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La pluie abat la poussière. La violence du choc fut telle que l’arbre, que le mât s’abattit.

En termes de Marine, Abattre un navire, l’abattre en carène, Le mettre sur le côté, pour travailler à la carène ou à quelque autre partie qui est ordinairement submergée.

En termes d’Art vétérinaire, Abattre un chenal, un bœuf, Le renverser sur un lit de paille, quand il doit subir quelque opération. Ce cheval est fougueux, on est contraint de l’abattre pour le ferrer.

Aux jeux de Cartes, Abattre son jeu, Le mettre sur la table pour le montrer. On dit quelquefois absolument Abattre.

Fig. et fam., Abattre de la besogne, Expédier en peu de temps beaucoup d’affaires, beaucoup de travail.

Prov., Petite pluie abat grand vent, Ordinairement, quand il vient à pleuvoir, le vent s’apaise. Cette phrase signifie au figuré Peu de chose suffit quelquefois pour calmer une grande querelle.

Abattre signifie aussi Assommer, tuer. Ce chien était enragé : il a fallu l’abattre.

Il signifie au figuré Affaiblir physiquement et moralement. Une fièvre continue abat bien un homme. Cette perte lui abattit le courage, abattit sa fierté. La moindre affliction l’abat. Rien n’abat comme une souffrance continuelle. Ces deux nations, ces deux puissances sont ennemies, elles font leurs efforts pour s’abattre l’une l’autre.

S’abattre se dit particulièrement d’un Cheval à qui les pieds manquent et qui tombe tout d’un coup. En galopant, son cheval s’est abattu sous lui.

Il se dit aussi d’un Oiseau qui descend avec rapidité vers quelque but. Une volée de pigeons s’abattit sur mon champ. L’épervier s’abattit sur sa proie. On dit dans le même sens Un orage terrible va s’abattre sur nous.

Le vent s’abat, s’est abattu, est abattu, Il s’apaise, il est apaisé.

Aller, courir à bride abattue. Voyez Bride.

Le participe passé Abattu, ue, s’emploie aussi adjectivement. À la suite de cette catastrophe, je l’ai trouvé bien abattu.

Fig., Un visage abattu, Un visage où se peint l’abattement.

ABATTURE n. f. T. d’Eaux et Forêts. Action d’abattre les fruits des arbres et particulièrement les glands.

Au pluriel, il se dit, en termes de Chasse, des Foulures qu’un cerf laisse dans les broussailles où il a passé.

ABAT-VENT n. m. Assemblage de petites lames inclinées et parallèles, qui garantit du vent, de la neige et de la pluie les ouvertures d’une maison, d’un atelier, d’un clocher, etc., sans empêcher la circulation de l’air. Un abat-vent couvert de plomb, d’ardoise. Les fenêtres de ce séchoir, de ce magasin sont garnies d’abat-vent. Les persiennes sont des espèces d’abat-vent.

ABAT-VOIX n. m. Dessus d’une chaire à prêcher, lequel sert à rabattre vers l’auditoire la voix du prédicateur. Cette chaire n’a pas d’abat-voix, aussi on entend mal le prédicateur.

ABBATIAL, ALE (TI se prononce CI.) adj. Qui a rapport à l’abbé ou à l’abbesse, ou bien à l’abbaye. Les droits abbatiaux. Dignité abbatiale. Mense abbatiale. Maison abbatiale, et quelquefois comme nom féminin, Abbatiale.

ABBAYE (On prononce Abéyie.) n. f. Monastère d’hommes, qui a pour supérieur un abbé, ou de femmes, qui a pour supérieure une abbesse. Abbaye royale, ou de fondation royale. Abbaye sécularisée. Abbaye de Saint-Benoît, de l’ordre de Cîteaux.

Il s’est dit du Bénéfice attaché au titre d’abbé. Le roi lui donna une abbaye. Il avait, il possédait jusqu’à trois abbayes.

Abbaye en règle, Celle à laquelle on ne peut nommer qu’un religieux. Abbaye en commende, Celle à laquelle on pouvait nommer un ecclésiastique séculier.

Abbaye se dit encore des Bâtiments du monastère. Une abbaye bien bâtie. Une abbaye qui tombe en ruines.

Prov. et fig., Pour un moine l’abbaye ne faut pas, Quand plusieurs personnes sont convenues de se réunir, et qu’une d’elles manque à la réunion, on ne laisse pas de faire ce qui avait été résolu.

ABBÉ n. m. Celui qui porte le costume ecclésiastique et remplit ou se prépare à remplir les fonctions sacerdotales. Nous avons rencontré plusieurs abbés. Allez parler à Monsieur l’abbé. Les abbés du catéchisme de Saint-Sulpice sont généralement de jeunes séminaristes.

Il s’est dit de Celui qui dirigeait une abbaye. Abbé de l’ordre de Saint-Benoît. Abbé régulier. Abbé crossé et mitré. Élire un abbé. Bénir un abbé.

Prov. et fig., Nous l’attendrons comme les moines font l’abbé, S’il n’arrive pas à l’heure du dîner, nous nous mettrons à table sans lui.

Prov. et fig., Le moine répond comme l’abbé chante, Ordinairement les inférieurs prennent quelque chose du ton, des habitudes de leurs supérieurs.

Il se disait aussi de Tout homme qui portait l’habit ecclésiastique, sans remplir les fonctions sacerdotales. Un jeune abbé. Un petit abbé. Un abbé de cour.

ABBESSE n. f. Supérieure d’un monastère de femmes. Abbesse triennale. Abbesse perpétuelle. Nommer, élire, bénir une abbesse.

