Page:Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, tome premier, A-G, 1932.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2            A
ABA
ABA

parade, etc. Au couchant, au levant, etc. Être au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc. Restez à ses côtés, à côté d’elle. Il est à nos trousses. L’argent à la main. L’épée au côté. Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir une douleur au côté. Avoir une blessure à l’épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se parlaient à l’oreille. S’arrêter à chaque pas. Se prendre au piège. Être consigné à la porte. Notaire à Paris, fabricant à Lyon.

À la face, à la vue de l’ennemi, En présence même de l’ennemi. On dit en des sens analogues Il fut battu aux yeux de la foule. La chose s’est faite au vu et au su de tout le monde. À son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la face du soleil. Coucher à la belle étoile. À genoux. À pieds joints. À tâtons. À reculons. Attacher, fixer à la muraille, atteler à la charrue. Saisir quelqu’un aux cheveux, aux oreilles, à l’épaule. À regret. À dessein. À toute force. À tort ou à raison. Il pleut à verse. À feu et à sang. À l’abri. À la française.

Il sert à désigner l’institution, l’établissement auquel une personne est attachée. Conseiller à la Cour de cassation. Avocat à la Cour d’appel de Paris. Professeur au Collège de France.

À s’emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner par son enseigne un Hôtel, un magasin. Au Cheval blanc. À la Boule d’or. Au Gagne-petit.

À s’emploie lorsqu’on veut indiquer le Temps, l’époque, la circonstance. Au commencement de l’été. À la fin du mois. Au jour indiqué. À l’aube du jour. Au matin. Au soir. Se lever à six heures. Rentrer à une heure indue. Nous arrivâmes à la même heure. Je l’attends à tout moment, à toute heure. À l’heure qu’il est. Tout à l’heure. À présent. Au temps où nous sommes. Il mourut à l’âge de quatorze ans, à quatorze ans. Il fut tué au siège de telle place. Je le ferai à mon premier loisir. On l’accueillit fort bien à son arrivée. À l’instant où j’allais sortir, il vint chez moi. On dit elliptiquement, dans un sens analogue, à une personne que l’on quitte, À demain, à ce soir, à dimanche, etc.

Il sert encore, dans quelques locutions, déterminer un Espace de temps, une durée. Payer au mois. Louer à l’année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité. À jamais. À la vie et à la mort. À la longue, tout s’use.

Il s’emploie pour désigner le Rapport de deux faits entre eux. À ma mort, il héritera de cette maison. Au premier coup de canon, la ville capitula. À la troisième sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris.

IVo - À marque la Provenance. Puiser de l’eau à une fontaine. Prendre à un tas. La poésie grecque commence à Homère. Les Latins ont beaucoup emprunté aux Grecs.

Il peut désigner par suite Ce qu’on détache de quelqu’un ou de quelque chose. Ôter ses vêtements à quelqu’un. Enlever la ville aux ennemis.

Vo - À marque encore l’espèce, la qualité caractéristique. Vache à lait. Canne à sucre. Instrument à cordes. Machine à vapeur.

Indépendamment de ces significations générales, À en a beaucoup d’autres, qui forment des idiotismes, et dont on ne peut énumérer que les plus importantes.

À, suivi d’un infinitif, prend des sens très différents. À le voir, on juge de son état. En le voyant, etc. À ne considérer que telle chose, En ne considérant que telle chose ou Si on ne considère que. À le bien prendre. À tout prendre. À voir les choses de sang-froid. À compter de ce jour. À partir de telle époque. Facile à dire. Bon à manger.

À l’en croire, à l’entendre, etc., S’il faut l’en croire, etc.

À dire la vérité, à vrai dire, à parler franc, à ne rien dissimuler, etc., Pour dire la vérité, etc.

Vin à boire, Vin bon à boire. C’est un ouvrage à recommencer, Qu’il faut recommencer. C’est un avis à suivre, Qu’il faut suivre. C’est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n’en est que plus à estimer. C’est un homme à pendre. C’est un livre non seulement à lire, mais à relire souvent. On dit dans un sens analogue Vous n’avez qu’à parler, qu’à vouloir, etc. C’est une affaire à vous perdre, Qui pourra vous perdre. C’est un procès à ne jamais finir. C’est un conte à dormir debout, Qui pourrait faire dormir debout. Il est homme à se fâcher, Capable de se fâcher. Cela n’est pas à dédaigner, Cela n’est pas méprisable. Cette place est à prendre. Je suis encore à savoir comment… J’ignore comment…

Devant un infinitif, il peut quelquefois s’expliquer par De quoi. Verser à boire. Il n’a pas à manger. Il ne trouve pas à s’occuper. Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n’y a pas à balancer. On dit dans un sens analogue Le temps que j’ai à vivre, Pendant lequel je dois vivre. L’argent que j’ai à dépenser, Que je puis ou que je dois dépenser. N’avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre.

Il se place encore devant l’infinitif des verbes, dans divers autres sens. Ainsi on dit Je suis ici à l’attendre.

À, suivi d’un nom, signifie Au prix de. Dîner à trente francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places sont à dix francs. Acheter du drap à vingt francs le mètre. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil prix, à bon marché, etc. Vivre à peu de frais.

De telle ou telle façon. Aller à la débandade. À la hâte. À l’improviste. À merveille. À la légère. À la diable, etc.

Au moyen de. Pêcher à la ligne. Jouer à la paume. Se battre à l’épée, au pistolet. Mesurer à l’aune, au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler à l’aiguille. On dit de même par ellipse Des bas à l’aiguille, au métier, etc.

