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DEV

J’ai . Je devrai. Je devrois. Que je doive. Que je dusse. Etre obligé envers quelqu’un à lui payer, soit argent, soit autre chose, à quelque titre que ce soit, par contrat, par obligation, &c. Debere. Il doit une somme d’argent qu’il ne pourra jamais payer. Il faut payer ce qu’on doit. Un tel me doit une rente. Vous me devez un setier de blé. Cet homme doit plus qu’il n’a vaillant. Térence a dit, animam debere.

Devoir se dit aussi en parlant des engagemens qui naissent des services, des bons offices qu’on a reçus de quelqu’un, & signifie, être redevable de quelque chose à quelqu’un. Acceptum aliquid alicui referre. Je vous dois la vie. On n’aime point à voir ceux à qui l’on doit trop, à qui l’on a de trop grandes obligations.

Je ne veux rien devoir à ceux qui m’ont fait naître :
Je suis assez connu sans les faire connoître. Corn.

Je devrai ma grandeur entière à mon courage. Id.

Pour moi, par une longue & triste expérience.
De cette illusion j’ai reconnu l’abus :
Je sais, sans me flatter d’une vaine apparence,
Que c’est à mes défauts que je dois mes vertus.

Devoir, signifie aussi être obligé à quelque chose par la Loi, par la coutume, par l’honnêteté, par la bienséance. Nous devons aimer Dieu de tout notre cœur. Un fils doit respect à son père. Un bon Citoyen doit obéissance aux Loix. Un Vassal doit hommage à son Seigneur. Un honnête homme doit tenir sa parole.

☞ On doit, il est nécessaire, il faut, dans une signification synonyme. La dernière de ces expressions, dit l’Abbé Girard, marque plus précisément une obligation de complaisance, de coutume, ou d’intérêt personnel. Il faut hurler avec les loups. Il faut suivre la mode. Il faut connoître avant que d’aimer.

☞ La seconde marque plus particulièrement une obligation essentielle & indispensable. Il est nécessaire d’aimer Dieu pour être sauvé, d’être complaisant pour plaire.

☞ La première est plus propre à désigner une obligation de raison ou de bienséance. On doit dans chaque chose s’en rapporter aux maîtres de l’art. On doit quelquefois éviter dans le public ce qui a du mérite dans le particulier.

☞ On se sert encore du verbe devoir 1o. Pour marquer qu’il y a quelque apparence qu’une chose est ou sera, comme quand on dit, à la vie que mène cet homme, il doit être bien riche. 2o. Pour marquer qu’une chose arrivera infailliblement, nécessairement. Tous les hommes doivent mourir. Debent corpora fato. 3o. On le dit de ce qu’on regarde comme probablement vrai, comme devant simplement arriver. On doit être bien en tel endroit. Il doit faire beau à la campagne. Mon correspondant doit avoir reçu ma lettre, ou doit la recevoir dans peu de jours.

4o. Il est d’usage pour marquer l’intention qu’on a de faire une chose. Comme quand je dis, je dois aller demain à la campagne. Je dois faire telle chose. Cras iturus sum, profecturus sum.

☞ On dit proverbialement, qu’un homme doit à Dieu & au monde, qu’il doit par-dessus la tête, qu’il doit plus d’argent qu’il n’est gros, qu’il doit au tiers & au quart, pour dire, qu’il est noyé de dettes. Ære alieno obrutus. On dit, Qui a terme, ne doit rien ; c’est-à-dire, qu’on ne lui peut rien demander alors ; que qui doit a tort ; pour dire, qu’il faut payer, ou être condamné aux dépens. On dit d’un homme qui fait grossièrement son devoir, qu’il semble que Dieu lui en doive de reste. On ne fait pas tout ce qu’on doit. Chose promise est due. Ce n’est pas tout que devoir, il faut payer. On dit aussi d’un valet qui s’amuse, qui est trop long-temps à faire un message, qu’il n’y a point d’huis qui ne lui doive un denier. Qui nous doit nous demande. Va où tu peux, mourir où tu dois. Acad. Fr.

