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BAR

dailles la liberté tient de la main gauche une pique, & de la droite une barrette, ou bonnet qui a la figure d’un cône.

Ménage dit que tous ces mots viennent de birreta, diminutif de birrus, dont les latins ont usé pour une espèce de chapeau. D’autres disent qu’il signifie simplement un bonnet d’enfant, ainsi nommé, à cause qu’il est barré de passemens. C’étoit autrefois une coiffure fort serrée sur la tête, faite de toile fort fine, qui n’étoit d’abord portée que par les Papes. Depuis on donna ce nom au bonnet des Docteurs, & ensuite à diverses autres coiffures qui ont été en usage en Italie, qui étoient différentes du chapeau, comme témoigne la Crusca. C’est un diminutif de birrus, qui signifioit autrefois un habillement qui couvroit tout le corps, & non pas simplement un chapeau, comme dit Ménage. Voyez Birette.

On dit proverbialement, parler à la barrette de quelqu’un ; pour dire, le quereller, lui faire quelque reproche, quelque réprimande. Il signifie même battre, frotter les oreilles. Et moi je pourrois bien parler à ta barrette. Mol.

Barrette. C’est le nom du chapeau ailé de Mercure. La première syllabe de ce mot est brève. Les Antiquaires appellent plus communément ce chapeau Pétase ; mais quelques-uns le nomment Barrette. Le P. Joubert l’appelle de même dans sa Science des Médailles, p. 206.

☞ Les Horlogers appellent barrette, une très petite barre qu’on met dans le barrillet près du crochet du ressort, pour le maintenir joint contre la virole pour empêcher qu’il ne l’abandonne.

☞ Ils donnent aussi ce nom à de petites plaques posées sur l’une ou l’autre platine, & dans lesquelles roule le pivot d’une roue, au lieu de rouler dans le trou de la platine.

BARREUR. s. m. Terme de Vénerie. On dit un chien barreur ; c’est le meilleur pour le Chevreuil. Voyez Barrer, & Chien. Dans ce mot, & dans les suivans, l’a est long, & l’on ne prononce qu’un r.

BARRI. s. m. C’est le nom qu’on donne au cri de l’éléphant & du rhinocéros. Clamor. Quelques Auteurs Latins ont appelé un éléphant Barrus, & entr’autres Festus & Pierre Damien.

Barri. Ce mot en langage toulousain signifie Fauxbourg ; & en langage provençal, muraille d’une ville, que du Bartas appelle Barrailles en ses Poëmes gascons. Les anciens actes latins faits dans ces pays appellent un fauxbourg barrium, & un acte fait en Espagne Varrium. Le bourg est distingué des Barris, ou fauxbourgs, dans un acte de l’an 1210. Catel. Hist. de Langued. L. II. p. 130.

Ce mot vient apparemment de celui de barre, parce que les fauxbourgs sont aux barres ou portes des villes.

BARRICADE. s. f. Défense & fortification, ou retranchement que l’on fait à la hâte avec des chaînes, des barriques, des charrettes, poutres, arbres abattus, pour garder quelque passage, & arrêter l’ennemi. Munitio è doliis in aditu viarum. Faire attaquer, forcer, enfoncer, rompre une barricade. On en fait aussi derrière la porte d’une chambre, en la fermant avec des verrous, des barres, des coffres, &c. Les barricades de la Ligue ; celles de la guerre de la Fronde faites à Paris au mois d’Août en 1648.

Barricades, sont aussi des arbres taillés à six faces, traversés de bâtons longs d’une demi-pique, ferrés au bout, qu’on met dans les passages ou brèches, pour retarder tant la Cavalerie que l’Infanterie.

BARRICADER. v. a. Fermer les avenues, les passages avec des barricades. Viæ alicujus fauces obductis doliis occludere. On sonna l’alarme & on barricada toutes les rues. Barricader une porte, c’est mettre derrière tout ce qu’on peut pour empêcher qu’on ne l’enfonce.

