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DIA

En vain l’orgueil du diadême.
Veut qu’on soit insensible à ces cruels revers. Quin.

Son ame est au-dessus de sa grandeur suprême,
La vertu brille en lui plus que le diadême. Flech.

Il parle de Louis le Grand.

Et dégoûté du diadême,
Aima mieux régner sur lui-même,
Que de régner sur l’Univers.

Nouveaux choix de vers.

Qui sauroit bien ce que c’est qu’un diadême,
Il choisiroit aussitôt le tombeau,
Que d’affeubler son chef de ce bandeau ;
Car aussi bien il meurt lors à soi-même. Pybrac.

Diadême, en termes de blason, se dit aussi des ceintres, ou cercles d’or qui servent à fermer les couronnes des Souverains, & à porter la fleur-de-lis double, ou le globe croisé qui leur sert de cimier. Les couronnes des Souverains diffèrent, en ce qu’elles sont fermées d’un plus grand, ou d’un plus petit nombre de diadêmes. Les prélats portoient aussi autrefois une espéce de diadême ; puisque Baronius écrit que S. Jacques Apôtre portoit sur le front une lame d’or pour marque de sa dignité Episcopale. On nomme aussi quelquefois en blason diadême, ou tortil, le bandeau qui ceint les têtes de More sur les Ecus.

DIADÊMÉ. adj. En termes de blason, se dit d’une manière de cercle qui se nomme proprement diadème, & qu’on voit quelquefois sur les têtes de l’aigle éployée. Diadematus.

☞ DIADOCHUS. s. m. Pierre à laquelle on attribue la propriété de faire paroître les démons.

DIAGLAUCIUM. s. m. est le nom d’un collyre que Scribonius Largus, Num. 22. recommande pour les ophthalmies & les lippitudes qui ne font que commencer. Il tire son nom de glaucium, qui, suivant Dioscoride, lib. 3. chap. 10. est le suc d’une plante qui croît près de Hiérapolis, Ville de Syrie. Dale prend cette plante pour le chardon purgatifs. Voyez la composition de ce remède dans Scribonius Largus, à l’endroit que nous avons indiqué.

☞ DIAGNOSE. s. f. terme de Médecine. Connoissance que l’on peut avoir par des signes, de l’état présent d’un homme malade ou en santé. Ce mot est grec ; διαγνώσις, dignotio, dijudicatio, dérivé du verbe διαγνώσκω, je connois, je discerne, je juge.

DIAGNOSTIQUE. adj. m. Terme de Médecine, qui se dit des figues & symptomes qui donnent l’indication & la connoissance aux Médecins de la nature & des causes des maladies. Indicativus. Il y a des signes prognostiques, & d’autres diagnostiques. Nous avons trouvé dans quelques livres récens dianostique : si ce n’est point une faute d’impression, c’est une affectation que l’on ne croit pas devoir être imitée. Il faut mettre un g, & le prononcer séparément sans le mouiller avec l’n.

Diagnostique. s. m. Terme de Médecine. Le symptome même ou le signe qui indique la nature d’une maladie. Cet enfant a tous les diagnostiques de la petite vérole.

DIAGONAL, ale. adj. & DIAGONALE. s. f. Terme de Géométrie. Ligne qui passe d’un angle à l’autre dans une figure de plusieurs côtés. Diagonalis, diagonicus. La diagonale d’un quarré est incommensurable avec un de ses côtés, Euclide, liv. 10. Dans les autres polygones, il faut qu’une ligne passe par leur centre, & d’un angle à l’autre, pour être diagonale. Ce mot s’applique aussi aux corps solides. La diagonale d’un cube.

DIAGONALEMENT. adv. D’une manière diagonale. Diagonaliter. Quand les lignes se coupent diagonalement, elles marquent le centre de la figure.

☞ DIAGRAMME. s. m. Terme de l’ancienne Musique. Voyez Gamme.

