du participe passé.

Pour éclairer les définitions, le Dictionnaire, dans ses éditions successives, a multiplié les exemples destinés à montrer par des contextes variés les différents emplois syntaxiques du mot défini. Un assez grand nombre de ces exemples ont vieilli : on les a remplacés par des phrases d’un tour plus moderne. Souvent aussi, le nombre des exemples a été jugé excessif : on l’a diminué pour ne garder que ceux qu’on estimait essentiels.

Enfin des remaniements d’articles ont été opérés chaque fois qu’on a cru indispensable de donner aux différentes acceptions un ordre plus clair ou plus méthodique.

L’Académie, qui ne cesse de rappeler qu’elle ne prétend ni régenter le vocabulaire, ni légiférer en matière de syntaxe, ne se reconnaît pas davantage le droit de réformer l’orthographe. Non certes qu’elle professe un attachement irraisonné et aveugle pour le système graphique institué