Barricader, se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, & signifie se fortifier dans un lieu, & empêcher les gens d’y entrer, en opposant quelque chose qui retienne ceux qui nous y veulent forcer. Objectis obicibus munire se. En un mot, se barricader se dit de tous les efforts que l’on peut faire, pour n’être point pris dans le lieu où l’on s’est retiré. Ils s’étoient bien barricadés par dedans. Nous nous barricadâmes dans le poste que nous venions de prendre, de crainte que l’ennemi ne nous vînt attaquer. On dit aussi, se barricader dans une maison. Mol. ☞ Opposer au-devant de soi tout ce que l’on peut pour se mettre à couvert, pour se défendre : & figurément quand un homme s’enferme dans sa chambre, pour ne voir personne, on dit qu’il s’y est barricadé.

BARRICADÉ, ÉE. part.

BARRIER. s. m. Prononcez barier, terme de monnoie. C’est l’ouvrier qui tourne la barre d’un balancier, qui sert à monnoyer les flans d’or & d’argent. Il y a plusieurs barriers qui font tourner le balancier. On dit aussi tireur de Barre. Libramenti motor. Boizard.

BARRIERE, s. f. L’a est long. ☞ C’est en général un assemblage de planches servant à fermer un passage, à l’entrée d’une ville, ou ailleurs. Obex, repagulum, portæ cataracta. Elle est faite de plusieurs grosses pièces de bois, fichées en terre à hauteur d’homme, à travers desquelles passent des solives, & au milieu il y a une barre de bois qui est mobile, qui s’ouvre & qui se ferme quand on veut.

Ce mot vient de barreria, ou barrera qu’on a dit dans la basse latinité en la même signification. On en met aussi dans les cours des grandes maisons, pour empêcher que les carrosses n’approchent trop près des murs, & ne les gâtent, & en tous les lieux où l’on veut empêcher le passage aux chevaux & aux carrosses.

☞ Ce mot s’applique dans plusieurs villes du Royaume, particulièrement à Paris, aux lieux où les Fermiers Généraux ont des bureaux établis pour recevoir les droits qui sont dûs pour les différens objets de consommation qu’on fait entrer dans la ville.

Barrière, en manège, petit parc fermé de semblable façon, où l’on faisoit des joutes, des tournois, des courses de bague. Carceres. Les anciens Chevaliers faisoient autrefois plusieurs combats de barrière. Sitôt qu’un cheval de bague a franchi la barrière, il court de toute sa force. ☞ On le dit de même de l’endroit où l’on donne le combat du taureau.

Barrière des Sergens, est un pavillon, ou une espèce de boutique où se tiennent les Sergens pour attendre la pratique. Apparitorum officina. Autrefois ils se tenoient sur la barrière qui étoit à la porte de l’Hôtel Seigneurial où l’on rendoit la justice, & ils en étoient comme les gardes. Depuis on leur a permis de bâtir un petit logement un peu plus loin, pour écrire plus commodément leurs exploits : ce logement a retenu le nom de barrière.

Les Romains établissoient en certains lieux de leurs villes des corps-de-garde d’Huissiers, ou Sergens, qu’ils nommoient Stationarii, parce qu’ils étoient obligés de demeurer continuellement un certain nombre dans ces postes, pour être toujours prêts d’apaiser les querelles, ou émotions populaires, d’arrêter les coupables, & de se rendre aux mandemens des Magistrats & des Officiers de police. Nos Ancêtres prirent cet usage des Romains. Ce sont aujourd’hui nos barrières des Sergens, dont le nombre a été augmenté à Paris en différens temps, jusqu’à quatorze, à proportion de l’accroissement de la Ville. Il n’y a aucune de ces Barrières dont l’établissement ne soit connu, ou par des lettres patentes, ou par des Arrêts du Parlement, excepté trois établies aux deux portes de la Cité, aujourd’hui le grand & le petit Châtelet, & à la porte Baudets. D’où l’on conclut que ces trois corps-de-garde avoient été établis dès le temps des Romains, aux trois principales portes de la ville, & que la garde leur en étoit commise. Nous les avons nommés Barrière, du mot Barra de la basse latinité, par ce que ces premières furent établies proche des portes de la Ville, où il y avoit des barrières pour arrêter ceux qui auroient entrepris de troubler la tranquillité publique. Du Cange au mot Barra. Barra dicuntur præsertim repagula accepta, quæ ad munimenta Oppidorum & Castrorum, vel ad eorum introitus ac portas, ponuntur, ne inconsultis custodibus in eas