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public, qui est le sage souverain, se laisse prévenir contre les particuliers. S. Evr. Si votre Ouvrage est bon, le public lui rendra justice, sans que vous ayez la honte de l’en solliciter. Boil. Les ambitieux briguent la faveur du public ; les honnêtes gens cherchent son approbation ; tout le monde craint la haine & son mépris. S. Evr. Il est dangereux de vouloir désabuser le public prévenu & entêté. S. Evr. Le public est un Juge inexorable, qu’il faudroit ménager plus qu’on ne fait. Bell. Combien de méchans Auteurs persécutent le public de leurs Ouvrages ? S. Evr.

☞ Bien public, intérêt public, bien de la société, intérêt de la société, termes synonymes. Le bien général devroit toujours avoir la préférence sur le bien particulier. L’intérêt particulier ne raisonne plus quand l’utilité publique est contre lui. Devictum semper est, disoit Salluste, privatâ gratiâ bonum publicum. L’intérêt particulier l’emporte toujours sur le bien public. Il y a long-temps que cette maladie-là règne parmi les hommes.

☞ Quand ce mot est employé substantivement, il signifie tout le peuple, toute la société en général. Voy. les exemples ci-dessus.

Public, se dit aussi de ce qui a rapport au public. Chemin public, par où tout le monde peut passer. Lieu public, publicum, où tout le monde a droit d’aller. Les promenades, les églises, les marchés, &c. sont des lieux publics.

☞ Femme, fille publique, qui le donne au premier venu. Prostibula, prostibulum. Senèque a dit prostituta, & publica.

☞ Personnes publiques, revêtues de l’autorité publique, qui exercent quelque emploi, quelque magistrature sous l’autorité du Prince. Ministère public. Dans certaines affaires il faut des conclusions du Ministère public. Homme public, se dit en général de ceux qui prêtent leur ministère à ceux qui en ont besoin. Charges publiques, impositions que tout le monde est obligé de payer pour les besoins de l’Etat.

Public, se dit aussi en termes de Droit. Publicum, commune. Le Titre premier du XLVIIIe Livre du Digeste, est des jugemens publics, des crimes publics, des cas où chacun du peuple pouvoit être accusateur, & qui intéressent la société.

On dit aussi au Palais, qu’une marchande publique peut s’obliger sans autorisation de son mari, lorsqu’elle tient boutique ouverte, & qu’elle s’oblige pour raison des choses dont elle fait commerce. Mercatrix publica, vel propalaria. Hors de-là le nom de publique à une femme est injurieux, comme on vient de le dire.

Public, se dit aussi de ce qui est connu & manifeste à tout le monde. Notus, cognitus, pervulgatus. Dans la primitive Église on faisoit des pénitences publiques. On affiche les Ordonnances de Justice, on les crie, à son de trompe, pour les rendre publiques. On prétend que ce n’est plus une médisance, quand on accuse quelqu’un d’un crime qui est public & notoire. On appelle une nouvelle publique, celle qui se débite par toute la ville, qui n’est plus secrète.

En public. Expression adverbiale. En présence de tout le monde. Publicè, palàm, propalàm. Parler en public, ne point paroître en public, n’oser se montrer. Publico carere, abstinere, in publico esse non audere.

PUBLICAIN. s. m. C’étoit chez les Romains un Fermier des Impôts & des revenus publics. Publicanus, Redemptor. Ce nom étoit fort odieux chez les Juifs ; ils désignoient par-là un grand pécheur, un homme de mauvaise vie, & un homme à détester : d’où vient que J. C. dit à ses Disciples, que celui qui ne voudra pas écouter l’Eglise, doit être évité comme un payen & un Publicain. Ce n’est point avec l’orgueil du Pharisien, qui vantoit à Dieu la justice de ses œuvres ; mais avec la honte du Publicain, que nous devons demander justice. Le P. la Rue.

☞ Aujourd’hui le mot de Publicain se dit familièrement, & dans un sens toujours odieux, de ce qu’on appelle autrement traitans, partisans, gens d’affaires… Voyez ces mots. Il eut l’honneur d’être agrégé à l’opulente quarantaine : il fut Publicain en chef. Publicanorum ordo. Le mal a bien augmenté depuis ce temps là.