Selon, suivant. À mon gré. À sa fantaisie. À sa manière. À mon choix. À votre avis. À ma gauche. À leur jugement. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. À la rigueur, on pourrait admettre cette opinion. À votre compte, je serais votre débiteur. À ce que je crois, vous voulez partir. Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu fit l’homme à son image. Il voulut, à l’exemple de son père… À la vérité, à plus forte raison, etc.

Jusqu’à. Il est amoureux à la folie. Je suis malade à garder le lit. On dit aussi avec un infinitif Souffrir à crier.

Avec. Table à tiroir. Canne à épée. Voiture à deux roues. Clou à crochet.

Contre. Dos à dos. Corps à corps. Face à face.

Quelquefois il se rapproche de la signification d’Après. Goutte à goutte, une Goutte après l’autre. Démonter une pendule pièce à pièce. Pas à pas. Mot à mot. Sou à sou. Peu à peu. Deux à deux.

Il s’emploie quelquefois quand on veut exprimer un Nombre approximatif. Cinq à six lieues. Vingt à trente personnes. Quinze à vingt francs.

À suivi d’un nom de nombre, indique une action faite conjointement par deux ou plusieurs personnes. Louer une maison à trois. Être à deux de jeu.

Quelquefois À, devant le relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment une Sorte de rivalité, de concurrence. Ils dansaient à qui mieux mieux. C’est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s’empressaient à qui lui plairait davantage. Disputer à qui obtiendra une faveur.

ABAISSANT, ANTE. adj. Qui abaisse, qui rend inférieur moralement. Langage abaissant. Théories abaissantes.

ABAISSE. n. f. T. de Pâtisserie. Morceau de pâte aplati sous le rouleau.

ABAISSEMENT. n. m. Action d’abaisser, de s’abaisser, ou Résultat de cette action. L’abaissement d’un mur. L’abaissement des eaux. L’abaissement du mercure dans le baromètre. L’abaissement de la voix.

En termes d’Astronomie, Abaissement d’un astre, Quantité dont on doit diminuer la hauteur apparente d’un astre pour avoir sa hauteur vraie.

Il est plus souvent employé au figuré et signifie Diminution, affaiblissement. Abaissement des caractères. Abaissement de l’âme. Louis XI travailla beaucoup à l’abaissement de la maison de Bourgogne. L’abaissement de la natalité. L’abaissement des revenus, du taux de l’intérêt.

Il s’emploie encore absolument et signifie Humiliation volontaire, état dans lequel on se met quand on s’abaisse volontairement. Se tenir dans l’abaissement devant Dieu.

Il signifie aussi Humiliation forcée, état de bassesse où l’on est mis malgré soi. Cet esprit altier se révolte contre un si grand abaissement. Cette famille est réduite à vivre dans l’abaissement.

ABAISSER. v. tr. Faire descendre, diminuer la hauteur. Abaisser un store. Le terrain s’abaisse insensiblement à mesure qu’on avance vers la mer. Le soleil s’abaissait sur l’horizon. Abaissez vos regards sur cette plaine. Abaisser une muraille. Abaisser le ton de la voix. Sa voix, son ton s’abaisse à mesure que son esprit se calme.

En termes de Géométrie, Abaisser une perpendiculaire sur une ligne, Mener une perpendiculaire à une ligne d’un point pris hors de cette ligne.

En termes d’Algèbre, Abaisser une équation, Réduire à un moindre degré une équation d’un degré supérieur.

En termes de Pâtisserie, Abaisser de la pâte, La rendre mince, en l’étendant avec le rouleau.

Il s’emploie encore figurément et signifie Déprimer, humilier. Dieu abaisse les superbes. Je n’abaisserai point ma dignité, mon caractère, à me commettre, jusqu’à me commettre avec lui. Cet historien affecte d’abaisser nos grands hommes.

S’abaisser signifie aussi au sens moral S’avilir, se dégrader. Je ne m’abaisserai point à me justifier, à feindre. Il s’abaisse à des démarches indignes de lui. Il sait être aimable à tous sans jamais s’abaisser.

Il signifie particulièrement S’humilier, se soumettre. S’abaisser devant la volonté de Dieu, sous la main de Dieu.

Le participe passé Abaissé, ée, se dit, en termes de Blason, de Toutes les pièces placées dans l’écu au-dessous de leur situation ordinaire, et particulièrement du Vol des oiseaux, lorsque l’extrémité de leurs ailes est inclinée vers la pointe de l’écu. Vol abaissé.

ABAISSEUR. adj. m. T. d’Anatomie. Dont la fonction est d’abaisser les parties auxquelles il est attaché en parlant d’un muscle. Muscle abaisseur.

Il s’emploie aussi comme nom. L’abaisseur de l’œil, de la lèvre.

ABAJOUE. n. f. Espèce de poche située entre les joues et les mâchoires de certains animaux, qui s’en servent pour y placer leurs aliments et les y conserver quelque temps.

ABANDON. n. m. État d’une personne, d’une chose abandonnée. Ce vieillard est dans le plus affreux abandon. Il mourut dans l’abandon. Il laisse sa maison dans un abandon, dans un état d’abandon qui en augmente tous les jours la dégradation. Il est dans l’abandon de Dieu.

Il signifie aussi Action d’abandonner. Son absence et l’abandon de sa maison, de sa terre, ont achevé de le ruiner. L’abandon de ses amis l’a consterné.

Il s’emploie de même au sens moral et