Abbesse crossée, Celle qui avait le droit de porter la crosse.

A B C (On prononce Abécé.) n. m. Petit livret contenant l’alphabet et la combinaison des lettres pour enseigner à lire. Acheter un A b c pour un enfant.

Il signifie figurément et familièrement le Commencement d’un art, d’une science, Ce n’est là que l’A b c des mathématiques. Cette maxime est l’A b c de la politique.

N’en être qu’à l’A b c d’une science, d’un art, N’en avoir que les premières notions.

Prov. et fig., Renvoyer quelqu’un à l’A b c, Le traiter d’ignorant; et, Remettre quelqu’un à l’A b c, Le ramener aux éléments, aux premiers principes d’un art, d’une science, etc.

On dit quelquefois dans le même sens A b c d.

ABCÈS n. m. T. de Médecine. Amas de pus dans quelque partie du corps. Avoir un abcès au poumon, au foie. Vider un abcès. L’abcès a percé, a crevé.

ABDICATION n. f. Action d’abdiquer. Il se dit en parlant de Celui qui abdique et de la Chose abdiquée. L’abdication de Dioclétien. Charles-Quint fit abdication à Bruxelles. L’abdication d’une couronne, d’un empire est quelquefois suivie de regrets.

Il signifiait aussi, dans notre ancienne Jurisprudence, Acte par lequel un père privait son fils des droits que celui-ci avait, à ce titre, dans sa succession. L’abdication était une exhérédation prononcée pendant la vie et susceptible de révocation.

ABDIQUER v. tr. Abandonner un pouvoir, une dignité, un droit d’un ordre élevé. Abdiquer la royauté. Abdiquer la couronne. Abdiquer le consulat, la dictature. Abdiquer les honneurs.

Il s’emploie au sens figuré. Un père ne doit jamais abdiquer son autorité.

Il s’emploie aussi absolument. Ce prince a abdiqué, on l’a forcé d’abdiquer.

ABDOMEN (On prononce l’N.) n. m. T. d’Anatomie. Cavité viscérale circonscrite en haut par le diaphragme, en bas par le bassin, en arrière par les vertèbres lombaires et en avant par des aponévroses et des muscles. On l’appelle dans le langage ordinaire BAS-VENTRE. Les muscles de l’abdomen.

Il se dit, en termes de Zoologie, de la Partie postérieure du corps des insectes.

ABDOMINAL, ALE adj. T. d’Anatomie. Qui appartient à l’abdomen. Région abdominale. Muscles abdominaux.

ABDUCTEUR adj. m. T. d’Anatomie. Qui produit l’abduction. Muscle abducteur.

Il s’emploie aussi comme nom. L’abducteur de l’œil, de la cuisse.

ABDUCTION n. f. T. d’Anatomie. Action des muscles qui écartent de la ligne médiane du corps les parties auxquelles ils sont attachés.

ABÉCÉDAIRE adj. des deux genres. Qui concerne l’alphabet. Ordre abécédaire.

Il est aussi nom masculin et se dit d’un A b c, d’un livre dans lequel on apprend à lire. Acheter un abécédaire.

ABECQUER v. tr. Nourrir un jeune oiseau en lui donnant la becquée. Il est familier.

ABÉE n. f. Ouverture par laquelle l’eau d’un bief tombe sur la roue d’un moulin et qu’on ferme avec des pales quand le moulin n’est pas en mouvement. On dit aussi BÉE.

ABEILLE n. f. Insecte hyménoptère qui vit en essaim et qui produit la cire et le miel. Abeilles sauvages, domestiques. Mère abeille ou Abeille mère. Abeille ouvrière. Essaim d’abeilles. Ruche d’abeilles.

ABERRATION n. f. Écart d’imagination, erreur de jugement. Les aberrations de l’esprit humain. L’aberration de ses idées est étrange. Les aberrations de cet écrivain sont singulières. On dit de même L’aberration des sens.

Il se dit, en termes d’Astronomie, du Mouvement apparent observé dans les astres et qui résulte du mouvement de la lumière combiné avec celui de la Terre. L’aberration des étoiles fixes.

Il se dit aussi, en termes d’Optique, de la Dispersion qui s’opère entre les divers rayons lumineux émanés d’un même point, lorsqu’ils rencontrent des surfaces courbes qui les réfléchissent ou les réfractent, de sorte qu’ils ne peuvent plus ensuite être concentrés exactement en un même foyer. Aberration de sphéricité. Aberration de réfrangibilité.

ABÊTIR v. tr. Rendre stupide. Vous abêtirez cet enfant. Il est tout abêti.

Il est aussi intransitif et signifie Devenir bête. Il abêtit tous les jours. On dit dans le même sens Il s’abêtit.

AB HOC ET AB HAC (On fait sentir le T d’ET.) Locution empruntée du latin. D’une manière confuse et désordonnée. Il ne sait ce qu’il dit; il parle, il raisonne ab hoc et ab hac. Il est familier.

ABHORRER v. tr. Avoir en horreur. Les honnêtes gens abhorrent les fripons. Il abhorre les remèdes. Depuis son crime, il s’abhorre lui-même.

ABÎME n. m. Gouffre très profond. Affreux abîme. Abîme effroyable. Par un tremblement de terre, un abîme s’ouvrit dans cette plaine. Sonder la profondeur d’un abîme. Il fut précipité dans l’abîme.

Le pluriel s’emploie souvent poétiquement et dans le style soutenu au lieu du singulier.