DIAGRÈDE. s. m. Terme de Pharmacie, qui se dit de la scammonée préparée. Cette préparation se fait ordinairement en faisant cuire la scammonée dans un coin. D’autres lui font recevoir la vapeur du soufre allumé, d’où vient qu’ils l’appellent diagrède soufré, en Latin diagredium sulphuratum. Il y en a qui l’incorporent avec une quantité suffisante d’esprit de vitriol rosat, pour en faire une pâte liquide, qu’on met ensuite sécher au soleil, ou à petit feu : ils appellent cette préparation diagrède rosat. Le but qu’on a dans ces préparations, est de corriger la scammonée ; mais on prétend aujourd’hui qu’elle n’a rien qui demande d’être corrigé, & qu’on peut l’employer en son état naturel. C’est un très-bon purgatif. Le mot diagredium a été fait par corruption de διακρύδιον, petite larme.

DIAH, ou DIATH. Terme de Relation. C’est le nom que les Arabes donnent à la peine du talion. Mahomet porte la loi du talion en deux endroits de l’Alcoran, 1o, Surate II. intitulée La Vache, nombre 179. & 180. 2o. Surate V. La Table, n. 55. Il ne se sert pourtant point en ces endroits, ni en aucun autre, que je sache, du mot דוה, diah ; ce sont les Arabes qui l’ont donné à cette peine ; mais il emploie le mot עסאס Kasas, & permet que l’on demande ame pour ame, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent, comme Moise l’avoit permis dans la loi Judaïque. Il dit encore que l’on tuera un homme libre pour un homme libre, un esclave pour un esclave, une femme pour une femme. Mahomet convient pourtant dans la Ve Surate, n. 53, qu’il est mieux de pardonner une injure, que de la venger par la peine du talion ; car il dit que ce pardon sera, pour celui qui l’accordera, l’expiation de ses péchés, Voy. la Bibliothéque Orientale de d’Herbelot.

☞ DIAHEXAPLE. s. m. Nom d’un breuvage pour les chevaux, composé d’aristoloche, de racine de gentiane, de baies de genièvre & de laurier, de gouttes de myrrhe & de raclure d’ivoire. C’est un bon contre-poison.

DIAIRE. adj. f. Nom Latin qu’on donne à une espèce de fiévre, parce qu’elle ne dure qu’un jour. Diaria : on l’appelle autrement éphémère. Col de Villars.

DIALECTE. s. m. Langage particulier d’une Province, corrompu de la langue générale, ou principale du Royaume, ou de la nation. Dialectus, loquendi genus. Homère pouvoit parler dans un seul vers, cinq langues différentes ; c’est à-dire, cinq sortes de Dialecte ; le Dialecte Attique, Ionique, Eolique, Dorique, & la langue commune des Grecs. Cette bigarrure de Dialectes est desagréable ; & qui useroit du même privilége en François, feroit des vers ridicules. Le Champenois, le Picard, sont des Dialectes François. Le Boulonnois, le Bergamasque, sont des Dialectes Italiens.

On appele proprement Dialectes, les différences particulières qu’il y a encre les mots, relativement à la langue commune. C’est une manière particulière de parler, de prononcer certains mots, qui n’est pas la même que dans la langue principale. L’Idiotisme tombe sur une phrase entière, le Dialecte sur un mot.

On auroit tort de dire que le Gascon, le bas-Breton ; &c. sont des Dialectes François, parce que ce sont autant de langages particuliers, qui n’ont rien de commun avec la langue Françoise. Au reste ce mot n’est en usage parmi nous, qu’en parlant de la langue Grecque.

Le genre du mot de dialecte n’est point équivoque, ou incertain, c’est le masculin, on doit dire un dialecte, le dialecte. M. Ménage, M. Huet, M. l’Abbé Régnier, Scaliger, le Vayer, parlent ainsi ; l’Académie Françoise dans son Dictionnaire donne le genre masculin au mot de dialecte : c’en est plus qu’il ne faut pour l’emporter sur l’autorité de l’Abbé Danet, de Richelet, & de quelques autres, qui font ce nom de dialecte de genre féminin. La contraction n’est pas une raison pour faire un dialecte dif-