PUBLICATION. s. f. Notification qu’on fait dans les assemblées & lieux publics, d’une chose qu’on veut que tout le monde sache. Publicatio, promulgatio. On fait au Prône des proclamations & publications de bans pour les mariages, pour les enchères des décrets, &c. On a fait la publication d’un mointoire La publication des bans n’est pas nécessaire au mariage, & elle n’en touche point la validité. Le Mart. il se lait des publications 2l cri public, à son de trompe, pardesafhclaes, &c. On faisoit autrefois des publiduions d’enquêtes, lorsqu’on en faisoit l’cuverture, & qu’on les tiroir d’un sac, dans lequel elles avoient été envoyées cloles &{cellées par le Commissaire Enquêreur ; & alors on n’étoipplus recevable à donner des reproches contre les témoins.

Publication. En parlant de l’édition d’un livre, on dit, qu’on ’en a défendu h. publication ; pour dire, qu’on en a défendu la vente. Il le dit ptel^ne toujours de ce qui le fait par l’autoricé publique. Acad. Franc.

☞ Publication des Ordonnances, Edits & Déclarations. On entend par- la la lecture qui s’en fait dans les Cours, pour être connues au peuple, tic ensuite exécutées. Ainhla publication distère de ’enrepif. son : er.t, en ce qu’elle se fait par la lecture au jours de plaidoirie, pour les notifier ; au lien que l’enregistrement est la description qui s’en fait dans les registres publics’. Voyez ^ Enregistrement.

☞ PUBLICISTE. s. m. C’est ainsi qu’on appellectioi qui écrit ou qui fait des leçons sur le droit public. C’est un grand Pubiscifie. Il y a de grands Publicistes en Allemagne. Acad. Fr.

PUBLICITÉ. s. f. La qualité d’une chose qui est publique. Les déciets d’un Concile peuvent recevoir une plus grande j’ivssiciltr par les Edits des Princes, pour l’autorité extérieure, mais non pas pour l’antorité intérieure de la foi & de la croyance. Mém. de Trév. La. publicité Si la sainteté d’un lieu empêchent bien les actions extérieures, mais non pas les mcuvemens le-Ciets. Cotolendi.

Publicité. Notoriété. La publicité du crime le rend encore plus punissable.

PUBLIER, v. a. Rendre une chose publique & notoire. Promulgare, publicare. On publie des Édirs & des Déclarations, lorsqu’on les lit en pleine auJience, qu’on les enregistre, qu’on les tait affichrt, imprimer & crier par les rues. On dit aussi, publier des enchères, des fermes, un rôle. On publie souvent de fausses nouvelles. On dit aussi d’un indiseret,

☞ n’publie le secret de ion ami, lorsqu’il le découvre à quelqu’autre, qu’il publie les faveurs de sa maitrcire, lorsqu’i ! s’en vante. La médisance publie que vous avez eu une mauvaise aventure.

☞ L’élégant, le correct Racine a dit, publier des beautés dans Bérénice.

Publier vos vertus, Seigneur, & ses beautés.

On ne publie point des beautés, cela n’est pas exact. On publie les bonnes & mauvaises qualités de quelqu’un, des nouvelles, un secret : on publie les faveurs qu’on a reçues d’ »ine femme : on publie enfin une chose qui étoit (ociété, ignorée. On ne publie point ce que tout le monde voit.

Publier, signifie dans le même sons, mettre au jour, faire imprimer. Prodere in lucem, vel typis mandate, divulgare, publicare. Osez-vow, publier des vers Il insipides ; S. Evr. Le public laisse aux Auteurs le soin d’examiner s’ils ont raison de publier leurs ouvrages, (Se croit n’avoir intérêt qu’à juger de l’ouvrage. Nic.^

PUBLIE, ÉE. part. Edictus, indictus, denuntiatus, pronmlsatus. proscriptus. On met fusse dos des Édits & Patentes, lu, publié & enregistre suivant l’Arrêt de ce jour.

PUBLIQUEMENT. adv. En public, devant tout le mon-