Dû, ûe, part. Debitus.

. s. m. signifie la même chose que devoir, substantif. Munus, officium. Les Magistrats doivent bien s’acquitter du de leur charge.

, signifie aussi, la chose due. Res debita. Il faut prendre quelque hypothèque ou nantissement pour la sûreté de son . Ce créancier est des derniers, il perdra son . Style de Marchands ou de Palais.

DEUMENT. Voyez DUEMENT.

DEVOLE. s. f. Terme de jeu de cartes, qui se dit lorsqu’après avoir entrepris de faire jouer, on ne fait aucune levée. Il est opposé à vole, qui se dit quand on fait toutes les levées.

DÉVOLU, UE. adj. Ce qui est acquis par un droit de dévolution. Ce qui passe de l’un à l’autre. Devolutus. Ce droit est dévolu à la Couronne. Cette succession est dévolue à un tel par la mort d’un substitué.

Dévolu, se dit encore d’un droit acquis à un supérieur de conférer quelque Bénéfice, quand l’inférieur & Collateur ordinaire a négligé de le conférer, ou l’a conféré à une personne incapable. Jus devolutum beneficii conferendi tanquam si caducum foret. Quand un Patron a négligé de pourvoir à un Bénéfice dans les six mois, le droit est dévolu à l’Evêque, de-là au Primat, &c. Le Pape a conféré ce Bénéfice, parce que le droit lui étoit dévolu.

On dit aussi, en termes de Palais, ce procès est dévolu par appel à la Cour sur un déni de Justice, sur une sentence insoutenable. Jus devolutum dirimendæ, judicandæ causæ.

DÉVOLUT. s. m. Provision du Pape pour un Bénéfice qu’on lui expose être vacant par nullité de titre, ou incapacité de la personne du Titulaire qui le possède, & laquelle le rend impétrable, suivant les Canons. Collatio Beneficii a summo Pontifice facta, pro devoluto sibi illius conferendi jure, quia caducum est. Tout dévolut doit être exécuté dans l’année par la prise de possession, & l’instance poursuivie dans deux ans. On peut jeter un dévolut dans les trente ans pour cause de simonie. Les dévoluts ne s’obtiennent qu’en Cour de Rome. Le Collateur ordinaire peut conférer par dévolut, en cas que le Bénéfice soit vacant de plein droit par la nature du crime. La clause, aut alio quovis modo, est une clause de dévolut.

M. Ménage prétend qu’il faut écrire ce mot dévolu sans t à la fin, quand il est substantif. La plupart de nos Auteurs pratiquent le contraire, & écrivent dévolut : quoi qu’il en soit, on prononce dévolu, comme s’il n’y avoit point de t à la fin de ce mot.

DÉVOLUTAIRE. s. m. Celui qui est pourvu d’un Bénéfice par dévolut. Qui Beneficium ab eo impetravit, ad quem jus illud conferendi tanquam caducum devolutum est. Tout impétrant de dévolut, ou Dévolutaire, doit donner caution de cinq cens livres avant que d’être reçu à plaider.

DÉVOLUTIF, IVE. adj. Terme de Droit. Ce qui ôte la connoissance d’une affaire à un Tribunal, & la transporte à un autre. Devolvens, transferens, devolutivus, a, um. Tout appel interjeté a un effet suspensif, ou pour le moins dévolutif. L’appel d’une sentence portant censure n’a qu’un effet dévolutif, c’est-à-dire, que, par l’appel interjeté, la connoissance de la cause est dévolue au Tribunal du supérieur, auquel on a appelé ; mais l’appelant est obligé de se soumettre provisionnellement à la sentence qui le condamne, & dont il appelle. L’appel d’une sentence a ordinairement un effet dévolutif & suspensif. Il est dévolutif, parce qu’il porte pardevant le Juge supérieur la connoissance de l’affaire, pour savoir s’il a été bien ou mal jugé. Il est suspensif, parce qu’ordinairement l’appel suspend l’exécution de la sentence, excepté dans certain cas, esquels les sentences sont exécutoires, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, & sans préju-